Mgr Oscar Arnulfo Romero y Galdamez (1917-1980), ancien archevêque de San Salvador (Salvador) sera bienheureux: le pape François a validé ce mardi matin, 3 février, le décret de la Congrégation pour les causes des saints reconnaissant son martyre, le 24 mars 1980, et celui de trois autres martyrs du Pérou. C’est justement aujourd’hui l’anniversaire de la naissance, à Ciudad Barrios, de l’évêque martyr: il aurait 98 ans.
Le pape a confirmé la publication de 3 décrets de ce dicastère romain en recevant ce 3 février au Vatican le préfet de la Congrégation, le cardinal Angelo Amato, sdb.
Jean-Paul II lui avait décerné le titre de « serviteur de Dieu » et il avait voulu qu’il soit cité lors du Grand Jubilé parmi les martyrs du XXe s. célébrés au cours d’une cérémonie oecuménique au Colisée, le 17 mai 2000. Le pape François confirme aujourd’hui canoniquement, après l’enquête rigoureuse prévue par le droit canon, le geste de Jean-Paul II.
Le martyr manifeste sa liberté face aux pouvoirs pervertis. Dans un sermon prononcé la vieille de son assassinat, il apparaît comme un modèle pour les objecteurs de conscience: « un soldat n’est pas pas obligé d’obéir à un ordre qui va contre la loi de Dieu », disait-il dans cette homélie.
Les prises de position de l’archevêque, sa dénonciation des crimes, enlèvements et assassinats menés par l’armée salvadorienne et les escadrons de la mort, le faisaient redouter par le pouvoir.
Le 23 mars 1980, dans son sermon, en la basilique du Sacré-Cœur, et face aux exactions de l’armée, il avait lancé ce vigoureux appel à la conscience des soldats : « Un soldat n’est pas pas obligé d’obéir à un ordre qui va contre la loi de Dieu. Une loi immorale, personne ne doit la respecter. Il est temps de revenir à votre conscience et d’obéir à votre conscience plutôt qu’à l’ordre du péché. Au nom de Dieu, au nom de ce peuple souffrant, dont les lamentations montent jusqu’au ciel et sont chaque jour plus fortes, je vous prie, je vous supplie, je vous l’ordonne, au nom de Dieu : Arrêtez la répression ! »
Le lendemain, pendant la messe qu’il célébrait dans la chapelle de l’hôpital de la Divine-Providence, au moment de l’homélie, un coup de fusil l’atteignit en pleine poitrine : il mourra quelques minutes après.
Le 24 mars 2010, lors du trentième anniversaire de la mort d’Oscar Romero, le président salvadorien Mauricio Funes a présenté au nom de l’État des excuses officielles pour son assassinat, en présence de la famille de l’évêque, des représentants de l’Église, du Corps diplomatique et des représentants du gouvernement, en disant: « Malheureusement ceux qui ont perpétré cet assassinat ont agi avec la protection, la collaboration ou la participation d’agents de l’État. » Depuis 2014, l’aéroport de San Salvador porte son nom.
Cette béatification aura une dimension oecuménique: Oscar Romero est honoré notamment par la Communion anglicane. Il est l’un des dix martyrs du XXe s. représentés par les statues placées au-dessus de la grande porte ouest de l’abbaye de Westminster, à Londres, parmi lesquels Martin Luther King, Maximilien Kolbe et Dietrich Bonhoeffer.