Globalement, les bouddhistes sont le seul groupe à enregistrer une baisse, même en valeur absolue © Noticias De Navarra

Globalement, les bouddhistes sont le seul groupe à enregistrer une baisse, même en valeur absolue © Noticias De Navarra

Religions dans le monde : le déclin des bouddhistes

Nouveau rapport sur l’évolution du paysage religieux mondial entre 2010 et 2020

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Le Pew Research Center, l’un des plus prestigieux observatoires mondiaux, a récemment publié son nouveau rapport sur l’évolution du paysage religieux mondial entre 2010 et 2020. Globalement, l’augmentation de la population mondiale s’est accompagnée, dans la plupart des cas, d’une augmentation du nombre total d’adeptes des religions. Les chrétiens restent le groupe religieux le plus important ; cependant, bien qu’ils aient augmenté en termes absolus, leur part dans la population mondiale totale a diminué de 1,8 %, ce qui indique que leur croissance a été plus lente que la moyenne démographique. En revanche, les musulmans sont le groupe qui connaît la croissance la plus rapide, avec une augmentation de 1,8 % en termes relatifs

Il y a également eu une augmentation des « non affiliés », c’est-à-dire de ceux qui ne se reconnaissent dans aucune religion, qui ont enregistré une augmentation légèrement inférieure à 1 %. Au total, les chrétiens sont environ 2,3 milliards, les musulmans 2 milliards et les non-affiliés 1,9 milliard. Les hindous, les juifs et d’autres groupes religieux plus petits – regroupés dans l’enquête sous la rubrique « autres religions » (baháʼís, taoïstes, jaïns, sikhs et bien d’autres) – ont augmenté au même rythme que la population mondiale, sans variation significative en pourcentage. Les hindous sont environ 1,2 milliard, les juifs 14,8 millions et les autres petits groupes religieux comptent environ 200 millions d’adeptes.

Dans ce scénario, il est particulièrement frappant de constater que, globalement, le seul groupe à enregistrer une diminution, même en valeur absolue, est celui des bouddhistes. Il y a aujourd’hui un peu plus de 324 millions de bouddhistes dans le monde, soit 18,6 millions de moins (-5,4 %) qu’au cours de la décennie précédente. Ils représentent désormais 4,1 % de la population mondiale, contre 4,9 % en 2010 (-0,8 %). 

Estimer la taille de la population bouddhiste n’est pas une tâche facile, car dans les sociétés d’Asie de l’Est, où le bouddhisme est prédominant, la religiosité peut revêtir des caractéristiques différentes. Les estimations sur lesquelles se base le rapport du Pew Research Center sont fondées sur la question suivante : « Quelle est votre religion, si vous en avez une ? Dans plusieurs localités de la région, les traductions courantes du terme « religion » font souvent référence à des formes organisées et hiérarchisées, telles que le christianisme, et certains bouddhistes rejettent ce type d’adhésion formelle.

Cela dit, les groupes religieux s’agrandissent ou se réduisent pour deux raisons : la décision de rejoindre un autre groupe ou la dynamique démographique. C’est ce deuxième aspect qui a eu un fort impact sur les bouddhistes. Cela semble également confirmé par le fait qu’en termes absolus, leur déclin actuel coïncide avec les variations démographiques. Généralisé dans les pays où la natalité a baissé, il reflète largement le déclin démographique dans des cas comme la Chine ou le Japon, où les naissances sont peu nombreuses. En outre, l’âge moyen global des bouddhistes – près de 40 ans – est aujourd’hui le plus élevé parmi les principaux groupes religieux.

La Thaïlande est le pays qui compte le plus grand nombre de bouddhistes au monde : 68 millions, soit 94 % de la population. Elle est suivie par la Chine – 53 millions, soit environ 4 % de la population -, le Myanmar, le Japon et le Viêt Nam. En Corée du Sud, en revanche, le pourcentage de bouddhistes a baissé de 7 points ; dans ce cas, le déclin n’est pas seulement démographique, mais aussi culturel, avec un nombre croissant de personnes s’identifiant comme « non affiliées ». En revanche, le Viêt Nam est le seul grand pays où les « non affiliés » ont diminué, avec -7 % au cours de la même période.

 Le nombre de bouddhistes diminue également en Thaïlande en raison du vieillissement de la population. Mais cela ne signifie pas automatiquement que les jeunes Thaïlandais se détournent de la religion. Une enquête récente de l’Iseas – Institute of Southeast Asian Studies – révèle, par exemple, un tableau plus complexe. Les étudiants universitaires bouddhistes prient moins que ceux d’autres religions et seulement un peu plus de la moitié des personnes interrogées s’appuient sur les valeurs de leur religion pour prendre des décisions importantes. Cependant, la même enquête indique que la plupart d’entre eux considèrent la religion comme un élément essentiel de leur vie. L’écart entre le respect des pratiques et l’importance perçue indique un changement dans la manière dont la spiritualité est vécue plutôt qu’une négligence.

On pourrait donc dire qu’une religion non dogmatique comme le bouddhisme s’est prêtée plus que d’autres au changement, en particulier chez les jeunes. La propagation d’un phénomène appelé mutelu est emblématique. Ce terme évoque le titre d’un film indonésien de 1979 – Mutelu : Occult War – qui explore des thèmes tels que la superstition et la magie noire, mais il a pris au fil du temps une signification plus large et plus nuancée. Il identifie désormais une galaxie de pratiques spirituelles qui se sont imposées parmi les jeunes Thaïlandais, et celles-ci ont à leur tour dicté leurs règles : les amulettes ont un design moderne et minimaliste, compatible avec l’esthétique des médias sociaux, et l’expérience en ligne s’est développée au détriment de la fréquentation des temples. Les jeunes adaptent leur quête de sens aux codes typiques de la génération Z, en réinterprétant la spiritualité de manière peu orthodoxe. Mutelu pourrait donc ne pas être une simple mode, mais le signe d’une dimension spirituelle de la nouvelle génération thaïlandaise qui ne trouve pas de réponses dans les modèles traditionnels.

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Rédaction

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