Le pape Léon XIV ne se contente pas d'adopter une pratique ; il rééquilibre la centralité liturgique © Vatican Media

Le pape Léon XIV ne se contente pas d'adopter une pratique ; il rééquilibre la centralité liturgique © Vatican Media

Léon XIV imposera personnellement les palliums

Revenant ainsi au rituel historique : un changement subtil mais symbolique dans le style papal

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Lorsque le pape Léon XIV entrera dans la basilique Saint-Pierre le 29 juin, jour de la fête solennelle des saints Pierre et Paul, il ne se contentera pas de célébrer l’Eucharistie, il renouera également avec un geste longtemps associé à l’autorité papale directe : l’imposition personnelle du pallium aux nouveaux archevêques métropolitains

Cette décision marque un retour à une coutume, discrètement abandonnée sous le pape François, qui avait choisi d’envoyer les palliums dans les diocèses d’origine des archevêques pour qu’ils soient conférés par les nonces locaux. Aujourd’hui, sous le nouveau pape, le rituel retrouve sa place sur l’autel central du Vatican, rétablissant un moment liturgique qui unit la tradition ancienne à la présence papale.

Le pallium, étroite bande de laine blanche marquée de six croix noires et fixée par des clous de soie, est plus qu’un simple vêtement. Il retrace une histoire complexe de symbolisme, de droit et d’autorité ecclésiastique. Porté par les archevêques métropolitains lors de célébrations solennelles, il exprime à la fois leur autorité pastorale au sein de leur province ecclésiastique et leur communion avec l’évêque de Rome. 

Sa forme – drapée sur les épaules avec deux pendentifs tombant devant et derrière – évoque la figure du Bon Pasteur portant la brebis perdue. Mais ses racines juridiques sont tout aussi profondes. Depuis le VIe siècle au moins, le pallium signifie la reconnaissance papale et, au Moyen Âge, aucun archevêque ne pouvait exercer pleinement sa fonction sans le recevoir. La lettre de l’année 601 du pape Grégoire le Grand à Augustin de Canterbury associe explicitement le pallium à l’autorité de gouverner au nom du pape.

En décidant d’imposer lui-même le pallium, le pape Léon XIV ne fait pas que reprendre une pratique, il rééquilibre la centralité liturgique. Cette décision renforce la visibilité du rôle pastoral du pape, non seulement en tant que pasteur universel, mais aussi en tant qu’axe central de l’unité épiscopale.

Toutefois, cela n’implique pas un rejet de la vision du pape François. Les observateurs soulignent que la décision de Léon XIV pourrait refléter une forme nuancée de continuité plutôt qu’une rupture. Alors que François mettait l’accent sur la décentralisation et l’Église locale, Léon XIV semble insister sur la communion par la présence : la sienne

Ce changement s’aligne également sur les modèles plus larges du nouveau pontificat. Alors qu’il n’en est qu’au début de son mandat, Léon XIV a manifesté son intérêt pour la revitalisation d’éléments de la cérémonie papale ayant une résonance historique et spirituelle. Dans ce cas, l’acte de placer le pallium sur les épaules de chaque nouvel archevêque peut être interprété comme paternel et pastoral, liant le geste à l’essence même de l’identité épiscopale. 

Ce rituel renouvelé, qui se déroule à l’ombre du tombeau de Pierre et sous la coupole de Michel-Ange, a également une dimension visuelle indéniable. Lorsque les archevêques s’agenouillent l’un après l’autre devant le pape, l’Église offre un rare aperçu de la continuité vivante de la succession apostolique, ancrée non seulement dans la doctrine, mais aussi dans des gestes tangibles de bénédiction, de responsabilité et de communion.

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Rédaction

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