Pilgrims on the road to the shrine of Saint James the Great in Santiago de Compostela

WIKIMEDIA COMMONS - Oula Lehtinen

Chemin de Compostelle: lettre pastorale des évêques français et espagnols

« A travers des moyens et des outils communs, notre but est de sensibiliser les communautés chrétiennes traversées par le Chemin à recevoir les pèlerins dans un esprit de disponibilité et d’accueil humain et chrétien, et d’en profiter pour annoncer l’Evangile. »

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L’évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, Mgr Marc Aillet a accueilli la rencontre des évêques français et espagnols du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Ensemble, ils publient une lettre pastorale qui vise à redonner le sens spirituel de ce chemin de foi qui a façonné l’Europe, comme il l’explique dans cet entretien publié par le site de l’Eglise catholique en France. 

Dans quel contexte cette rencontre intervient-elle ?

Initiée par Mgr Barrio Barrio, évêque de Compostelle (Espagne), la première rencontre a eu lieu en 2009 à Ronceveau. Leur but est de promouvoir ensemble, Français et Espagnols, une pastorale commune d’évangélisation sur le Chemin de Saint-Jacques. Ce Chemin a une spécificité : c’est un chemin de foi et de communication de la foi. Depuis le Moyen-Age, d’une certaine façon, il a façonné l’Europe, en partageant les valeurs issues de l’Evangile, à travers les pérégrinations de tant de pèlerins chrétiens. Il semblerait qu’un certain nombre d’associations culturelles, laïques et parfois laïcistes, que des Tour Operator s’emparent du Chemin et le vident un peu de sa signification spirituelle pour en faire un chemin touristique et culturel comme un autre.

Quelle est la posture de l’Eglise ?

La question est : « Comment faisons-nous du Chemin un chemin d’évangélisation pour aujourd’hui ? », sachant que 70% des personnes qui s’engagent sur le Chemin de Saint-Jacques ne le font pas pour des motivations religieuses. Mais on sent qu’entreprendre ce Chemin, c’est manifester une certaine quête de sens, chercher un nouveau souffle dans sa vie, rompre avec les rythmes accélérés de la société d’aujourd’hui pour marcher au rythme de la Création, au pas de l’homme. Les témoignages abondent pour nous dire que se vivent de vraies rencontres sur le Chemin, avec Dieu et avec le Christ.

Quelles formes concrètes cela prend-il ?

A travers des moyens et des outils communs, notre but est de sensibiliser les communautés chrétiennes traversées par le Chemin à recevoir les pèlerins dans un esprit de disponibilité et d’accueil humain et chrétien, et d’en profiter pour annoncer l’Evangile. La première journée s’est déroulée, entre évêques, à Bayonne. Le lendemain, nous avons marché 1h30 de Donibane Garazi vers Saint-Jean-Pied-de-Port. Pour la première fois, nous avions convié des acteurs du Chemin : ils ont partagé des expériences d’accueil, dans leur diocèse. Il en ressort trois nouveautés. La première est que le site Webcompostella, complètement refondu, devient l’instrument de communication des évêques du Chemin de Saint-Jacques, pour les pèlerins et les accueillants. Les diocèses concernés par le Chemin sont donc invités à y adhérer et à fournir du contenu. La deuxième est un accueil francophone ouvert, depuis le 1er juillet, à Saint-Jacques de Compostelle. Jusqu’au 15 octobre, il y aura, par quinzaine, un prêtre et trois hospitaliers pour accueillir les pèlerins. Ce qui manquait cruellement. Cela permet désormais de rediriger les personnes vers leur communauté initiale, même si elles ne la connaissent pas et de les inviter à un « après pèlerinage ». La troisième est une lettre pastorale promulguée ensemble. C’est la première que les évêques français et espagnols du Chemin signent ensemble une lettre pastorale, bilingue, à l’attention des pèlerins et des accueillants.

Que préconisez-vous dans cette première lettre pastorale ?

Notre idée est que le dernier tampon de la créanciale ne soit pas celui de Saint-Jacques mais celui de la paroisse du pèlerin. C’est une invitation pour lui, qu’il soit lié ou non à sa paroisse, à aller trouver son curé et de lui faire tamponner la dernière case. Tous les diocèses sont concernés parce que les pèlerins viennent de partout ! C’est une manière de mettre en lien celui qui a fait une expérience forte, personnelle et ecclésiale, avec sa communauté chrétienne. Le prêtre peut l’inviter à témoigner et l’aider à poursuivre son chemin intérieur. La Lettre se présente en trois parties : « Le Chemin comme expérience personnelle » : pour celui qui est en quête de sens, pour (re)découvrir les racines chrétiennes de l’Europe, pour le pèlerin chrétien qui approfondit sa foi. Puis « L’Eglise, une communauté en chemin » : voir comment l’Eglise est communauté qui accueille et accompagne. Et enfin, la dimension missionnaire avec « Le Chemin, dynamisme évangélisateur » : comment le pèlerin chrétien devient missionnaire pour les autres pèlerins, comment les accueillants ont le souci d’annoncer l’Evangile et comment le pèlerin qui a fait l’expérience d’arriver à Saint-Jacques retourne chez lui pour annoncer l’Evangile. C’est le fruit de plusieurs années de rencontres et surtout celui d’un travail de fourmi accompli par quantité d’acteurs du Chemin que ces rencontres permettent de fédérer et de reconnaître. J’ai beaucoup insisté en cela lors de la messe des pèlerins célébrée à Saint-Jean-Pied-de-Port, avec tous les acteurs du Chemin présents. J’ai souligné qu’ils accomplissaient un véritable ministère au service des pèlerins, que non seulement l’Eglise les remercie mais qu’elle les envoie en mission.

La prochaine rencontre des évêques français et espagnols aura lieu à Compostelle dans deux ans. Une nouvelle lettre pastorale pourrait avoir pour thème l’accueil.

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ZENIT Staff

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