Le cardinal Robert Sarah, président du Conseil pontifical « Cor Unum », rend hommage au cardinal Béninois Bernardin Gantin (1922-2008) qui a su donner l’exemple pour « une participation du monde chrétien à la culture et à la politique en tant que forme principale de service pour l’amélioration de la société et le bien-être spirituel de l’homme ».
Le cardinal Gantin a été « le premier cardinal d’origine africaine à être placé à la tête d’un dicastère au Vatican », rappelle-t-il en donnant une biographie de ce dernier.
Le cardinal Sarah a participé à la présentation d’une nouvelle Chaire de socialisation politique en Afrique, dédiée au cardinal Bernardin Gantin, au sein de l’Aire internationale de recherche de l’Université pontificale du Latran, ce matin, 23 mai 2013, au Vatican.
M. Thomas Boni Yayi, président de la république du Bénin, Mgr. Patrick Valdrini, recteur de l’Université, et le Prof. Martin Nkafu Nkemnkia, directeur du département des sciences humaines et sociales – Etudes africaines de l’Université, ont également participé à la présentation.
Le cardinal Sarah a souhaité que la nouvelle Chaire devienne « le début d’une réflexion sur la politique en contexte africain » et « une préparation des futurs responsables de la société africaine de demain, selon les orientations de la Doctrine sociale de l’Eglise ».
Intervention du card. Sarah
J’ai l’honneur et le privilège de vous présenter la figure de mon regretté frère dans l’épiscopat, Son Eminence le sardinal Bernardin Gantin dans cette prestigieuse salle de presse du Saint-Siège.
D’abord sa naissance:
Bernard Gantin voit le jour le 8 mai 1922 dans l’actuel Bénin (Afrique de l’Ouest) et rejoint la Maison du Père, le 13 mai 2008 à Paris.
Fils d’un ouvrier de chemin de fer, il fit ses études de théologie et de philosophie au Séminaire de Ouidah au Bénin. Le 14 janvier 1951, il est ordonné prêtre à Lomé par l’Archevêque de Cotonou, Mgr Louis Parisot, avec lequel il devient un des plus proches collaborateurs. A partir de 1953, il poursuivit ses études de Missiologie à l’Université Pontificale Urbanienne et aussi à l’Université Pontificale du Latran où il obtint sa licence en Théologie et en Droit canonique.
En ce qui concerne son ministère pastoral
Le 11 décembre 1956, il fut nommé Evêque titulaire de Tipasa en Mauritanie et auxiliaire de Cotonou. Son sacre eut lieu le 3 février 1957 à la chapelle du Collège de la Propaganda fidei par le cardinal Eugène Tisserant, et retourna ensuite dans son diocèse d’origine. Le 5 janvier 1960, à la démission de Mgr Parisot pour motif de santé, il fut nommé archevêque métropolitain de Cotonou.
Il fut aussi élu président de la Conférence épiscopale locale. Il prit part à toutes les sessions du Concile Vatican II et à la première Assemblée ordinaire du synode mondial des évêques en 1967. Le 5 mars 1971 il fut nommé Secrétaire adjoint de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples et quitta le gouvernement de son diocèse.
En 1975, il fut nommé vice-président de la Commission pontificale Iustitia e Pax, et en devint président le 5 décembre 1976. Et vice-président du Conseil pontifical Cor Unum duquel devint président à partir du 4 septembre 1978. Dans le consistoire du 27 juin 1977, il fut créé cardinal diacre du Sacré Cœur du Christ Roi par le pape Paul VI. Elu cardinal prêtre après l’élévation de la diaconie pro illa vice le 25 juin 1984, il devint cardinal évêque de Palestrina le 29 septembre 1986.
Lors des deux conclaves de 1978, son nom était cité parmi les papables.
Il quitta ses précédentes charges le 8 avril 1984 lorsqu’il fut nommé Préfet de la Congrégation pour les évêques. Il fut le premier cardinal d’origine africaine à être placé à la tête d’un dicastère au Vatican.
Le 5 juin 1993, il fut élu Doyen du Collège cardinalice et reçut aussi le titre de l’Eglise suburbicaire d’Ostie. Le 25 juin 1998, après avoir atteint la limite d’âge de 75 ans, il démissionna de la charge de Préfet. Le 8 mai 2002, à 80 ans, n’étant plus qualifié pour être cardinal électeur, préféra démissionner de sa charge de doyen du Collège cardinalice (30 novembre 2002) et retourna au Bénin. Il a maintenu son titre de Doyen émérite jusqu’à sa mort.
Le 13 mai 2008, 5 jours après avoir fêté ses 86 ans, il s’éteint à Paris où il était hospitalisé.
Aujourd’hui, le 23 mai 2013, l’Université pontificale du Latran, dédie une Chaire en son nom pour ce que sa vie a représenté pour le peuple du Bénin, pour l’Eglise en Afrique et pour l’Eglise Universelle. Un modèle de chrétien en communion avec le Successeur de Saint Pierre apôtre : l’évêque de Rome.
Aussi pour sa contribution, exprimée tant au niveau pastoral, et aussi comme sollicitation à une participation du monde chrétien à la culture et à la politique en tant que forme principale de service pour l’amélioration de la société et le bien-être spirituel de l’homme.
Lors de la sainte messe célébrée en sa mémoire le 23 mai 2008, 10 jours après sa disparition par le saint Père Benoit XVI, lui a rendu le témoignage suivant :
« Sa personnalité, humaine et sacerdotale, constituait une synthèse merveilleuse des caractéristiques de l’âme africaine et celles de l’esprit chrétien proprement dit, de la culture et de l’identité africaines, et des valeurs évangéliques. Il a été le premier homme d’Eglise d’Afrique à avoir occupé de très hautes responsabilités au sein de la Curie romaine, et les a exercées avec son style humble et simple, dont le secret est à rechercher dans les sages paroles que sa maman lui avait voulu dire le jour qu’il devint Cardinal, le 27 juin 1977 : « N’oublie jamais le lointain et petit village d’où nous provenons ».
Beaucoup de souvenirs personnels me lient à notre frère, en partant de lorsque nous reçûmes la barrette cardinalice des mains du Vénéré Serviteur de Dieu, le pape Paul VI, il y a presque 31 ans. Ensemble, nous avons collaboré ici à la Curie romaine, avec des contacts fréquents, qui m’ont permis d’apprécier toujours plus sa sagesse prudente, sa solide foi et son attachement sincère à Christ et à son Vicaire sur la terre, le pape. Cinquante-sept ans de sacerdoce, cinquante un ans d’épiscopat et trente et un de cardinalat : voici la synthèse d’une vie dépensée pour l’Eglise ».
Avec ce témoignage du pape Benoit XVI, je conclus cette présentation de la figure du cardinal Gantin en souhaitant que la Chaire : Socialisation Politique en Afrique, qui lui est dédiée, puisse être le début d’une réflexion sur la politique en contexte africain et une préparation des futurs responsables de la société africaine de demain, selon les orientations de la Doctrine sociale de l’Eglise.
Synthèse de son ministère
Succession des charges :
– Evêque titulaire de Tipasa de Mauritanie : 11 décembre 1956 – 5 janvier 1960.
– Archevêque de Cotonou : 5 janvier – 28 juin 1971
– Président du Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix : 15 décembre 1976 – 8 avril 1984
– Cardinal Diacre et prêtre du Sacré-Cœur de Christ-Roi : 27 juin 1977 – 29 septembre 1986
– Président du Conseil Pontifical Cor Unum : 4 septembre 1978 – 8 avril 1984
– Préfet de la Congrégation pour les Evêques : 8 avril 1984 – 25 juin 1998
– Président de la Commission Pontificale de l’Amérique Latine : 8 avril 1984 – 25 juin 1998
– Cardinal-Evêque de Palestrina: 29 septembre 1986 – 13 mai 2008
– Cardinal-Evêque d’Ostie : 5 juin 1993 – 30 novembre 2002
– Doyen du Collège Cardinalice : 5 juin 1993 – 30 novembre 2002
– 23 mai 2013 : Est titulaire de la Chaire Socialisation politique en Afrique de l’Univers
ité Pontificale du Latran-Cité du Vatican.