“La petite dame de 97 ans qui prie est une puissance!” Cette puissance est chantée par Giorgio La Pira (1904-1977), ancien maire de Florence, en Italie, et dont le procès de béatification est en cours: il est né il y aura 110 ans le 9 janvier prochain. C’était un ami des pauvres, de la prière et de la paix.
L’Osservatore Romano du 31 décembre lui consacre un article en rappelant la fameuse “Messe des pauvres” qu’il avait inventée et à laquelle il convoquait tout le monde.
Après la messe, rapporte Nino Giordano, il exhortait tout le monde à prier, en mêlant avec amour fraternel la Bible, les saints de la semaine, et les faits les plus importants: “Vous, monsieur, vous êtes occupé? Vous, monsieur le maire? Vous, le travailleur? Et personne ne comprend que la chose la plus importante c’est de prier. Quand vous avez besoin d’eau, il faut que vous alliez en prendre. Qu’est-ce que c’est que la prière? C’est l’eau! (…) Le champ ne fleurit pas s’il n’y a pas d’eau. Avec de l’eau, la terre fleurit. Avec la prière, l’âme fleurit. La prière c’est un coup de rame. Une petite dame de 97 ans qui prie est une puissance! C’est comme l’arbre. Sans racines, il ne grandit pas. (..) La prière est ainsi, c’est l’âme du christianisme. La prière sanctifie l’âme et lui donne une force divine. Il faut un peu de silence et prier. Puis, quoi que vous demandiez à Dieu, Dieu vous le donne. Ce qui compte, c’est que dans votre coeur il y ait le Seigneur, qui veut que tu lui parles.”
Le professeur La Pira a été député en 1946 : il a joué au Parlement un rôle majeur. En 1948, il a été Secrétaire d’État, mais il a démissionné un an plus tard. Il a ensuite été maire de Florence (Toscane) de 1950 à 1956 et de 1960 à 1964.
En 1960, il a adressé une lettre au pape Jean XXIII, qui a son tour l’a voulu au concile Vatican II.
Il était tertiaire dominicain, mais non sans une fibre franciscaine: il a aussi fait partie d’un institut franciscain. De saint François, il souligne l’appel à paix. Grâce au “saint-maire”, la ville de Florence est alors devenue un centre pour la Paix où se rencontraient des maires du monde entier: il a beaucoup voyagé, tissant des relations aussi avec d’autres confessions religieuses.
De saint François, il raconte ceci, avec, au coeur, un enseignement sur la paix que publie aussi L’Osservatore Romano en italien du 31 décembre: “Lorsqu’il était à la Portioncule, la Vierge Marie est apparue à saint François et elle lui demanda: “Que veux-tu?” “Je veux que tous ceux qui passeront par ici aient ton pardon”. A l’époque de la guerre (nous sommes à l’époque de la Ve croisade, 1218-1221), saint François débarqua à Alexandrie, justement en pleine guerre. Il alla trouver le sultan et il lui dit: “Voilà, convertissez-vous!” Le sultan ressentit de la sympathie pour saint François et il lui dit: “Voyez, seigneur François, je ne peux pas me convertir au christianisme. Mais vous et vos frères vous pouvez aller où vous voulez”. Il alla en Terre Sainte, et dans toute la Palestine, puis il partit pour l’Alverne, et l’ange Gabriel lui apparut. Il reçut les stigmates. Nous devons prier pour la paix, non comme ceux qui disent paix et ensuite lancent une bombe. Rappelez-vous: c’est la paix qui construit et c’est l’amour qui reconstruit”.
Il appartenait à cette génération qui a connu les deux Guerres mondiales, l’Occupation, les déportations, l’horreur de la Shoah et la Guerre froide.
Son procès diocésain de canonisation a commencé en 1986 et il s’est achevé en 2005. Sa cause est maintenant entre les mains de la Congrégation romaine pour les causes des saints qui a validé l’enquête diocésaine en 2007.