« Les chrétiens, tous les chrétiens, ont des racines juives », rappelle le pape François.
Le pape a en effet reçu en audience ce mardi matin, 30 juin, au Vatican, plus de 200 membres de l’Amitié judéo-Chrétienne internationale – en anglais « Conseil international des chrétiens et des juifs » (ICCJ) – participants à un congrès international organisé à Rome du 28 juin au 1er juillet, sur le thème : « Le 50e anniversaire de Nostra Aetate : le passé, le présent et l’avenir des relation entre chrétiens et juifs ».
Commentant l’importance de la déclaration de Vatican II sur les rapports entre l’Eglise et les religions non-chrétiennes, « Nostra Aetate », le pape a déclaré qu’elle représente « un « oui » définitif aux racines juives de la chrétienté et un « non » irrévocable à l’antisémitisme. »
Voici notre traduction intégrale de ce texte important.
A.B.
Discours du pape François
Chers frères et sœurs,
Je suis heureux que votre réunion ait lieu cette année à Rome, la ville où reposent les apôtres Pierre et Paul. Pour tous les chrétiens, les deux apôtres sont un point de référence important : ils sont comme les « colonnes » de l’Église. Ici, à Rome, nous trouvons aussi la communauté juive la plus ancienne d’Europe occidentale, dont les origines remontent au temps des Maccabées. Les chrétiens et les juifs vivent donc ensemble à Rome depuis presque deux mille ans, bien que leurs relations n’aient pas été exemptes de difficultés au cours de l’histoire.
Le développement d’un authentique dialogue fraternel a été rendu possible depuis le concile Vatican II, à la suite de la promulgation de la Déclaration Nostra Aetate. Ce document représente un « oui » définitif aux racines juives de la chrétienté et un « non » irrévocable à l’antisémitisme. En célébrant le cinquantième anniversaire de Nostra Aetate, nous pouvons voir les nombreux fruits qu’elle a portés et apprécier avec gratitude le dialogue entre juifs et catholiques. Nous pouvons ainsi exprimer à Dieu nos remerciements pour tout le bien qui a été réalisé en termes d’amitié et de compréhension mutuelle ces cinquante dernières années, parce que son Esprit-Saint a accompagné nos efforts de dialogue. Notre humanité fragmentée, la méfiance et l’orgueil ont été surmontés grâce à l’Esprit du Dieu tout-puissant, de telle sorte que la confiance et la fraternité ont continué à grandir entre nous. Nous ne sommes plus des étrangers, mais des amis, et des frères et sœurs. Même avec nos perspectives différentes, nous confessons un seul Dieu, Créateur de l’univers et Seigneur de l’histoire. Et dans sa bonté et sa sagesse infinies, il bénit toujours notre engagement au dialogue.
Les chrétiens, tous les chrétiens, ont des racines juives. Pour cette raison, depuis son origine, le Conseil international des chrétiens et des juifs a accueilli les diverses confessions chrétiennes. Chacune d’elles, à sa façon, s’est rapprochée du judaïsme qui, à son tour, se caractérise par diverses tendances et sensibilités. Les confessions chrétiennes trouvent leur unité dans le Christ ; le judaïsme trouve son unité dans la Torah. Les chrétiens croient que Jésus-Christ est la Parole de Dieu faite chair dans le monde ; pour les juifs, la Parole de Dieu est surtout présente dans la Torah. Les deux traditions de foi trouvent leur fondement dans le Dieu unique, le Dieu de l’Alliance qui se révèle à travers sa parole. En cherchant l’attitude juste à l’égard de Dieu, les chrétiens se tournent vers le Christ comme la source de la vie nouvelle, et les juifs se tournent vers l’enseignement de la Torah. Ce modèle de réflexion théologique sur les relations entre le judaïsme et le christianisme s’inspire précisément de Nostra Aetate (cf. n.4) et peut continuer de se développer sur cette base solide.
Dans sa réflexion sur le judaïsme, le concile Vatican II a tenu compte des dix thèses de Seelisberg, formulées dans cette ville suisse en 1947. Ces thèses sont étroitement liées à la fondation du Conseil international des chrétiens et des juifs. Nous pouvons dire qu’il y avait déjà, sous une forme embryonnaire, un concept initial de coopération entre votre organisation et l’Église catholique. Cette coopération a été officiellement inaugurée après le Concile et en particulier après l’établissement de notre Commission pour les relations religieuses avec les juifs, en 1947. Cette commission du Saint-Siège suit toujours avec un grand intérêt les activités de votre organisation, en particulier les réunions internationales annuelles qui apportent une contribution notable au dialogue entre juifs et chrétiens.
Chers amis, je vous remercie tous de cette visite et je vous présente tous mes vœux pour votre réunion. Que le Seigneur vous bénisse et vous garde dans sa paix. Je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi. Merci.
© Traduction de Zenit, Constance Roques