« Lorsque l’avenir de la planète est en jeu, il n’y a pas de frontières politiques, de barrières ou de murs derrière lesquels se cacher pour se protéger des effets de la dégradation environnementale et sociale », met en garde le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin.
Le cardinal a fait parvenir un message à l’occasion du Congrès « La nouvelle économie du climat. Comment la croissance économique et le développement durable peuvent aller main dans la main » (The New Climate Economy. How Economic Growth and Sustainability Can Go Hand in Hand), organisé ce 20 mai 2015 à l’Université pontificale romaine de la Sainte-Croix en collaboration avec le Conseil pontifical Justice et Paix, le “World Resource Institute”, “The New Climate Economy” et l’ambassade des Pays-Bas près le Saint-Siège.
Il transmet « les meilleurs vœux de prière » du pape François et « son espoir que les réflexions de ce Congrès puissent contribuer à garantir l’accès à un véritable développement humain intégral pour tous, en particulier les pauvres et les générations futures ».
Le cardinal propose aux participants de s’inspirer d’un extrait de l’encyclique Caritas in veritate de Benoît XVI: « On doit alors évaluer attentivement les conséquences sur les personnes des tendances actuelles vers une économie du court, voire du très court terme. Cela demande une réflexion nouvelle et approfondie sur le sens de l’économie et de ses fins, ainsi qu’une révision profonde et clairvoyante du modèle de développement pour en corriger les dysfonctionnements et les déséquilibres. C’est ce qu’exige, en outre, l’état de santé écologique de la planète et surtout ce qu’appelle la crise culturelle et morale de l’homme, dont les symptômes sont depuis longtemps évidents partout dans le monde. » (n. 32).
Pas de frontières ni de murs où se cacher
Il souligne la « grave responsabilité éthique et morale » de chacun « envers toute la famille humaine, en particulier les pauvres et les générations futures » : « Lorsque l’avenir de la planète est en jeu, il n’y a pas de frontières politiques, de barrières ou de murs derrière lesquels nous pouvons nous cacher pour nous protéger contre les effets de la dégradation environnementale et sociale. Il n’y a pas de place pour la mondialisation de l’indifférence, l’économie de l’exclusion ou la culture du jetable », insiste-t-il.
Dans son message pour la XXe Conférence des États membres de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques à Lima (décembre 2014), le pape François a dénoncé « la gravité de l’incurie et de l’inaction », rappelle le cardinal : le « temps presse » pour des « solutions globales ».
Pour une « lutte efficace contre le réchauffement climatique », le pape indiquait comme « unique » solution « une réponse collective responsable qui dépasse les intérêts et les comportement particuliers et se déroule librement, loin des pressions politiques et économiques » et qui soit « capable de promouvoir une culture de la solidarité, de la rencontre et du dialogue, de manifester la responsabilité de protéger la planète et la famille humaine ».
Réinitialiser le modèle de développement
« Le chemin n’est pas facile », fait observer le cardinal: « cette responsabilité éthique et morale appelle à réinitialiser le modèle de développement », ce qui nécessite « un engagement politique et économique majeur ».
Comme il l’a déclaré au Sommet sur le Climat 2014 des Nations Unies le 23 septembre 2014, le cardinal a affirmé : « Les bases technologiques et opérationnelles nécessaires pour faciliter cette responsabilité mutuelle sont déjà disponibles ou à notre portée. Nous avons la capacité de lancer et renforcer un processus (…) qui permette de cultiver deux objectifs étroitement liés: la lutte contre la pauvreté et l’assouplissement des effets du changement climatique. »
Le cardinal formule le vœu que la rencontre puisse apporter « une contribution importante en ce sens », en tenant compte du fait que « la dignité de chaque personne humaine et le bien commun sont des questions qui devraient structurer toute la politique économique » (cf. Exhortation apostolique Evangelii Gaudium 203).