« Les chrétiens et les musulmans de ce pays sont condamnés à vivre ensemble et à s’aimer. Mais pour vivre ensemble et nous aimer, nous avons besoin de la solidarité du monde entier », déclare l’imam Tidiani Moussa Naibi, qui a accueilli le pape François à la mosquée centrale de Bangui, ce lundi 30 novembre.
A.B.
Message de l’imam Tidiani Moussa Naibi
Sire, Au nom de la Communauté musulmane de Centrafrique et en mon nom propre, je vous souhaite très respectueusement à vous-même et à toute la délégation qui vous accompagne, la bienvenue à la mosquée centrale de Bangui.
Votre visite est un symbole que nous comprenons parfaitement. Mais je voudrais tout de suite vous rassurer. Non, les relations entre les frères et sœurs chrétiens et nous-mêmes sont tellement profondes, qu’aucune manœuvre tendant à les saper, ne pourrait aboutir. Les fauteurs de trouble pourraient retarder la réalisation de tel ou tel projet d’intérêt commun ou compromettre pour un temps telle ou telle activité, mais jamais, Inch’Allah, ils ne pourraient détruire les liens de fraternité qui unissent si solidement nos communautés.
Oui, je vous le confirme, Sire, les chrétiens et les musulmans de ce pays sont condamnés à vivre ensemble et à s’aimer. Mais pour vivre ensemble et nous aimer, nous avons besoin de la solidarité du monde entier. Et c’est vrai que nous n’en avons pas manqué.
Car c’est au titre de cette solidarité que nous avons reçu la mission des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), celle de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) celle de l’Union africaine (UA), celle de la France, de l’Union européenne et des Nations unies. Nous n’ignorons pas et nous n’oublierons jamais que des dizaines de jeunes soldats de ces différents pays ont perdu leurs vies pour apporter la paix à notre peuple. A tous nous disons merci du fond du cœur. C’est également au nom de cette solidarité que nous avons accueilli ici même le Secrétaire général des Nations unies et celui de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI). Depuis, la solidarité de ces organisations ne nous a pas fait défaut. À l’un et à l’autre nous disons un merci spécial. Sire, La solidarité du monde à l’égard du peuple centrafricain se manifeste aujourd’hui à travers votre visite dans notre pays et votre présence à la mosquée centrale de Bangui. Nous tenons à vous en remercier très particulièrement.
Par ses actions de solidarité et par votre visite, le monde extérieur nous montre qu’il nous observe et qu’il se préoccupe toujours de notre situation. En retour, nous voudrions que vous rassuriez le monde. Non, le peuple centrafricain n’est pas un peuple voué aux conflits et aux violences.
Non, la situation actuelle de notre pays n’est pas appelée à s’éterniser. C’est simplement un moment de notre histoire. Un moment douloureux certes, un moment regrettable même, mais un moment seulement. Et bientôt, très bientôt, Inch’Allah, nous recouvrerons notre paix et notre sécurité d’antan. Nous trouverons même une paix et une sécurité plus grandes et plus justes encore.
L’espoir nous est en effet permis grâce aux multiples actions visant à ramener la paix, à encourager le partage du pouvoir, à organiser des élections libres et démocratiques, à créer les conditions pour une bonne gestion de l’État, que mène avec courage et assiduité le Gouvernement de transition. Puisse Dieu l’Unique, l’Omnipotent, l’Omniscient emmener la paix en notre pays. Une paix égale, juste et fertile. Je vous remercie pour votre attention.