ROME, Mardi 7 décembre 2010 (ZENIT.org) – Le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone sera demain, 8 décembre, à Macerata, ville natale du jésuite Matteo Ricci (1552-1610) à l’occasion des célébrations du IVe centenaire de la mort du grand ami de la Chine, où il a passé 28 ans de sa vie.
Le cardinal Bertone sera accueilli par l’évêque de Macerata-Tolentino-Recanati-Cingoli-Treia, Mgr Claudio Giuliodori.
La visite du cardinal salésien marque également les 120 ans de la fondation à Macerata de l’Institut salésien « San Giuseppe ». Le cardinal Bertone y sera accueilli par le directeur de l’Institut, le P. Dalmazio Maggi.
En mai 2009, le pape a adressé un message à Mgr Giuliodori, pour marquer le IVe centenaire de Matteo Ricci. Le pape y souligne notamment l’importance de l’œuvre du grand jésuite pour aujourd’hui, dans le dialogue de raison entre les cultures et pour l’inculturation de l’Evangile.
« Matteo Ricci, écrit le pape, était doté d’une foi profonde et d’un génie culturel et scientifique extraordinaire. Il a passé de longues années de son existence à tisser un dialogue profitable entre l’Occident et l’Orient, en menant, en même temps, une action incisive d’enracinement de l’Evangile dans la culture du grand peuple de Chine. Son exemple est encore aujourd’hui un modèle de rencontre entre les civilisations européenne et chinoise ».
Benoît XVI salue en lui « un ministre de l’Eglise obéissant » et « un messager de l’Evangile du Christ intrépide et intelligent ».
« En parcourant son intense activité scientifique et spirituelle, on est frappé par sa capacité innovante et particulière de s’approcher, dans un respect total, des traditions culturelles et spirituelles chinoises », écrit-il.
« Cette attitude a caractérisé sa mission tendant à rechercher une harmonie possible entre la civilisation chinoise noble et millénaire et la nouveauté chrétienne, ferment de libération et d’un authentique renouvellement de toute société, parce que l’Evangile est un message universel de salut destiné à tous les hommes quel que soit le contexte culturel et religieux auquel ils appartiennent. Son apostolat a été aussi rendu original et, pourrait-on dire prophétique, par la profonde sympathie qu’il nourrissait pour les Chinois, pour leur histoire, pour leur culture et leurs traditions religieuses », poursuit-il.
Son « Traité sur l’amitié » (De amicitia Jiaoyoulun) « remporta un large succès dés sa première édition à Nankin en 1595 ». Le pape y voit un « modèle de dialogue et de respect pour les croyances d’autrui ». Car le P. Ricci « a fait de l’amitié le style de son apostolat ».
Le P. Ricci, souligne encore le pape, a ainsi mis en pratique « une méthodologie, si l’on peut dire, scientifique, et une stratégie pastorale fondées d’une part sur le respect des sains usages du lieu, que les néophytes chinois ne devaient pas abandonner en embrassant la foi chrétienne, et d’autre part sur la conscience que la Révélation pouvait les mettre encore plus en valeur et les compléter… Il a imposé ce prévoyant travail d’inculturation du christianisme en Chine, en recherchant une constante entente avec les savants de ce pays ».
En 2007, à l’occasion d’un colloque organisé à Macerata, Benoît XVI avait déjà souligné que le P. Matteo Ricci a été un « précurseur » du lien d’amitié entre la Chine et le christianisme.
La cause de béatification de Matteo Ricci a été relancée. Elle s’est conclue au niveau diocésain en 1984 et les dossiers ont été envoyés à Rome, mais la mort du postulateur, Mgr Otello Gentili, a ensuite empêché la cause de poursuivre son chemin. Maintenant, des nouveaux documents vont être intégrés aux dossiers déjà existant : entre 15 et 20 témoignages relatifs à la « renommée de sainteté ».
Le nouveau postulateur, le P. Anton Witwer, a repris le dossier et le complète par la reconstitution de la commission historique et le tribunal pour recueillir les nouveaux témoignages : quelque fait prodigieux pourrait éventuellement susciter une enquête spécifique.
Anita S. Bourdin