En Thaïlande, « les pratiquants de toutes les religions veulent marcher la main dans la main », affirme Mgr François-Xavier Kriengsak Kovithavanij, archevêque de Bangkok, dans un long entretien avec Églises d’Asie (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris, publié le 9 février.
Il est l’un des vingt nouveaux cardinaux qui seront créés par le pape François samedi prochain, 14 février 2015.
L’archevêque évoque notamment le dialogue interreligieux qui est « important depuis le Concile Vatican II » en Thaïlande, où il existe « une très bonne collaboration interreligieuse entre les fidèles des différentes religions ».
« Si vous examinez les textes sacrés de toutes les religions, vous trouverez une phrase similaire à celle qui se trouve dans nos textes chrétiens : « Faites aux autres ce que vous voudriez que les autres vous fassent et ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas que l’on vous fasse. » Cette phrase présente dans les écritures sacrées de toutes les religions, nous l’appelons la « règle d’or ». Et les fidèles de toutes les religions essaient de mettre cela en pratique. C’est le point de rencontre des pratiquants de toutes les religions. Ils veulent marcher la main dans la main », affirme-t-il.
Bien qu’elle représente une minorité (0,5% de la population à majorité bouddhiste), l’Église catholique thaïlandaise a une position importante dans le secteur de l’éducation : « L’Église considère que l’éducation est très importante pour le bien de la société. Car si nous pouvons apporter une éducation aux jeunes, ils vont grandir avec ces valeurs enracinées dans leur cœur, et je pense que cela peut être un moyen de changer la société. »
Inspiré par l’exemple des missionnaires des Missions Etrangères de Paris (MEP) qui ont fondé « des écoles dans les zones reculées, dans la forêt et les villages » et qui « y dispensent gratuitement un enseignement », l’archevêque « essaie aussi de travailler dans cette direction, de façon à ce que les gens dans les régions éloignées aient la possibilité de donner une éducation à leurs enfants ».
« Mais il y a beaucoup plus à faire », souligne-t-il en appelant de ses vœu une collaboration « avec d’autres institutions ».
Mgr Kriengsak Kovithavanij exprime aussi son souci pastoral des minorités montagnardes du nord, où divers groupes ethniques mais aussi des réfugiés venant notamment du Myanmar, vivent dans la misère : « ils manquent de presque tout ».
« Nous avons ouverts 14 centres de formation en collaboration avec les missionnaires MEP et avec l’aide de nombreux amis à l’étranger, pour les gens du Myanmar, de manière à ce qu’ils puissent trouver du travail », explique-t-il.
L’archevêque donne aussi sa vision de l’évangélisation : « Pour évangéliser, nous devons commencer par être des témoins… En 350 ans, le nombre de chrétiens n’a pas beaucoup augmenté. Peut-être n’avons-nous pas assez joué le rôle de témoin pour dire que Dieu n’était pas seulement pour nous mais aussi pour tous nos frères. Nous devons sans doute plus travailler. »
« La seconde chose est d’établir et d’entretenir le dialogue entre les catholiques, entre les chrétiens de différentes dénominations et avec les fidèles des autres religions », ajoute-t-il.