Sainte Jeanne Beretta Molla : une femme de notre temps

Vivre le carême en compagnie d’un saint, par le P. Lelièvre

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Rome, le 20 janvier (ZENIT.org) – Sainte Jeanne Beretta Molla « est profondément une femme de notre temps », explique le père Hubert Lelièvre dans cet entretien accordé à ZENIT. Canonisée par Jean-Paul II en 2004, elle a offert sa vie pour sauver l’enfant qu’elle portait. Un thème d’actualité étant donné la Marche pour la vie organisée à Paris ce dimanche 22 janvier.
Femme, épouse, mère, médecin, Jeanne est particulièrement proche des familles qui désirent un enfant, des jeunes filles et des fiancés, des femmes enceintes en difficulté, « qu’elles soient catholiques ou non, elles trouvent en sainte Jeanne une grande sœur, une confidente », et du personnel soignant au service de la vie.
Cette année, l’Evangile de la Vie propose de mettre à son école pour vivre le carême – qui commence le 22 février -, avec un outil concret : le livret de carême. Un thème d’actualité étant donné la Marche pour la vie organisée à Paris ce dimanche 22 janvier.

Zenit – Père Lelièvre vous avez fondé la Famille Missionnaire « L’Evangile de la Vie » et vous participez à la Marche pour la Vie de dimanche à Paris. Dans quel esprit?

P. Hubert Lelièvre – La Marche pour la Vie au fur et à mesure des années forme, forge une génération nouvelle en faveur de la vie, pour l’accueillir, la protéger, en prendre sa défense face des agressions et attentats multiples envers nos frères et sœurs en humanité les plus vulnérables depuis le sein maternel jusqu’à la personne au soir de sa vie sur la terre. Comment ne pas nous réjouir que ce peuple pour la vie, cette immense Famille pour la vie, aime se retrouver chaque année plus nombreux, pour donner un témoignage joyeux dans les rues de Paris, et en même temps, ils sont décidés, par leur engagement, à ce que la nouvelle saison de la vie dont on voit déjà des fruits, puisse gagner des cœurs. Apaiser et réconcilier des cœurs blessés. Ouvrir des cœurs à la beauté et à l’utilité de chaque vie humaine. C’est dans cet esprit que la Famille Missionnaire l’Évangile de la Vie participe depuis des années à la Marche, l’encourage.

Vous publiez un « livret de carême » à l’école de Jeanne Beretta Molla. Pourquoi un livret de carême?

Parce que le carême est un moment propice pour écouter Dieu parler dans le secret de nos cœurs, dans le secret du cœur d’une famille qui prie ou d’une paroisse qui se réunit pour prier, adorer ou se confesser. Depuis bientôt 10 ans, l’Évangile de la Vie propose de vivre le carême à l’école d’un saint ou d’une sainte. Après le bienheureux Charles de Foucauld, puis saint Philippe Néri, nous le ferons cette année avec sainte Jeanne. Et, en 2013, avec sœur Faustine.
Vivre le carême en compagnie d’un saint, en découvrant ou en redécouvrant sa vie, nous prépare à mieux entrer dans la joie de Pâques. Pour nous y aider, nous avons besoin d’un outil concret. C’est l’idée du livret de carême.

Pourquoi Jeanne Beretta Molla ?

Pour plusieurs raisons. Le 28 avril prochain, l’Eglise fêtera le cinquantième anniversaire de la mort de sainte Jeanne. Jean-Paul II parle d’elle dans l’encyclique « Evangelium Vitae », du 25 mars 1995. Il avait lu le livre écrit par mon frère Thierry sur la vie de Jeanne, paru aux Editions Téqui. Il s’en est inspiré pour préparer l’homélie de la béatification, le 24 avril 1994. Proclamée sainte le 16 mai 2004, Jeanne est aussi la dernière personne canonisée par Jean Paul II. Enfin, le Jubilé de Jeanne Beretta Molla, célébré en cette année 2012, est un anniversaire particulièrement important, à quelques semaines de la Rencontre mondiale des familles qui se tiendra à Milan, en présence de Benoît XVI. Plus d’un million de personnes y sont attendues, dont au moins 50 000 Français.
Sainte Jeanne est l’une des protectrices de la Famille missionnaire l’Evangile de la Vie, depuis sa fondation en 1995. Nous la prions chaque jour pour les familles, spécialement là où l’enfant tarde à venir. Le journal de l’Evangile de la Vie donne régulièrement le témoignage des grâces reçues par son intercession.
Jeanne apporte la présence d’une femme, épouse, mère et médecin. Nous en avons tellement besoin ! Malgré les 50 ans qui nous séparent de l’offrande qu’elle a faite de sa vie, Jeanne est profondément une femme de notre temps.

Que signifie sa canonisation pour notre temps ?

Jeanne est d’abord une présence pour les jeunes filles appelées à découvrir, à travers leur éducation, au cours de leur adolescence, puis de leur jeunesse, leur vocation future d’épouse et de mère. C’est une mission qui se prépare.
Elle est aussi un cadeau pour les fiancés de notre époque : lire les lettres qu’elle a échangées avec son fiancé est un vrai bonheur. On sent chez eux tant d’amour et de joie dans ce temps d’attente pendant lequel ils s’apprêtent à se dire leur grand oui ! Il se dégage de leurs lettres une telle délicatesse, une telle attention !
Ensuite, dans le contexte actuel où s’exercent tant de pressions sur les femmes enceintes qui connaissent ou qui risquent de rencontrer de graves difficultés, Jeanne offre sa présence humble et forte à travers son amour de la vie, un amour capable d’aller jusqu’au don de sa propre vie pour accueillir celle d’un enfant. En septembre 1961, lorsqu’elle attendait son quatrième enfant, Jeanne-Emmanuelle, un cancer s’est déclaré. On imagine sa souffrance et ses questionnements. Etant pédiatre, elle savait ce qui pouvait arriver. En plein accord avec son époux, elle a toujours donné la priorité au plus vulnérable, à l’enfant qu’elle portait en son sein, sans pour autant négliger de se soigner elle-même. Aujourd’hui, Jeanne accompagne de nombreuses mamans dans le secret de leur cœur, les aidant à tenir jusqu’au bout et à aimer l’enfant qui vit en elles, cet enfant qui offrira à ses parents son premier sourire, pour leur dire son premier merci !
J’ai souvent parlé d’elle à des femmes, parfois très jeunes, qui attendaient un enfant. Qu’elles soient catholiques ou non, elles trouvent en sainte Jeanne une grande sœur, une confidente.
Enfin, Jeanne est une présence pour le personnel soignant, aidant chacun à protéger la vie, concrètement et courageusement, depuis la conception jusqu’à son terme naturel.

Comment peut-elle nous aider?

Comme tous les saints, Jeanne peut nous aider en nous accompagnant sur le chemin de la sainteté à laquelle nous sommes appelés par notre baptême. Elle aimait sa paroisse, les jeunes de l’action catholique qu’elle y formait. Elle était passionnée de montagne, amoureuse de la nature, dans laquelle elle reconnaissait le doigt de Dieu. Médecin pédiatre, elle était attentive à chaque enfant, se donnant sans ménager ses efforts pour que la guérison l’emporte. Elle a vécu la joie du oui dit à Dieu chaque jour, simplement mais entièrement. C’est peut-être cela, le secret de sa vie.

Comment l’avez-vous découverte? Avez-vous rencontré ses enfants?

J’ai personnellement assisté de très près à la béatification de Jeanne, le 24 avril 1994. C’était le dimanche du Bon Pasteur. Jeanne a été béatifiée en même temps qu’une autre mère de famille, romaine, Elisabeth Canori Mora, déclarée bienheureuse pour être restée fidèle à son mari alors que celui-ci l’avait abandonnée. J’ai eu l’occasion de saluer le mari de Jeanne et sa fille Jeanne-Emmanuelle. Depuis, nous sommes restés en lien. Mon frère, qui appartenait à la famille de Jeanne, a salué le Saint-Père après la messe.
A la maison de l’Évangile de la Vie, nous avons vécu deux journées merveilleuses, les 22 et 23 octobre 2011, grâce à la présence de Jeanne-Emmanuelle, venue témoigner de sa mère. Je lui avais demandé de venir, il y a 10 ans ; j’ai attendu toutes ces années. Il y
avait une immense joie spirituelle parmi les 180 personnes présentes. Nous n’oublierons jamais la présence humble, joyeuse et toute simple de Jeanne-Emmanuelle qui a répété plusieurs fois « Si je suis en vie aujourd’hui, je le dois au sacrifice de ma sainte maman ».

Que diriez-vous de son mari ?

Son cher mari, Pietro, a quitté ce monde, le 3 avril 2010, à l’âge de 98 ans. Il est parti saintement. Je suis personnellement convaincu qu’il sera aussi canonisé un jour. Il laisse sa présence paternelle, empreinte d’un amour fidèle envers son épouse, de bienveillance dans la formation et l’éducation de ses enfants à la fidélité à l’Evangile et à l’Eglise, vécue au quotidien. La prière en famille, la messe quotidienne ont été au cœur de leur vie, ainsi que l’attention aux autres et la formation de la conscience. Ils avaient fait le choix d’une vie simple et vraie.

Que proposez-vous de concret pour ce Jubilé de cette autre sainte Jeanne ?

– prier et faire prier les enfants, pour les familles où l’enfant tarde à venir
– pour ceux qui le peuvent, se rendre à Milan les 2 et 3 juin pour ce temps avec Benoît XVI, qui s’annonce inoubliable. Jeanne-Emmanuelle y témoignera de sa mère.
– diffuser le livret de carême de l’Evangile de la Vie autour de soi : familles, paroisses, mouvements, aumôneries, hôpitaux… (http://www.evangelium-vitae.org/)
– offrir la vie de sainte Jeanne aux fiancés, aux médecins, aux infirmières, aux étudiants (http://www.librairietequi.com/A-2438-sainte-jeanne-beretta-molla.aspx)
– organiser, dans nos paroisses, une veillée de prière pour la famille autour de sainte Jeanne, pendant le carême ou au printemps
– fêter tout particulièrement nos mamans cette année
– prier et soutenir le personnel soignant… et les jeunes qui se préparent à le devenir.
– diffuser l’image avec la prière de sainte Jeanne, réalisée par l’Evangile de la Vie pour ce Jubilé, la joindre à un faire-part de naissance, de mariage, la distribuer dans les rues le jour de la fête des mères. C’est cela l’évangélisation durable ! (http://www.evangelium-vitae.org/)

Propos recueillis par Anita Bourdin, avec Hélène Ginabat

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ZENIT Staff

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