Le « déracinement » des enfants migrants est une « nouvelle tragédie » après la fuite. Ils cherchent refuge en Europe, fuyant « des zones de guerre comme l’Afghanistan, la Syrie et l’Irak, ou de violences et de persécutions comme c’est le cas dans la majeure partie des pays africains ». Ils tentent de « quitter la pauvreté et la criminalité élevée de leur pays d’origine » ou les conséquences catastrophiques des changements climatiques.
L’édition en italien de L’Osservatore Romano du 2 avril 2021 consacre un dossier de quatre pages aux enfants esclaves, soldats, migrants, victimes de la traite, de la malnutrition, de l’exploitation sous toutes ses formes, dans le monde et en Europe. Dans un article intitulé « Migrations. Le déracinement des mineurs », Fabrizio Peloni évoque ces situations qui sont loin d’être secondaires.
Des difficultés sans fin
S’ils survivent « aux longs voyages de l’espérance sur les routes migratoires », les jeunes mineurs isolés « finissent dans des camps de réfugiés surpeuplés ou dans des centres de détention temporaire, vivant dans des conditions désastreuses, souvent sans accès à l’eau courante ou à d’autres services essentiels ». Privés de documents, ils « doivent affronter des défis difficiles pour régulariser leur statut migratoire, tels l’accès à la protection sociale, à la santé, à l’instruction, aux moyens de subsistance et à la protection de l’enfance ».
Et la situation sanitaire créée par la Covid-19, depuis plus d’un an, n’a fait qu’augmenter les difficultés, exposant encore davantage « au risque d’exploitation et de violence » enfants et adolescents.
L’urgence d’une aide psychologique
« Le seul bagage que l’enfant migrant emporte avec lui, ce sont ses souffrances », souligne Fabrizio Peloni. D’après diverses agences des Nations Unies et organisations non gouvernementales engagées dans l’accueil et l’aide aux mineurs, ceux-ci « perdent toute espérance, souffrent de cauchemars et d’épisodes de dépression liés aux traumatismes qu’ils ont vécus, pratiquent des formes d’automutilation et s’adonnent à la consommation de substances ». Malheureusement, beaucoup d’entre eux abandonnent le système d’accueil, « poussés par les nécessités économiques » ou « pour tenter un regroupement familial, la majeure partie du temps improbable », devenant pour les trafiquants des victimes faciles.
Il faut protéger les droits des enfants migrants « à tout moment et dans toutes les phases de leur parcours migratoire », plaide l’auteur de l’article, en commençant par « l’accès immédiat à l’asile et à la protection internationale » et dans le plein respect de toutes les dimensions humaines de la personne : physique et émotionnelle, mentale et sociale, spirituelle, « justement en vertu de leur double vulnérabilité, étant à la fois mineurs et réfugiés ».
La multiplicité des « routes » de l’espoir
Entre 2015 et 2020, ils étaient environ deux cent mille à chercher refuge en Europe, empruntant la route des Balkans, en provenance de Turquie et de Grèce, celle de l’Afrique du nord, qui traverse la Méditerranée occidentale et centrale, ou celle de l’Atlantique à partir de la Mauritanie et du Sénégal pour conduire aux îles Canaries.
Au cours de leur « voyage », explique encore Peloni, les mineurs restent souvent bloqués dans des pays de transit, comme la Bosnie et Herzégovine, la Grèce et la Turquie, le Maroc, la Tunisie ou la Libye, où le trafic d’êtres humains est un grand « business ».
Sans parler de « la route des dreamers », ces populations d’Amérique du sud et d’Amérique centrale qui « poursuivent le rêve américain ». Et de l’exode du Venezuela : « plus de 4 millions de personnes dont 1,1 million de mineurs », qui ont quitté leur pays au cours des cinq dernières années, en raison de la très grave récession. « Une situation d’urgence humanitaire unique au monde, comme celle de la Syrie », déplore le journaliste italien.
Une initiative de fraternité
Dans ces situations dramatiques pour une grande partie des mineurs migrants, il convient de « saluer une initiative louable à Vintimille, ville d’arrivée et de départ de nombreux migrants ». Grâce à l’action conjointe de certaines Ong, un « espace dédié aux enfants en transit » a été créé : sous un chapiteau installé le 10 mars dernier, ceux-ci peuvent « redevenir enfants », en retrouvant un temps « de sérénité, de distraction et de jeu » après les « longs et dangereux voyages ». Et les parents, y rencontrer des professionnels afin de « repérer les fragilités et besoins éventuels ».
Traduction et présentation de Zenit, Hélène Ginabat