ROME, Dimanche 27 août 2006 (ZENIT.org) – « Le père Marie-Dominique Philippe, dominicain, fondateur de la Communauté Saint-Jean, s’est éteint paisiblement le samedi 26 août à 4 heures du matin, au prieuré de Saint-Jodard (Loire) des frères de Saint-Jean. Il y était soigné depuis le 20 juillet, après avoir été victime d’un accident vasculaire cérébral », indique un communiqué de la Communauté Saint-Jean (www.stjean.com).
Le fondateur s’est éteint hier, samedi 26 août 2006, entouré de nombreux fils et filles, « auxquels il laisse l’héritage lumineux d’une vie toute donnée au service de l’homme et du Christ ».
Jusqu’au jour des funérailles il est veillé par les frères et les sœurs et tous ceux qui le souhaitent dans la chapelle des frères à Saint-Jodard.
La messe des funérailles sera célébrée le samedi 2 septembre à 10h30 dans la Primatiale Saint-Jean à Lyon. Elle sera présidée par le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et Primat des Gaules.
Dans l’après-midi le père Marie-Dominique sera inhumé au cimetière de Rimont, dans l’intimité de la Famille Saint-Jean (frères, sœurs et oblats).
« Dans l’action de grâce pour tout ce qu’ils ont reçu à travers lui, les membres de la Famille Saint-Jean le confie à la prière de tous », conclut le communiqué.
Hommage de Benoît XVI et du cardinal Rodé
Le 30 juin dernier, le P. Marie-Dominique Philippe avait fêté ses 70 ans de sacerdoce à Ars. Le lendemain, le cardinal Franc Rodé, préfet de la congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, présent pour les ordinations de frères de Saint-Jean, lui avait rendu un vibrant hommage (cf. Zenit, Lundi 3 juillet et documents, Mercredi 5 juillet 2006).
Le P. Philippe a présidé la concélébration, au cours de laquelle a été lu un message du pape Benoît XVI, transmis par Mgr Leonardo Sandri, Substitut de la Secrétairerie d’Etat . Le pape s’unissait « à l’action de grâce » du P. Marie-Dominique Philippe et priait « Dieu de faire fructifier tout le bien qu’il lui a été donné d’accomplir dans sa fidélité de prêtre pour répondre à l’appel du Seigneur ». Au terme de son message, le Saint Père souhaitait au P. Marie-Dominique « de poursuivre sa vie sacerdotale dans la paix et la joie de celui qui a tout quitté pour le Royaume ».
Le lendemain, samedi 1er Juillet, quatorze prêtres et huit diacres de la Communauté Saint Jean ont été ordonnés à Ars par le cardinal Rodé. Après avoir été accueilli chaleureusement par le P. Jean-Pierre-Marie, Prieur général des Frères de Saint Jean, le cardinal Rodé rappelait aux frères ordinands dans son homélie : « Votre spiritualité est celle de Saint Jean, et c’est toute votre vie religieuse et sacerdotale que vous placez sous sa protection, pour vivre selon sa grâce et accomplir aujourd’hui l’œuvre missionnaire confiée par Jésus à l’Église. L’amour de Jean vous conduit naturellement à Marie, vénérée comme votre Mère et votre Protectrice. Votre Fondateur, le « cher Père Philippe » – comme l’appelait le Pape Benoît XVI en février dernier [lors du pèlerinage de la Communauté à Rome, pour ses trente ans]– ne cesse de vous introduire dans le Mystère de Marie. Elle est le modèle de la vie consacrée et la Mère du sacerdoce. »
En cette année où la Communauté fête ses trente ans, le préfet de la congrégation romaine soulignait la fécondité de la consécration des premiers frères à Marie, le 8 décembre 1975 : « Dès l’origine, la Communauté Saint Jean se consacrait à Marie selon la belle prière de Louis Marie Grignion de Monfort, pour une vie toute donnée à Jésus, vie contemplative d’adoration et d’étude, vie fraternelle et pauvre, dans l’obéissance religieuse. C’est de là qu’est née votre famille de frères et de sœurs, apostolique et contemplative, qu’elle grandit et s’étend dans le monde pour témoigner de l’Évangile de Notre-Seigneur à la suite de Jean le Théologien. »
Accident vasculaire
Quelques semaines plus tard, à la suite d’un accident vasculaire cérébral, le Père Philippe perdit l’usage de la parole. « Il demeura alors, explique la Communauté Saint-Jean, dans un grand silence, attendant sereinement la rencontre avec Celui qu’il a tant désiré connaître et faire connaître ».
Le Père Marie-Dominique Philippe est né à Cysoing (Nord) le 8 septembre 1912, huitième d’une famille de douze enfants qui a donné à l’Eglise trois dominicains et quatre moniales contemplatives.
Après avoir achevé sa scolarité au collège des Jésuites de Lille, il entre dans l’Ordre de Saint Dominique en novembre 1930 à Amiens, fait profession en novembre 1931, et fait ses études de philosophie et de théologie au Saulchoir de Kain (Belgique) de 1931 à 1938. Il est ordonné prêtre en juillet 1936. D’abord licencié en philosophie, il présente ensuite son mémoire de lectorat sur La sagesse selon Aristote, puis soutient un doctorat de théologie.
Egalement diplômé des Hautes-Etudes, il est professeur de philosophie et de théologie au Saulchoir d’Etiolles (couvent d’études des Dominicains de la Province de Paris) de 1939 à 1945 et de 1951 à 1962, et professeur de philosophie à l’Université de Fribourg (Suisse) de 1945 à 1982.
Renouveau de l’enseignement philosophique et théologique
Très tôt dans ses études le Père Philippe avait senti la nécessité de renouveler l’enseignement philosophique et théologique, et pour cela il fallait revenir à leurs sources respectives : l’expérience selon la perspective d’Aristote et la foi contemplative à la suite de saint Thomas d’Aquin et de saint Jean, dont les écrits le marquent profondément et auxquels il revient sans cesse. Sa recherche de vérité s’ordonne selon les trois sagesses : la sagesse philosophique, la sagesse théologique et la sagesse mystique.
En marge de son enseignement, le Père « Marie-Do » donne, surtout en France et en Suisse, des conférences de philosophie et de théologie dans des milieux très divers (secrétaires de syndicats chrétiens, chefs d’entreprise, psychanalystes, médecins, Associations Familiales Catholiques, Renouveau charismatique, artistes, etc.). Il prêche aussi dans de nombreux monastères (surtout à des carmélites, bénédictines et dominicaines, et à la Famille monastique de Bethléem), dans divers Foyers de Charité en France, principalement à Châteauneuf-de-Galaure auprès de Marthe Robin (pendant près de 17 ans la retraite des prêtres, et de nombreuses retraites aux membres des Foyers), mais aussi au Sénégal, au Togo, au Rwanda, etc., et à des groupes de jeunes.
A partir de 1949 le Père Philippe écrit de nombreux ouvrages de philosophie et de théologie spirituelle, dont un certain nombre seront traduits en diverses langues. Au total ce sont aujourd’hui plus de 35 ouvrages, auxquels s’ajoutent de très nombreux articles. Ils recouvrent un large champ d’étude et d’intérêt : philosophie de l’art, réflexions sur les mathématiques et la médecine, études de métaphysique, commentaires de l’Evangile de saint Jean, écrits sur le mystère du Christ et sur la Vierge Marie, ouvrages sur la famille, etc. (voir la liste de ses ouvrages).
L’heure des fondations
A Fribourg, en 1975, à la demande de quelques étudiants français, il fonde, tout en restant dominicain, la Communauté des Frères de Saint-Jean et, quelques années plus tard, celle des Sœurs contemplatives, puis celle des Sœurs apostoliques. A ces trois communautés se joindront de nombreux laïcs, les oblats de Saint-Jean, l’ensemble formant une nouvelle famille spirituelle dans l’Eglise : la Famille Saint-Jean.
En 1982, à son retour en France, tout en continuant un apos
tolat varié, il se consacre principalement à l’enseignement de la philosophie et de la théologie dans les maisons de formation des Frères de Saint-Jean à Rimont (Saône et Loire) et à Saint-Jodard (Loire). D’autre part, comme Fondateur et Prieur général, il enseigne et conduit cette nouvelle communauté, qui connaît rapidement une croissance et une extension internationale importantes (voir les statistiques). Depuis 1974 une amitié profonde le lie à Karol Wojtyla. Par de nombreuses rencontres et des lettres, Jean-Paul II ne cessera de l’encourager dans sa recherche philosophique et dans son rôle auprès des frères et des sœurs de la Famille Saint-Jean.
Le fondateur parmi les siens
En 2001 la charge de Prieur général ayant été transmise au Père Jean-Pierre-Marie, le Père Philippe reste auprès des frères et des sœurs comme Fondateur, continuant inlassablement à leur transmettre le fruit de sa recherche philosophique et théologique à travers conférences et retraites. Des ouvrages de théologie spirituelle et de philosophie sont publiés, notamment Retour à la source (Fayard, 2005), qui présente sa réflexion philosophique sur la personne humaine.