Pakistan : De nombreux chrétiens détenus injustement

La situation d’Asia Bibi se dégrade mais elle pardonne

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ROME, vendredi 23 décembre 2011 (ZENIT.org) –  Au Pakistan, les conditions physiques et psychologiques d’Asia Bibi, la chrétienne condamnée à mort pour blasphème présumé, ne cessent de se dégrader. Mais elle déclare pardonner à ses accusateurs. A l’approche de Noël, les médias relaient l’inquiétude internationale sur sa situation. Une situation dramatique qui concerne également de nombreux autres chrétiens pakistanais oubliés.

Paul Bhatti, ministre du Pakistan pour l’harmonie religieuse, a voulu dénoncer cet état de fait, au micro de Radio Vatican.

Asia Bibi, chrétienne pakistanaise, âgée de 46 ans, mère de cinq enfants, est en prison depuis le 9 juin 2010. Elle a été vue, dernièrement, très affaiblie, pouvant à peine tenir debout, et psychologiquement fragile. La date de son exécution n’a pas encore été arrêtée par la Haute Cour de Lahore.

« Nous suivons le cas d’Asia Bibi depuis que je suis ministre », affirme-t-il. Mais il ne faut pas oublier qu’elle n’est pas seule, souhaite-t-il rappeler : « L’autre jour, je suis allé en prison pour voir aussi d’autres détenus : ils sont si nombreux dans la même situation, voire pire! »

La lutte doit aussi « aider ces personnes », souligne le ministre. « Nous avons orienté nos enquêtes et nos demandes pour les suivre d’un point de vue autant psychologique que médical. » Et selon Paul Bhatti, « il a été garanti que ce sera fait ».

M. Bhatti appelle les chrétiens qui sont « loin de ces souffrances de leurs frères du Pakistan » : « nous avons besoin de leurs prières ».

Mais le ministre insiste également, à plusieurs reprises, sur le besoin « de dons, d’aides concrètes et de solidarité ». « Nous avons ici trois problèmes prioritaires à affronter, explique-t-il : l’analphabétisme, la pauvreté et l’intolérance religieuse. Nous avons besoin d’aides concrètes qui nous permettent de faire quelques chose, afin que ces personnes puissent étudier davantage, trouver du travail » et participer à « une meilleure tolérance religieuse ».

Il a y a cependant « des signaux d’amélioration », reconnaît le ministre : « il y a une espérance (…) il y a des personnes qui veulent collaborer, qui veulent essayer de changer les choses. »

Pour aider les détenus chrétiens oubliés, Paul Bhatti a formé une association d’avocats bénévoles « pour tous les chrétiens et les personnes qui appartiennent à d’autres minorités, qui ont subi une injustice » et ne peuvent défendre leur cause faute de moyens pour payer un avocat.

Paul Bhatti préside par ailleurs l’Alliance des minorités du Pakistan, « qui a des représentants dans chacune des quatre provinces du pays. » Ils œuvrent, a précisé le ministre « soit au niveau provincial, soit dans les petites villes et les petits villages » : « Dès qu’il se passe quelque chose, l’un de nos représentants s’y rend, suit l’affaire et puis nous – au niveau central – faisons tout ce qu’il est possible de faire. »

Enfin, une fondation a été créée sous le nom du défunt frère du ministre, Shahbaz Bhatti, – ministre chrétien très engagé, assassiné en mars 2011 – « pour améliorer l’éducation ».

Asia Bibi, interrogée par Asianews le 20 décembre 2011, s’est elle aussi préoccupée des autres : « Tant d’autres frères et sœurs sont si injustement accusés, et seront maltraités, insultés… comme cela m’est arrivé ».

« Je continue de prier et jeûner pour ma famille » a-t-elle affirmé, « et j’espère qu’un jour je serai libre », désirant plus que tout « être avec ma famille ». Elle a demandé aux chrétiens, en ce sens, de continuer à prier pour elle.

« J’ai pardonné aux personnes qui m’ont accusée de blasphème », a-t-elle dit par ailleurs. « C’est un chapitre de ma vie que j’aimerais clore et oublier ».

Anne Kurian

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ZENIT Staff

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