Turin, une "capitale de la foi", par Mgr Nosiglia

Saint-Suaire, Don Bosco, visite du pape

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Dans les prochains mois, la ville de Turin sera comme une « capitale de la foi » : les événements autour du Saint-Suaire « mettront en avant cette vocation de la ville, une vocation qui vient de loin, confirmée par la prédication et par l’action des nombreux saints » de la cité, affirme Mgr Nosiglia.

Le diocèse de Turin vit en effet cette année un moment particulier, avec l’ostension extraordinaire du Saint-Suaire (19 avril-24 juin 2015) et le bicentenaire de la naissance de Don Bosco (1815-1888), qui seront couronnés par la visite du pape François les 21 et 22 juin. L’archevêque de Turin, Mgr Cesare Nosiglia, commente ces trois événements pour les lecteurs de Zenit.

Zenit – Quel est le lien entre ces trois événements ?

Mgr Cesare Nosiglia – Un des éléments communs à l’ostension du saint-suaire, au bicentenaire de la naissance de saint Jean-Bosco et à la visite du pape François est la ville de Turin que nous pouvons à juste titre considérer comme une véritable « capitale de la foi ». La succession très intense d’événements dans les mois du Saint-Suaire mettra en avant cette vocation de notre ville, une vocation qui vient de loin, confirmée par la prédication et par l’action des nombreux saints sociaux qui ont fait de Turin et de ses alentours un terrain fertile pour sa mise en œuvre.

À Turin précisément et dans tout le territoire limitrophe, l’ostension du Saint-Suaire sera l’occasion de lancer de nombreuses initiatives culturelles et artistiques liées aux thèmes du suaire. Les événements principaux sont indiqués sur le site www.sindone.org. D’autre part, des objets liés au linceul sont conservés au Musée du Saint-Suaire qui rassemble d’importants témoignages historiques et propose un « parcours de lecture » historique et scientifique. Le Musée diocésain aussi, situé dans la crypte de la cathédrale, propose des exemples significatifs de l’art sacré turinois et piémontais et, pendant la période de l’ostension, il hébergera des œuvres liées au thème de la Passion du Seigneur. En particulier, du 16 avril au 30 juin, sera exposée la Déposition, du bienheureux Fra Angelico. Il n’y a évidemment aucune relation directe entre un tableau et l’image du linceul. Mais l’un et l’autre nous invitent avec force à « voir », ce qui est le cœur du pèlerinage auprès du Saint-Suaire. Toute l’ostension nous invite à cela : contempler la Passion et la mort de Jésus-Christ non pas comme un moment de jouissance « esthétique » mais plutôt comme une invitation forte à réfléchir sur le sens de notre vie et de notre mort.

Nous pouvons parler d’un véritable crescendo dans la collaboration entre le diocèse et le territoire, visible dans l’histoire des dernières ostensions : en 1978, l’Église a organisé, seule, ce grand événement, mais la ville a réalisé un programme de manifestations parallèles de grande qualité : Septembre Musique est l’un des fruits nés dans ce contexte. À partir de 1998, les collectivités locales ont accompagné de manière stable le diocèse dans la préparation de l’ostension, à travers le comité organisateur. En 2010, et plus encore en 2015, se sont ajoutés d’autres sujets, comme les fondations bancaires et d’autres entités, et nous avons sollicité la collaboration des entreprises : il s’agit de réduire les coûts mais aussi de souligner le lien fort qui existe entre tous les acteurs du territoire, qui essaient de « travailler ensemble » autour de l’ostension.

Voyez-vous une unité entre le Saint-Suaire et Don Bosco ?

Il y a quelque chose de commun entre la parole et l’action de saint Jean Bosco et le message que Jésus veut nous transmettre à travers la contemplation du saint-suaire : tous deux apportent réconfort et encouragement à ceux qui sont fatigués, tous deux veulent exprimer la plus profonde solidarité avec l’humanité souffrante. Au cours de sa visite, en 2010, le pape Benoît nous a dit que le suaire témoigne de cette intervention unique et incomparable dans l’histoire de l’humanité où Dieu, en Jésus-Christ, a partagé non seulement le fait que nous mourions, mais aussi le fait que nous demeurions dans la mort, et c’est là la solidarité la plus radicale. Dieu fait homme est arrivé jusqu’au point d’entrer dans la solitude extrême et absolue de l’homme où ne parvient aucun rayon d’amour, où règne l’abandon total sans paroles de réconfort. En demeurant dans la mort, Jésus a franchi la porte de cette solitude ultime, pour nous amener nous aussi à la franchir avec lui. Nous avons tous parfois éprouvé une sensation terrifiante d’abandon et c’est ce qui nous fait le plus peur dans la mort. Comme des enfants, nous avons peur d’être seuls dans le noir et seule la présence d’une personne qui nous aime peut nous rassurer. Voilà, la grandeur du projet divin aux prises avec la faiblesse humaine : la mort n’est plus la même après que le Christ l’a traversée. Le Saint-Suaire parle précisément du moment où le Christ est à l’intérieur de la mort. Il nous montre que désormais, ce lieu aussi est mystérieusement habité par sa présence. Il nous montre qu’il peut nous accompagner là aussi, pour nous amener au-delà bien sûr.

Le pape François rappelle l’importance d’une Église humble et proche des plus faibles… Que peut apprendre l’Église de Turin de cette visite ?

C’est justement en pensant au monde des malades et à celui des jeunes que le pape François a permis l’ostension solennelle, qui se rattache au jubilé pour le second centenaire de la naissance de saint Jean Bosco. La visite du pape mettra un sceau très précieux sur l’ostension de 2015, dont la devise est « L’amour plus grand », pour souligner le lien profond entre l’amour de Dieu pour nous – pour chacun de nous ! – et l’amour, la charité que nous sommes appelés à vivre dans le service de nos frères. C’est une occasion pour faire l’expérience de ces deux formes d’amour, divin et fraternel, qui, ensemble, ont la faculté d’unir les peuples, de solliciter la fraternité, l’altruisme, la générosité, surtout dans la conjoncture historique actuelle où la menace de la haine et du fanatisme est très forte.

Justement dans l’optique d’une Église proche des plus pauvres, les pèlerins en situation de souffrance, dont l’accueil est une caractéristique constante de l’ostension, trouveront une attention particulière dans les liturgies, dans les temps qui leur seront consacrés et dans les initiatives pastorales liées à l’événement de 2015. Il y a aussi des nouveautés concrètes : la pastorale de la santé du diocèse de Turin a organisé deux structures d’accueil pour les malades et leurs accompagnateurs qui voudront se rendre devant le suaire. Dans les hôpitaux « Maria-Adelaide » et « Cottolengo », très proches de la cathédrale, il y aura soixante-dix lits disponibles organisés sur le modèle de l’accueil de Lourdes, avec la possibilité de prendre des repas, à des prix modérés. D’autres lieux d’accueil pour des séjours brefs sont prévus dans les locaux du Sermig, à Borgo Dora, non loin de la cathédrale.

C’est une expérience d’accueil unique au monde parce que le diocèse de Turin tout entier se « mobilise » pour rencontrer les pèlerins. Outre les volontaires qui viennent des différentes communautés, les paroisses elles-mêmes organisent des moments de rencontre avec d’autres communautés de pèlerins, hébergent dans les maisons ou dans les instituts religieux beaucoup de ceux qui viennent de loin. Pour cette ostension, des moments particuliers et importants de rencontre sont préparés aussi avec les jeunes, les malades, le monde salésien. L’Église de Turin apprendra b
eaucoup de la visite du pape et de son message de charité et d’amour, et elle saura aussi tirer un enseignement de l’exemple et du témoignage de chacun des pèlerins qui voudra venir ici méditer sur la dramatique réalité de la Passion et de la mort de Jésus.

Traduction de Constance Roques

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Giorgia Innocenti

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