« Vous avez eu un père et une mère : pensez à eux. Pleurez un peu, et convertissez-vous »: c’est l’exhortation du pape François aux criminels des organisations mafieuses, au terme de sa rencontre avec quelque mille personnes représentant les familles des victimes innocentes de la criminalité organisée qu’il a rencontrées à l’occasion du rendez-vous annuel organisée par l’association « Libera » de don Luigi Ciotti, le 21 mars en l’église San Gregorio VII de Rome.
Voici notre traduction intégrale des paroles du pape, prononcées lentement, sur un ton très grave.
Paroles du pape François à l’association « Libera »
Chers frères et sœurs,
Merci d’avoir fait à Rome cette étape qui me donne la possibilité de vous rencontrer avant la veillée et la « Journée de la mémoire et du travail » que vous vivrez ce soir et demain à Latina. Je remercie le Père Luigi Ciotti et ses collaborateurs, de même que les Pères Franciscains de cette paroisse. Je salue aussi l’évêque de Latina, Mgr Crociata, ici présent. Merci, Excellence.
Je ressens le désir de partager avec vous l’espérance que voici : que le sens de la responsabilité l’emportera peu à peu sur la corruption, dans toutes les parties du monde … Et cela doit partir de l’intérieur, de la conscience et de là assainir, assainir les comportements, les relations, les choix, le tissu social. Ainsi la justice gagne de l’espace, s’élargit, s’enracine et prend la place de l’injustice. Je sais que vous ressentez fortement cette espérance, et je veux la partager avec vous, vous dire que je vous serai proche aussi bien cette nuit que demain, à Latina – même si je ne pourrai venir physiquement, mais je serai avec vous sur ce chemin qui requiert ténacité et persévérance.
Je veux particulier exprimer ma solidarité à tous ceux qui parmi vous ont perdu une personne chère, victime de la violence mafieuse. Grâce à votre témoignage, parce que vous ne vous êtes pas enfermés, mais vous vous êtes ouverts, vous êtes sortis, pour raconter votre histoire de douleurs et d’espérance. C’est tellement important, spécialement pour les jeunes !
Je voudrais prier avec vous – je le fais de tout cœur – pour toutes les victimes des mafias. Ainsi, il y a quelques jours, à côté de Tarente, il y a eu un crime sans pitié, pas même pour un enfant. Mais maintenant, prions ensemble, avec tous, pour demander d’avoir la force d’aller de l’avant, de ne pas se décourager, mais de continuer à lutter contre la corruption.
Et je sens aujourd’hui que je ne peux pas finir sans dire un mot aux grands absents, aux protagonistes absents : aux hommes et aux femmes de la mafia. S’il vous plait, changez de vie, cessez de faire le mal ! Nous prions pour vous. Convertissez-vous, je vous en prie à genoux ; pour votre bien. Cette vie que vous vivez en ce moment, ne vous donnera pas de plaisir, ne vous donnera pas la joie, ne vous donnera pas le bonheur. Le pouvoir, l’argent que vous avez maintenant, de tant d’affaires sales, de tant de crimes mafieux, c’est de l’argent ensanglanté, du pouvoir ensanglanté, vous ne pourrez pas l’emporter dans l’autre vie. Convertissez-vous, il est encore temps, afin de ne pas finir en enfer. C’est cela qui vous attend si vous continuez sur ce chemin. Vous avez eu un père et une mère : pensez à eux. Pleurez un peu et convertissez-vous.
Prions ensemble notre Mère Marie pour qu’elle nous aide : Ave Maria …..
Traduction d’Hugues de Warren