Une fillette ex-otage des FARC rencontrera le pape

Espérances de l’Amérique latine, par l’ambassadeur Velasquez

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ROME, mercredi 23 novembre 2011 (ZENIT.org) – Une fillette de Colombie qui a été otage des rebelles des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), puis a été libérée au bout de 18 jours, rencontrera Benoît XVI le 12 décembre, au début de la messe célébrée aux intentions de l’Amérique latine, à l’occasion de la fête de Notre-Dame de Guadalupe.

Nohora Valentina Muñoz, 10 ans, a en effet été choisie pour porter le drapeau de son pays, comme symbole de l’espérance des nouvelles générations d’Amérique latine.

L’ambassadeur de Colombie près le Saint-Siège, M. César Mauricio Velásquez, a annoncé la nouvelle au cours de cet entretien accordé à Zenit le 18 novembre, peu après son arrivée à l’aéroport de Fiumicino.

Il confie également vouloir promouvoir la cause de béatification du premier évêque de Arauca, Mgr Jesús Emilio Jaramillo Monsalve, missionnaire de Yarumal (M.X.Y.), lui-même enlevé et assassiné par les rebelles de l’ELN (Armée de libération nationale), le 1er octobre 1989, à l’âge de 73 ans. Sa cause de béatification a été ouverte en 1999. Il repose en la cathédrale Santa Barbara de Arauca.

Zenit – Qu’est-il arrivé à Nohora Valentina Muñoz ?

M. Velásquez – Nohora Muñoz est la cadette des deux filles de Jorge Muñoz, maire de Fortul, dans le département d’Arauca. Elle a été enlevée le 29 septembre dernier, par les terroristes des FARC, alors qu’elle se rendait au collège avec sa mère, Pilar Gutiérrez, qui fut d’abord enlevée elle aussi puis remise en liberté à la sortie de la localité.

Comment Nohora a-t-elle été libérée ?

Elle a été libérée au bout de 18 jours de détention, et après de nombreuses médiations, y compris celle de Benoît XVI qui a prié pour sa libération et celle de toutes les personnes enlevées, et pour la conversion de ceux qui la retenaient captive.

Pourquoi enlever une fillette et non pas une personnalité politique ou influente ?

En Colombie, cela faisait des années qu’il n’y avait pas eu d’enlèvement d’enfant, qui hélas ont ainsi recommencé. Cette région a été très troublée par des groupes de narco-terroristes, en particulier par l’ELN. Certains estiment que l’enlèvement de Nohora avec pour but l’extorsion, mais on ne le sait pas avec certitude.

Benoît XVI a prié et il a demandé la libération de la fillette ?

La communication verbale de la secrétairerie d’Etat parlait de la prière du Saint-Père qui demandait que les ravisseurs respectent la vie de la fillette et la remettent en liberté, la prompte libération des autres personnes enlevées et la conversion de ceux qui se trouvent dans les chemins obscurs de la délinquance et de la terreur. D’autre part, l’Eglise de Colombie, de sa propre initiative, a offert à la famille sa médiation auprès du groupe terroriste pour la libération de la fillette.

Aujourd’hui, l’Eglise fait-elle oeuvre de médiation auprès des narco-trafficants ou des terroristes ?

La présence historique et le prestige de l’Eglise auprès de la population colombienne a conduit à un travail pastoral avec tous les secteurs de la délinquance qui existe en Colombie. Souvent, par l’intermédiaire de la Commission de réconciliation nationale de l’Eglise, on a obtenu la libération de personnes enlevées, la cessation d’attaques terroristes, et un heureux dénouement de tristes histoires de délinquance. Et aussi le rapprochement entre le gouvernement et la guérilla. Parfois avec des éléments de l’ELN ou des FARC.

L’Eglise continue-t-elle cette œuvre de médiation ?

Actuellement, le président Juan Manuel Santos a voulu centraliser les médiations directement sous sa responsabilité : aucune autre personne ou institution n’est autorisée à avoir des contacts dans ce sens. Mais l’Eglise a des contacts pastoraux, strictement pastoraux, à travers les paroisses. L’Eglise est là, elle l’a toujours été, dans le malheur et le bonheur, aux côtés de la population qui souffre.

Donc, vous confirmez que Nohora rencontrera Benoît XVI ?

J’ai eu l’occasion de rendre visite à la petite fille chez elle, et j’ai encouragé sa famille à venir à la grande fête du 12 décembre. Elle viendra avec toute sa famille et ils seront logés dans la maison de l’ambassadeur. Nous voulons que la fillette porte le drapeau de la Colombie, avant la célébration eucharistique, à Saint-Pierre.

Pourquoi elle ?

Parce qu’elle est un symbole de la nouvelle génération colombienne qui a souffert des enlèvements et qui, malgré cela, représente une espérance de paix pour les générations à venir.

Et sa famille ?

Son père est le maire de la ville. Ses parents sont des travailleurs, reflet de la classe moyenne d’une petite ville, d’environ 5000 habitants. Une ville qui a beaucoup souffert de la violence : ces vingt dernières années, elle a eu 19 curés, dont deux ont été assassinés. Dans les années quatre-vingt, l’évêque d’Arauca, Mgr Jaramillo, a été enlevé par l’ELN et assassiné parce qu’il prêchait la Parole de Dieu, la liberté, la rationalité. Je voudrais promouvoir la cause de béatification de Mgr Jaramillo et je veux rassembler plus de données sur les curés

Ce sont des faits peu connus…

Dans beaucoup de pays du monde, on ne parle pas beaucoup des prêtres assassinés pour avoir défendu la vérité ou leur communauté, mais si l’on découvre un délit, on déchaîne un scandale médiatique et l’on cherche à généraliser le problème. Il faut rappeler au monde qu’en Colombie il y a dans l’Eglise des prêtres martyrs qui sont morts pour avoir défendu la Parole, pour avoir dénoncé les délinquants, la drogue et la violence.

Quel rôle le prochain voyage de Benoît XVI en Amérique latine peut-il jouer dans le processus de paix ?

L’Amérique latine, qui est aussi appelée « continent de l’espérance », nourrit de grandes espérances, notamment, que le voyage du pape consolide les processus de paix et de réconciliation et apporte des fruits de stabilité culturelle et économique. Et spécialement dans les pays qui souffrent des fléaux des drogues, du terrorisme, et de la délinquance dans les grandes villes. Le pape proposera des alternatives pour fortifier la famille, le respect de la personne humaine et la justice sociale. Cela suppose de créer des emplois, surtout pour les jeunes, de façon à leur offrir des possibilités et pour qu’ils ne finissent pas dans la délinquance ou la drogue.

Propos recueillis par H. Sergio Mora
Traduction A. Sanchez Bourdin

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ZENIT Staff

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