ROME, Mercredi 11 janvier 2006 (ZENIT.org) – Le Chemin Néocatéchuménal a accueilli avec enthousiasme les dispositions émanant du Saint Siège sur la célébration de la messe dans ses communautés.
Les indications sont présentées dans une lettre (cf. ci-dessous in « Documents ») qui porte la date du 1er décembre et la signature du cardinal Francis Arinze, préfet de la Congrégation pour le Culte Divin – adressée aux initiateurs et responsables du Chemin Néocatéchuménal, Kiko Argüello, Carmen Hernández et le père Mario Pezzi.
Pour comprendre la manière dont ce document a été reçu par le Chemin Néocatéchuménal, Zenit a interviewé Giuseppe Gennarini, responsable du Chemin Néocatéchuménal aux États-Unis et chargé des relations de ce groupe ecclésial avec la presse.
Zenit : Quelle valeur a cette lettre pour le Chemin ?
G. Gennarini : C’est la première fois que sont acceptées certaines variations présentes dans la manière de célébrer l’Eucharistie dans le Chemin comme des adaptations licites pour aider l’homme contemporain à mieux recevoir la grâce communiquée à travers les sacrements.
A ma connaissance, c’est le seul cas où le Saint-Siège ait accordé une autorisation explicite dans ce sens, à un groupe ecclésial. Jusqu’à maintenant nous l’avons fait avec une permission orale de la part de la Congrégation, mais pas par écrit. En fait, Jean-Paul II avait toujours appuyé cette idée, et il l’avait exposée dans une de ses Lettres Apostoliques, « Dies Domini », où il parlait de la possibilité que « en considération d’exigences formatives et pastorales particulières » on pouvait avoir ces célébrations de la messe dominicale.
Zenit : Quelles sont les variations liturgiques permises par la Congrégation au Chemin Néocatéchuménal ?
G. Gennarini : La Lettre du cardinal Arinze accepte le principe que les communautés Néocatéchuménales aient des célébrations spéciales le samedi soir. Pour pouvoir mieux apprécier l’importance de cette concession, nous devons tenir compte du fait que beaucoup se sont opposés à cette pratique du Chemin, en la considérant en soi élitiste ou source de division (même si les liturgies du chemin sont ouvertes à tous). Malgré tout, ce principe a été approuvé officiellement. La demande de participer une fois par mois à des célébrations générales de la paroisse est déjà réalisée fréquemment, par exemple dans le contexte des solennités liturgiques comme Noël, l’Épiphanie, l’Institution de l’Eucharistie le Jeudi Saint, les fêtes patronales, l’Assomption, la Toussaint, l’Immaculée Conception.
La lettre cite aussi l’article du Missel Romain sur les monitions, mais d’une pratique extraordinaire il en fait une pratique d’usage ordinaire.
Les « résonances » aussi avant l’homélie ont été acceptées. Et s’agissant d’une chose complètement nouvelle dans l’Église, la lettre explique quelques lignes générales.
La lettre permet aussi que le signe de la paix se fasse avant l’offertoire. Pour comprendre la portée de cette concession, il suffit de se rappeler qu’il y a seulement quelques semaines avant la date de cette lettre, le Préfet de la Congrégation expliquait à une centaine d’évêques participant au Synode sur l’Eucharistie que personne n’était autorisé à changer le moment du signe de la paix. En fait, quelques Conférences épiscopales avaient demandé cette variation, mais elle n’avait jamais été accordée. Enfin, la manière actuelle de distribuer la communion est permise pour une longue période ad experimentum.
Ceci démontre qu’il ne s’agit pas d’une pratique irrévérencieuse, mais complètement légitime comme n’importe quelle personne qui participe à une Eucharistie des communautés peut le constater. C’est écrit dans le contexte de l’approbation finale des Statuts, qui sont aussi en ce moment approuvés ad experimentum.
A peine cette période ad experimentum finira, la Commission interdicastérielle des cinq dicastères qui ont approuvé les statuts (le conseil pour les Laïcs, la congrégation pour la Doctrine de la Foi, la congrégation pour le Clergé, la congrégation pour le Culte divin et la congrégation pour l’Education catholique) vérifiera les ajustements nécessaires.
Zenit : Pourquoi est-ce important de célébrer la messe en petits groupes ?
G. Gennarini : Plus de 70% des membres du Chemin sont des catholiques non pratiquants. Les célébrations liturgiques faites en petites communautés créent une ambiance propice pour accueillir ceux qui se sont éloignés. Dans une société toujours plus sécularisée, individualiste et anonyme, le Chemin offre dans la paroisse une ambiance où les personnes, baptisées ou non, peuvent redécouvrir la foi dans une vraie communion.
Un des problèmes de l’Église aujourd’hui est l’anonymat dans nos paroisses. A travers cette expérience, par exemple, les couples peuvent expérimenter le pardon et transmettre la foi à leurs propres enfants. Un des fruits du Chemin est la reconstruction de la famille à travers cette expérience communautaire. De ces familles reconstruites naissent des milliers de vocations au presbytérat et à la vie consacrée, tout cela à travers la célébration eucharistique en petites communautés de foi. La communauté sauve la famille et, comme l’affirme « Ecclesia de Eucharistia » il n’existe pas de formation de la communauté qui n’ait ses racines dans la célébration de l’Eucharistie.
Zenit : Certains journaux présentent cette lettre de la Congrégation pour le Culte Divin comme une correction et un refus de la part de Benoît XVI à l’égard du Chemin…
G. Gennarini : Il n’y a rien de plus éloigné de la réalité. Notre relation avec Benoît XVI, avant qu’il soit pape, a toujours été très bonne. Le cardinal Ratzinger a connu le Chemin dans les années 70 et l’a introduit en Allemagne, dans sa patrie. En tant que préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi, il nous a toujours aidés et a cité le Chemin d’une manière vraiment positive dans ses différents livres.
Benoît XVI a reçu les initiateurs du Chemin en novembre et a confirmé personnellement son soutien au Chemin et sa joie pour les grands fruits qu’il donne à l’Église. Comme démonstration de son amour envers les fruits de ce Mouvement, le Saint-Père enverra en mission, le 12 janvier, deux cent nouvelles familles qui iront annoncer l’Évangile dans les lieux les plus déchristianisés du monde.
Sans l’intervention du Saint-Père l’approbation de ces variations aurait été impossible. Nous nous sentons pleinement confirmés par Pierre. Qui veut mettre Benoît XVI contre Jean-Paul II altère la réalité.
Des nouvelles absolument privées de fondement ont été publiées ces jours derniers : je tiens à rappeler qu’aucun laïc des communautés néocatéchuménales n’a jamais fait d’homélie à la place du prêtre. Une agence internationale s’est contredite en accusant le Chemin de « pratiques novatrices » et parlant en même temps d’« une vision du monde très conservatrice ».
Zenit : Selon vous, pourquoi le Saint Père a-t-il approuvé ces variations ?
G. Gennarini : Benoît XVI a confirmé la vision de Jean-Paul II, en accordant cette permission par écrit au Chemin Néocatéchuménal, parce qu’il est très conscient de la situation dramatique de la sécularisation et de la nécessité d’évangéliser.
Dans la dernière Journée Mondiale de la Jeunesse, il a dit aux évêques allemands : « la majorité de la population n’est pas baptisée et n’a aucun contact avec l’Eglise et plus encore elle ne connaît ni le Christ ni l’Église… ‘Nous sommes devenus une terre de mission’. … dans toute l’Europe, comme en France, en Espagne et en d’autres endroits, nous devrions réfléchir sérieusement sur comment on pourrait au
jourd’hui réaliser une véritable évangélisation, non seulement une nouvelle évangélisation, mais avec assiduité une authentique première évangélisation. … Il existe un nouveau paganisme et il n’est pas suffisant de chercher à maintenir une communauté de croyants, même si cela est très important, la grande question est posée : qu’est-ce que la vie vraiment ? Je pense que tous ensemble nous devons chercher à découvrir des manières nouvelles de porter l’Évangile au monde actuel, d’annoncer de nouveau le Christ et d’établir la foi ».
Ceci montre le grand intérêt du Saint-Père pour la découverte de nouvelles manières et de nouveaux chemins pour rejoindre l’homme contemporain. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre ces concessions.
Zenit : Quel est le contexte de cette lettre ?
G. Gennarini : Cette lettre marque un pas très important dans le processus de l’approbation du Chemin. En 1997 Jean-Paul II a encouragé les initiateurs à examiner l’expérience du Chemin après 30 années et à la formaliser par l’élaboration d’un statut. Dans ce contexte, cinq dicastères du Vatican – le conseil pour les Laïcs, la congrégation pour la Doctrine de la Foi, la congrégation pour le Clergé, la congrégation pour l’Éducation catholique et la congrégation pour le Culte divin – ont étudié pendant des années les différentes activités du Chemin en offrant des recommandations et fondamentalement en confirmant l’expérience de cet itinéraire catéchétique.
La pratique du Chemin Néocatéchuménal a toujours été connue et appuyée par les différents dicastères du Vatican. Dans les années 70 déjà, lorsque après le Concile Vatican II se préparait un nouveau Rituel pour l’initiation Chrétienne des Adultes, l’expérience qui était en train de naître dans le Chemin a été louée comme une application pratique de ce que la curie cherchait à créer. Les initiateurs ont toujours maintenu un dialogue avec les papes, à partir de Paul VI et surtout avec Jean-Paul II.
Zenit : Quels ont été jusqu’à maintenant les résultats de ce processus ?
G. Gennarini : Le contenu catéchétique du Chemin dans son itinéraire d’initiation chrétienne a été étudié en détail par la congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui était dirigée à ce moment-là par le cardinal Ratzinger, et a été approuvée avec très peu de modifications.
Le pas suivant a été l’approbation de statuts, une tâche difficile car le Chemin n’est ni un groupe laïque ni une fraternité sacerdotale, ni une association.
Le Saint-Siège s’est rendu compte de cette réalité complexe, et a reconnu le Chemin non comme un mouvement ou comme une association, mais comme un itinéraire de formation chrétienne valable pour transmettre la foi dans la société actuelle, soit pour renouveler la foi de ceux qui sont déjà baptisés, soit pour initier les non-croyants à la foi.
Après l’approbation de la méthode et des statuts, le pas suivant a été l’étude des adaptations liturgiques présentes dans cette réalité liturgico-catéchétique, qui s’est conclu par cette lettre.