Des responsables musulmans se sont portés au secours de la communauté chrétienne de Lahore, au Pakistan, la protégeant d’une émeute naissante.
Le quartier Sanda, à majorité chrétienne, a en effet été attaqué par une foule le 24 mai, après une accusation de blasphème portée sur un jeune homme chrétien handicapé mental, Humayun Faisal Masih, rapporte l’Aide à l’Église en détresse anglophone (ACN).
Des émeutes violentes – avec incendie et jets de pierre – ont commencé à 19h. En effet, explique Mgr Sebastian Shaw, évêque de Lahore, « quand un musulman est accusé de blasphème, il paie les conséquences seul. Mais si c’est un chrétien qui est accusé, toute la communauté chrétienne est tenue pour responsable ».
C’est l’évêque qui a lancé l’alerte en demandant l’aide de dirigeants musulmans et de politiciens locaux : « Grâce à leur intervention, les policiers ont réussi à disperser la foule pour minuit. C’est la première fois que le gouvernement est parvenu à agir à temps pour sauver les personnes et leurs maisons. »
Cette réponse rapide des autorités survient après les attentats meurtriers contre des églises de Lahore en mars dernier : « Depuis, j’ai entretenu des relations étroites avec les politiciens et les représentants de la communauté musulmane locale. C’est leur soutien qui nous a permis d’éviter le pire », affirme Mgr Shaw.
Humayun Faisal Masih a été accusé de blasphème après avoir brûlé des pages de journaux qui selon ses accusateurs, contenaient des versets du Coran. Le jeune homme souffre d’un handicap mental mais ce n’est pas une circonstance atténuante au regard du droit pakistanais qui ne tient pas compte de l’intention de l’accusé.
« Pour être inculpé, il suffit de laisser tomber une copie du Coran ou de marcher accidentellement sur une page de journal contenant des versets coraniques », explique le professeur Shawid Mobeen de l’Université pontificale du Latran.
