Le pape François a reçu en audience privée, samedi matin, 22 mars, au Vatican le président du Parlement du Vietnam, M. Nguyen Sinh Hung et une délégation de quatorze personnes, dont quatre femmes: une visite qui s’inscrit, commente Radio Vatican, « dans un climat de relative détente entre le Saint-Siège et le Vietnam ». C’est le quatrième personnage politique du Vietnam.
Le président du Parlement a offert au pape une représentation miniature du « Temple de la littérature », monument symbole de la capitale Hanoi ou « sanctuaire du Prince propagateur des Lettres », considéré comme la première université du pays.
Et l’on se souvient que, le 22 février dernier, une délégation gouvernementale vietnamienne de cinq membres, conduite par Duong Ngoc Tân, vice-directeur du Bureau gouvernemental des Affaires religieuses, a participé au consistoire pour la création de 19 nouveaux cardinaux, en la basilique Saint-Pierre, pour honorer le secrétaire d’Etat, le cardinal Pietro Parolin.
Sur le terrain, « la situation de nombreuses communautés reste difficile », continue la même source, mais « la communion de la minorité catholique avec Rome est désormais acceptée par les autorités, notamment à travers les visites d’un nonce apostolique, non résident pour le moment ».
Régis Anouil, rédacteur en chef d’Eglises d’Asie, l’agence des Missions étrangères de Paris, souligne au micro de Radio Vatican – Cyprien Viet – que « les choses s’améliorent petit à petit » : « Il y a une dynamique qui est déjà enclenchée depuis un certain temps qui tient bien sûr à la personne du cardinal Parolin qui suit les affaires vietnamiennes, qui a négocié avec le gouvernement vietnamien tout au long de ces dix dernières années. C’est quelqu’un qui connait très bien le dossier. Outre ce facteur personnel, ce dossier qui était bloqué pendant de longues années a commencé à avancer puisqu’un représentant non-résident du Saint-Siège a été nommé par le Vietnam en la personne du nonce apostolique qui est à Singapour. Mgr Leopoldo Girelli se rend très régulièrement plusieurs fois par an au Vietnam où il visite l’ensemble des diocèses les uns après les autres. Si ses premières visites ont été plus ou moins limitées, aujourd’hui, sa liberté de mouvement est à peu près entière. Donc, il y a effectivement une réelle avancée sur le front des relations qu’on ne peut pas encore qualifier de diplomatiques mais de plus en plus établies entre le Saint-Siège et le Vietnam. »
Il ajoute que l’Eglise du Vietnam est « unie » : « L’Église n’a pas été divisée comme en Chine et c’est ce qui rend la situation très différente. Aujourd’hui, la situation s’est beaucoup améliorée mais elle n’est pas satisfaisante pour autant. Le rapport américain sur la liberté religieuse dans le monde a pointé un certain nombre de limitations très importantes exercées sur l’ensemble des religions et pas que sur l’Église catholique. Donc, la situation reste difficile sur l’ensemble des droits de l’homme, même si l’on est plus dans des persécutions ouvertes. »
Quelles limites ? « l’Église peut vivre et s’organiser de manière autonome et libre, dans la mesure où elle organise ses séminaires, la vie religieuse et la vie des diocèses. Néanmoins, il est toujours impossible pour l’Église d’avoir une présence dans le domaine social, éducatif, caritatif alors que cette Église est assez importante au Vietnam puisqu’elle représente au moins 7% de la population vietnamienne. »
« La foi des Vietnamiens et des catholiques vietnamiens est très forte, explique encore Régis Anouil. L’Église est un foyer de résistance, non pas de la résistance politique mais de résistance intellectuelle, spirituelle à la mise en place du communisme dans ce pays. Donc, l’Église est en effet extrêmement soudée et l’appartenance des catholiques à l’Église, leur lien, leur sentiment d’appartenance est très fort. La pratique religieuse est très importante et de donner un fils ou une fille pour l’Église, lorsqu’on est dans un pays très confucéen, on est dans le cadre où ce sont les parents qui donnent en partie un enfant à l’Église même s’il y a un discernement des vocations sur place. On est dans ce cadre culturel-là. Il faudra voir si dans les années à venir, les choses ne bougeront pas dans la mesure où le catholicisme au Vietnam est en train de connaître une mutation. Elle était très largement rurale et organisée autour des villages entièrement chrétiens. Aujourd’hui, du fait de l’exode rural et l’essor urbain, on connait un phénomène d’expansion du catholicisme dans les villes mais qui doit s’organiser différemment de cet esprit de résistance qui caractérisait le clocher catholique au Vietnam. Donc, il y a une nouvelle forme de présence à trouver dans la société, auprès des universités, auprès de la société civile, auprès de ces ensembles urbains considérables qui se développent à Saigon, à Ho Chi Minh mais également à Hanoi et dans les autres grandes villes du pays. »
Pour en savoir plus, on peut lire la dépêche d’Eglises d’asie, ici.