La diplomatie vaticane est "un moyen d'atteindre les périphéries"

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Par le card. Parolin

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La diplomatie vaticane est pour le pape « un moyen d’atteindre les périphéries ecclésiales et les périphéries de la famille humaine », affirme le cardinal Parolin.

Le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin est intervenu à l’Université pontificale grégorienne à l’occasion du « Dies Academicus » – journée d’étude annuelle toutes disciplines confondues – organisé sur le thème de « La paix : don de Dieu, responsabilité humaine, engagement chrétien », le 11 mars 2015.

« L’activité diplomatique du Saint-Siège au service de la paix » : c’était le thème du « cours magistral » du cardinal, qui a rappelé d’emblée que la paix était à la fois « don de Dieu et fruit de l’action humaine », faisant donc appel à « la responsabilité » des peuples.

Des comportements concrets et cohérents pour la paix

« Il ne suffit pas d’aspirer à la paix, de même qu’il ne suffit pas d’avoir l’intention d’agir en faveur de la paix : il faut des comportements concrets et cohérents, des actions ciblées et, surtout, la pleine conscience que nous sommes tous « constructeur de paix » (Mt 5,6) dans notre monde – petit ou grand – quotidien, et dans nos différentes tâches, charges et fonctions », a-t-il insisté.

Dans la « mosaïque d’événements actuels » du monde, « l’action diplomatique du Saint-Siège ne se contente pas d’observer ce qui se passe ou d’en évaluer la portée et ne peut pas non plus n’être qu’une voix critique », a précisé le cardinal : « Elle est appelée à agir pour faciliter la cohabitation entre les différentes nations, pour promouvoir la fraternité entre les peuples, la véritable coopération… la solidarité structurée au profit du bien commun et de celui des individus. »

« Le Saint-Siège, en substance, œuvre sur la scène internationale non pas pour garantir une sécurité générique mais pour soutenir une idée de la paix comme fruit de relations justes, du respect des normes internationales, de la protection des droits fondamentaux de l’homme, à commencer par ceux des plus petits, des plus vulnérables », a-t-il ajouté.

La diplomatie, un outil pour atteindre les périphéries

Pour le cardinal, la diplomatie vaticane est « pour le Successeur de Pierre un moyen d' »atteindre les périphéries », que ce soit celle de la réalité ecclésiale ou celles de la famille humaine » : « Sans l’action des représentations diplomatiques pontificales, combien d’institutions de l’Église resteraient sans ce contact vital avec son gouvernement central qui leur apporte un soutien et même une crédibilité ? Sur le plan de la société civile, de quelles orientations éthiques l’absence du Saint-Siège priverait-elle la mise en œuvre de la coopération, le désarmement, la lutte contre la pauvreté, l’éradication de la faim, le soin des maladies, l’alphabétisation ? »

Le Saint-Siège, a-t-il précisé, entretient des relations diplomatiques bilatérales avec 179 États, ainsi que l’Union européenne et l’État de Palestine et « une myriade d’Institutions intergouvernementales ».

Ces chiffres « n’expriment pas de position de pouvoir » mais « mettent en évidence la dimension ample du travail quotidien, complexe et souvent difficile » des diplomates du Saint-Siège, dont l’objectif reste « ad intra » la loi suprême du salut des âmes et « ad extra » l’objectif de la « vraie paix sur la terre ».

Développer le « ius contra bellum » et le « ius post-bellum »

Si le Saint-Siège « travaille pour la paix à partir du droit international », la fin qu’il poursuit « est principalement religieuse », dans le sens où elle fait partie de la mission du chrétien d’être « artisan de paix », a-t-il rappelé.

Le cardinal a aussi expliqué la position du Saint-Siège quant au droit international actuel : « Il est aujourd’hui plus que jamais urgent de modifier le paradigme sur lequel se fonde le droit international… Il s’agit d’empêcher la guerre sous toute ses formes, d’élaborer un « ius contra bellum », c’est-à-dire des normes qui soient en mesure de développer et surtout d’imposer les instruments déjà prévus par l’ordre international pour résoudre pacifiquement les controverses et éviter le recours aux armes ».

Ce « ius contra bellum » appuierait davantage « le dialogue, la négociation, les pourparlers, la médiation, la conciliation », qui sont souvent vus actuellement « comme de simples palliatifs privés de l’efficacité nécessaire ».

Le Saint-Siège souhaite aussi que le droit international « continue à se doter d’instruments normatifs en mesure de gérer les périodes de post-conflits » : c’est le « ius post-bellum ». Ce droit aborderait les questions « du retour des réfugiés et des personnes déplacées, du fonctionnement des institutions locales et centrales, de la reprise des activités économiques, de la sauvegarde du patrimoine artistique et culturel », après la guerre.

Avec Constance Roques pour la traduction

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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