« Je me rendais compte qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire », confie Mgr Xuereb, un an après la renonciation de Benoît XVI (28 février) et l’élection du pape François (13 mars 2013) dont il est le secrétaire.
Mgr Alfred Xuereb, nommé récemment Secrétaire général du Secrétariat pour l’Economie de la Secrétairerie d’Etat, se remémore « ces moments particuliers qui resteront dans l’histoire », au micro de Radio Vatican.
De Benoît XVI au pape François
Celui qui était le second secrétaire de Benoît XVI et qui est resté auprès de lui jusqu’au 15 mars 2013, à Castelgandolfo, évoque avec émotion son départ : « Le moment de la séparation a été un moment très bouleversant, car j’ai eu la chance de vivre pendant cinq ans et demi avec lui. Je ne savais pas quel jour je devais faire mes valises, cela s’est passé précipitamment car le pape François n’avait pas de secrétaire pour l’aider. Ce matin-là, je suis allé plusieurs fois à la chapelle pour être éclairé car mon esprit était un peu confus. Mais j’avais la nette sensation d’être conduit par En-haut et je me rendais compte qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire. Je suis entré dans le bureau de Benoît XVI en pleurant, avec un nœud à la gorge, j’ai essayé de lui dire combien j’étais triste et combien il était difficile de me séparer de lui… Et lui, avec son regard de paternité, de tendresse, comme il sait le faire, il s’est levé et m’a béni. »
Il se souvient aussi de sa première rencontre avec le pape François : « il m’a fait entrer dans son bureau, m’a accueilli avec sa cordialité désormais bien connue, et il m’a fait aussi une plaisanterie… Il avait en main une lettre et il m’a dit d’un ton sérieux : “Ah, mais il y a un problème, quelqu’un ne m’a pas très bien parlé de toi !”. Je suis resté muet, puis j’ai compris qu’il se référait à la lettre que Benoît XVI lui avait envoyée pour l’informer qu’il pouvait m’appeler à son service, et dans laquelle Benoît XVI avait eu la bonté de souligner mes qualités. Puis le pape François m’a invité à m’asseoir sur le canapé et il s’est assis sur une chaise à côté de moi. Il m’a demandé – avec beaucoup de fraternité – de l’aider dans sa lourde charge. »
Le pape François, curé du monde
Pour Mgr Xuereb, le pape François est tel « un missionnaire qui part, va chez les indigènes pour leur faire connaître l’Évangile, qui appelle à lui la foule qui se sent égarée, pour la ramener au cœur de l’Évangile ».
« Il est devenu – pour ainsi dire – le curé du monde et il encourage tous ceux qui se sont éloignés de l’Église à revenir avec la certitude qu’ils y trouveront leur place. Les prêtres voient quotidiennement de nombreuses personnes revenir à la Confession par l’encouragement du pape François », ajoute-t-il.
Il souligne son « attention spéciale pour les malades, car il voit en eux le corps du Christ souffrant. Il en oublie complètement ses maladies : dans les premiers mois de son pontificat, il souffrait d’une sciatique. Les médecins lui avaient conseillé d’éviter de se pencher mais devant les malades en fauteuil roulant, il se penchait sur eux et faisait sentir sa proximité en dépit de sa douleur ».
Le pape François, poursuit-il, « ne perd pas une seule minute. Il travaille inlassablement. Quand il sent le besoin de prendre un moment de pause, il ne ferme pas les yeux : il s’assied et prie le chapelet. Je pense qu’il prie au moins trois chapelets par jour. Il me dit : “cela m’aide à me détendre”. Puis il reprend le travail. Il reçoit une personne après l’autre : le personnel de la conciergerie de Sainte-Marthe en est témoin. Il écoute avec attention et a une capacité extraordinaire de se souvenir de ce qu’il entend et ce qu’il voit. Il se consacre à la méditation tôt, le matin, en préparant aussi l’homélie de la messe. Puis il écrit des lettres, téléphone, salue le personnel qu’il rencontre et s’informe sur leurs familles. »
Une présence qui enrichit le pontificat
Mgr Xuereb se dit « touché par sa détermination » : « une conviction qui lui vient d’En haut, car il cherche l’inspiration de Dieu dans la prière. Par exemple, il a décidé de visiter Lampedusa car dans la chapelle il lui venait continuellement cette idée : aller en personne rencontrer ces naufragés et pleurer sur les morts. Il a été sûr que Dieu le voulait et il l’a fait même s’il n’y avait pas beaucoup de temps pour préparer. Il a la même méthode pour choisir ses collaborateurs. »
Il évoque les relations entre le pape François et Benoît XVI : « le pape François a tout de suite vu la présence de Benoît XVI comme un don inestimable, semblable à cet évêque sage à peine élu, qui trouve un sage soutien dans son évêque émérite. C’est une présence qui enrichit le pontificat du pape François. »
Au quotidien, confie Mgr Xuereb, « je trouve une grande aide dans le témoignage lumineux de confiance en Dieu de Benoît XVI, qui chaque fois qu’il se trouvait devant une situation difficile aimait à nous encourager en disant : “Le Seigneur nous aidera” » mais aussi dans « le soutien humain et spirituel, dans la prière, que le pape François me donne ».