Témoignage du Dr Renato Buzzonetti, médecin personnel de Jean-Paul II

Dans une interview à L’Osservatore Romano

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ROME, Mercredi 19 mai 2010 (ZENIT.org) – « Quand Karol Wojtyla fut élu pape le 16 octobre 1978, il semblait que cet homme vigoureux et infatigable n’aurait jamais eu besoin de médecins. Tout changea le 13 mai 1981 : les projectiles ne le tuèrent pas mais affaiblirent considérablement sa santé de fer », affirme L’Osservatore Romano, dans son édition des 17-18 mai.

Le médecin personnel du pape polonais de son élection jusqu’à sa mort (1978-2005), le docteur Renato Buzzonetti, a accordé une interview au quotidien du Saint-Siège dans laquelle il évoque sa mission de « veiller sur l’état de santé » de Jean-Paul II.

Evoquant la manière dont il est devenu médecin personnel du pape polonais, il raconte : « Dans l’après-midi du 29 décembre 1978, alors que je travaillais à l’hôpital Saint-Camille, je reçus un coup de téléphone surprise de Mgr John Magee, du secrétariat particulier du Saint-Père, qui me demandait de venir ». A mon arrivée, « je fus introduit dans un petit salon et peu après, à ma grande surprise, Jean-Paul II arriva accompagné de deux médecins polonais. Il me fit asseoir autour d’une table et me dit qu’il voulait me nommer médecin personnel. (…) Le lendemain, j’écrivis à son secrétaire particulier Mgr Stanislaw Dziwisz, que j’acceptais ».

Le docteur Buzzonetti évoque des relations « empreintes de grande simplicité » avec Jean-Paul II. « De mon côté, il y a toujours eu une sincérité filiale et respectueuse et de la part du pape une confiance affectueuse qui se manifestait avec une grande sobriété de gestes et de mots ».

Jean-Paul II était un « patient docile, attentif, désireux de connaître la cause de ses maux légers ou graves, mais sans la curiosité exaspérée, bien que compréhensible, de certains malades », raconte-t-il encore. Il « n’a jamais montré de moments de découragement face à la souffrance à laquelle il a fait face avec courage ».

Selon le médecin italien, Jean-Paul II « vivait une union intime avec le Seigneur, faite de prières et de contemplation continue ». « Il avait une foi d’acier et une âme dans laquelle se mêlaient le romantisme polonais et le mysticisme slave. Il avait une intelligence pénétrante, une capacité de décision rapide et synthétique, une mémoire sûre et surtout, une capacité évangélique d’aimer, de partager et de pardonner ».

Dans cette interview, le docteur Buzzonetti évoque aussi les derniers moments de Jean-Paul II, la « douleur physique » mais surtout « morale et spirituelle d’un homme en croix qui acceptait tout avec courage et patience : il n’a jamais demandé de calmants, pas même durant la phase finale ». « C’était avant tout la douleur d’un homme bloqué, cloué dans un lit ou dans un fauteuil, qui avait perdu son autonomie physique ».

Vers la fin de sa vie, Jean-Paul II ne pouvait plus rien faire seul : « il ne pouvait pas marcher, il ne pouvait pas parler si ce n’est d’une voix faible et éteinte, sa respiration était devenue fatiguée et entrecoupée, il se nourrissait de plus en plus difficilement ».

« Comme ils étaient loin ces mémorables rassemblements internationaux de la jeunesse, les grands discours aux assemblées mondiales, les randonnées en montagne, les vacances sur les pistes de ski, les fatigantes visites pastorales aux paroisses de Cracovie et de Rome », se rappelle le docteur Buzzonetti.

Et pourtant, « quand vint l’heure de la croix », le pape polonais « sut l’embrasser sans hésitation ».

Le médecin personnel de Jean-Paul II pendant plus de 25 ans évoque aussi les escapades secrètes du pape hors du Vatican et auxquelles il a participé : « Durant les premières années, il s’agissait de sorties à la montagne ou à la mer, près de Rome, qui comportaient de longues marches à pied ou beaucoup d’heures de ski. Avec l’âge, les trajets à pied se firent plus brefs et les excursions, après le transfert en voiture, se concluaient par une longue pause à l’ombre d’une tente face à des points de vue apaisants, au pied des cimes souvent enneigées et avec un déjeuner dans le sac ».

Il raconte enfin ces fins de journée, avant de reprendre la route vers Rome. « Le pape aimait écouter des chants de montagne entonnés par sa petite suite, auxquels se joignaient les gendarmes du Vatican et les policiers italiens de l’escorte, et il me revenait de diriger ce chœur de manière improvisée, sous l’œil amusé de Jean-Paul II », conclut-il.

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ZENIT Staff

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