Pour la première fois, trois des œuvres du peintre connu sous le nom d’El Greco quittent l’Espagne et sont exposées à Rome, comme prémices de l’Année Sainte.
L’exposition a été installée pendant le mois de septembre dans l’église de Sainte-Agnès-en-Agone. Les œuvres du peintre, de nationalité grecque mais qui s’est installé en Espagne sous le règne de Philippe II, au XVIe siècle, sont exposées pour la première fois en Italie. Mgr Rino Fisichella, pro-préfet du Dicastère pour l’évangélisation, a déclaré lors de l’inauguration : « Ce Jubilé a pour but de promouvoir de la beauté et de porter un message d’espérance là où elle n’est encore qu’en gestation. Certaines expositions se feront dans les prisons, dans les hôpitaux, dans des lieux où nous devons porter, par l’espérance, une grande consolation expression de réconfort fort et la capacité à regarder l’avenir avec courage ».
Les œuvres du peintre sont exposées dans la basilique de Sainte-Agnès-en-Agone, un bâtiment érigé à l’endroit où ce saint a été martyrisé : le cirque de Domitien, l’actuelle Piazza Navona. L’église a été conçue par Francesco Borromini avec la façade concave. Sainte Agnès est née en 291 à Rome et est morte décapitée par l’épée lors de la persécution de Dioclétien en 304.
Deux des œuvres de Domínikos Theotokópoulos, surnommé El Greco lors de son séjour à Rome et en Espagne, proviennent de Tolède : l’une d’entre elles représente la Sainte Famille avec Sainte Anne et l’autre le Baptême du Christ, ce tableau venant de l’hôpital de Tavera. La troisième œuvre, Le Christ embrassant la Croix, appartient à la paroisse d’une petite ville de La Mancha, El Bonillo. Outre Mgr Fisichella, l’exposition a été préparée par le recteur de la basilique, Mgr Paolo Schiavon ainsi que par l’ambassadrice d’Espagne près le Saint-Siège, María del Carmen de la Peña Corcuera, et le commissaire de l’exposition, Don Alessio Geretti.
La phrase emblématique du programme, « Le Jubilé est culture », montre que « le Jubilé est une expérience de foi, mais aussi une expérience culturelle : en un sens, lorsqu’il vient à Rome, devient aussi un touriste, curieux et chercheur de beauté ». C’est dans cette perspective qu’il s’agit de donner à voir la beauté pendant l’Année Sainte par des expositions riches de sens : prisons et hôpitaux, pour porter l’espérance aux personnes qui en ont besoin ».
Mgr Rino Fisichella explique : « Le Jubilé est vraiment et avant tout une expérience religieuse, mais, comme nous l’a dit le pape François, il a non seulement une valeur spirituelle, mais aussi une valeur sociale. C’est pourquoi l’exposition prépare le Jubilé. N’oublions pas, surtout, que les œuvres exposées sont celles d’un grand artiste, également considéré comme un représentant de la mystique du XVIe siècle. Il s’agit donc bien d’une expérience culturelle, mais aussi, d’une profonde expérience de foi ».
Don Alessio Geretti souligne la richesse de l’exposition d’El Greco : « Quand on regarde ses œuvres de la fin du XVIe ou du début du XVIIe siècle, comme ces trois tableaux exposés ici, on a l’impression qu’elles ont quelque chose de Cézanne pour les arrière-plans, de Kirchner pour les figures allongées, ou encore de Kandinsky pour la conception de la couleur perçue comme un événement qui génère en nous des résonances spirituelles ». Et il conclut : « Le Greco peignait en mettant – sciemment – la matière, la lumière, la couleur et la forme au service de l’esprit. Il avait déclaré que pour lui l’art était un moment de révélation et non un divertissement pour les sens. Puisque nous allons ouvrir des portes, geste classique pour initier un Jubilé, remplaçons les portes des églises par des œuvres d’art, comme pour rappeler que celles-ci sont des portes grandes ouvertes entre le visible et l’invisible, entre le matériel et le spirituel. »