Une jeune nigériane réfugiée a accouché de son premier enfant, une petite fille, à bord de la « Bettica », un navire de la Marine militaire italienne : la petite Gift, prénommée « Francesca Marina » par l’équipage en l’honneur du pape François – avocat des réfugiés – et de la Marine, souriante, est venue au monde avec l’assistance d’une équipe médicale de l’Ordre de Malte. Un tweet de la Marine miliaire a annoncé la naissance lundi, 4 mai. La presse italienne fait le parallèle avec la petite princesse née en Angleterre le 2 mai.
Un accouchement pas comme les autres
Sara Modde, médecin du Corps italien de secours de l’Ordre de Malte (Cisom), exprime sa joie au micro de Radio Vatican: « C’est un miracle de la nature, le miracle de la vie… L’accouchement s’est assez bien passé, un peu fatiguant physiquement aussi pour nous… »
Débarquées à Pozzallo, la mère et le nourrisson ont été transférées à l’hôpital de Modica : « surtout pour la maman [qui était malade] car l’enfant était vraiment très calme, allait vraiment bien, une très jolie petite fille. Elle faisait des sourires, mais voulait manger la pauvre petite… nous lui avons donné quelque chose, un peu d’eau sucrée, on n’avait rien d’autre à lui donner, elle était si mignonne ! Quand je l’ai prise dans mes bras, à sa naissance, j’étais très émue. Nous l’avons lavée, avons improvisé un berceau, y avons même mis le ruban rose ! »
Parmi l’équipe médicale qui a assisté à l’accouchement, elle précise qu’il y avait « une obstétricienne de la Fondation Rava, l’infirmière de la marine, une infirmière de la Croix-Rouge militaire, et un hélicoptériste bénévole… Nous avions monté tout un espace sanitaire avec kits d’urgence pour le nouveau-né et la maman, mais grâce à Dieu nous n’en avons pas eu besoin ».
Les migrants, ce sont eux les courageux
Elle évoque son service un mois sur deux auprès d’un centre de secours pour les migrants malades, notamment ceux « qui ont bu de l’eau de mer, ont avalé du carburant, ou subi quelque traumatisme difficile à traiter: c’est beaucoup de travail, au plan émotionnel aussi ». « Un jour, et ce fut d’ailleurs une de mes premières expériences, je suis tombée sur une femme qui avait été violée avant de partir : elle était complètement choquée et nous avions eu du mal à savoir ce qui s’était passé. Cet épisode fut très traumatisant pour moi aussi », confie-t-elle.
Sara Modde salue le travail de la Marine et des Gardes côtes italiens : « ils travaillent vraiment très dur, et beaucoup d’entre eux n’étaient pas préparés à vivre tout ça. Vous pouvez me croire : ils carburent à 110%. »
Mais elle rend hommage surtout aux migrants : « Je peux dire que cette expérience m’a fait grandir professionnellement mais humainement aussi, car elle complètement changé ma façon de voir la vie… Vous regardez ces femmes qui partent enceintes, ou bien ces familles entières avec enfants, et vous comprenez que de l’autre côté il y a beaucoup de désespoir, car pour en arriver là c’est qu’il n’y avait pas d’autres choix, et que la mort était la seule alternative. Mais, ils vont à leur tour à la rencontre de la mort, à la rencontre de l’inconnu, ils partent, nombreux, sans savoir ce qu’ils feront une fois arrivés. Ils sont vraiment courageux. Ce sont eux les courageux. »
Devant eux, « vous vous rendez compte que vous êtes né dans la partie du monde qui a de la chance. Et vraiment il y a de quoi remercier le Seigneur… », ajoute-t-elle.
Traduction d’Océane Le Gall avec Anne Kurian