Le pape Léon XIV rencontre tous les cardinaux dans la nouvelle salle du Synode © Vatican Media

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Pourquoi le pape a-t-il choisi le nom de Léon XIV ?

La réponse officielle du pape

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Lors d’une réunion avec le Collège des Cardinaux, le pape a expliqué pourquoi il a choisi le nom qu’il porte.

Le samedi 10 mai au matin, le pape Léon XIV rencontre tous les cardinaux dans la nouvelle salle du Synode. Cette rencontre s’est déroulée en deux temps : il a d’abord prononcé un discours dans lequel il a notamment expliqué pourquoi il avait choisi le nom qu’il porte : 

« En me sentant appelé à poursuivre ce chemin, j’ai pensé à prendre le nom de Léon XIV. Il y a plusieurs raisons, mais la principale est que le pape Léon XIII, avec l’encyclique historique Rerum novarum, a affronté la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle et qu’aujourd’hui, l’Église offre à tous son héritage de doctrine sociale pour répondre à une autre révolution industrielle et aux développements de l’intelligence artificielle, qui apportent de nouveaux défis dans la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail ».

La deuxième partie de la réunion, qui n’est pas publique, a consisté en un échange d’idées au cours duquel le pape a écouté les conseils, les suggestions et les propositions des cardinaux. Voici l’introduction générale et le texte intégral de la première partie de la réunion : 

***

Merci beaucoup, Votre Éminence : 

Avant de nous asseoir, commençons par une prière, en demandant au Seigneur de continuer à accompagner le Collège et toute l’Église avec cet esprit et cet enthousiasme, qui est néanmoins celui d’une foi profonde. Prions ensemble en latin : Pater noster… Ave Maria….

Dans la première partie de la réunion, il y a un bref discours avec des réflexions que je voudrais partager avec vous. Mais il y aura ensuite une deuxième partie, que beaucoup ont demandée, une sorte de dialogue avec le Collège des Cardinaux dans lequel nous pourrons écouter des conseils, des suggestions, des propositions concrètes, qui ont déjà été discutées dans les jours qui ont précédé le conclave.

Mes frères cardinaux : 

Je vous salue et vous remercie tous pour cette rencontre et pour les jours qui l’ont précédée, douloureuse en raison de la perte du Saint-Père François, ardue en raison des responsabilités que nous avons assumées ensemble et, en même temps, selon la promesse que Jésus lui-même nous a faite, riche en grâce et en consolation dans l’Esprit (cf. Jn 14, 25-27). 

Vous, chers cardinaux, vous êtes les plus proches collaborateurs du Pape, et cela me réconforte dans l’acceptation d’un fardeau qui dépasse clairement non seulement mes propres forces, mais aussi celles de n’importe qui d’autre. Votre présence me rappelle que le Seigneur, qui m’a confié cette mission, ne me laisse pas seul avec le fardeau de cette responsabilité. Surtout, je sais que je compte toujours, toujours, sur votre aide, sur l’aide du Seigneur et, par sa Grâce et sa Providence, sur votre proximité et celle de tant de frères et sœurs qui, dans le monde entier, croient en Dieu, aiment l’Église et soutiennent le Vicaire du Christ par la prière et les bonnes œuvres.

Je remercie le Doyen du Collège des Cardinaux, le Cardinal Giovanni Battista Re – il mérite des applaudissements, au moins un, si ce n’est plus – qui, avec sa sagesse, fruit d’une longue vie et de nombreuses années de service fidèle au Siège Apostolique, nous a grandement aidés pendant cette période. Je remercie également le Camerlengo de la Sainte Église romaine, le cardinal Kevin Joseph Farrell – je crois qu’il est présent ici – pour le rôle précieux et difficile qu’il a joué pendant la période de la Sede Vacante et la convocation du conclave. J’adresse également mes pensées à mes frères cardinaux qui, pour des raisons de santé, n’ont pas pu être présents et, avec vous, je m’associe à eux dans une communion d’affection et de prière.

 En ce moment, à la fois triste et joyeux, providentiellement enveloppé de la lumière de Pâques, je voudrais que nous contemplions ensemble le passage du Saint Père François, dont nous nous souvenons, et le conclave comme un événement pascal, une étape du long exode à travers lequel le Seigneur continue à nous conduire vers la plénitude de la vie. Dans cette perspective, nous confions au « Père des miséricordes et Dieu de toute consolation » (2 Co 1, 3) l’âme du défunt Pontife et l’avenir de l’Église.

Le pape, depuis saint Pierre jusqu’à moi, son indigne successeur, est un humble serviteur de Dieu et des frères, et rien de plus. Cela a été bien démontré par les exemples de beaucoup de mes prédécesseurs, comme le Pape François lui-même, avec son style de dévouement total au service et de sobre essentialité de vie, d’abandon à Dieu pendant le temps de la mission et de confiance sereine au moment du retour à la Maison du Père. Reprenons ce précieux héritage et reprenons la route, animés par la même espérance qui nous vient de la foi. 

C’est le Ressuscité, présent au milieu de nous, qui protège et guide l’Église et continue à la faire revivre dans l’espérance, grâce à l’amour qui « a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). Il nous appartient d’être des auditeurs dociles de sa voix et des ministres fidèles de ses desseins salvateurs, en nous souvenant que Dieu aime communiquer, non pas dans le fracas du tonnerre ou du tremblement de terre, mais dans « le murmure d’une brise légère » (1 R 19,12) ou, comme certains le traduisent, dans une « voix subtile du silence ». C’est cette rencontre importante, qui ne doit pas être perdue, et vers laquelle nous devons éduquer et accompagner tout le saint peuple de Dieu qui nous est confié.

Ces derniers jours, nous avons pu voir la beauté et sentir la force de cette immense communauté qui, avec tant d’affection et de dévouement, a fait ses adieux et pleuré son pasteur, l’accompagnant avec foi et prière jusqu’à sa rencontre finale avec le Seigneur. Nous avons vu la véritable grandeur de l’Église, qui vit dans la diversité de ses membres, unis à son unique chef, le Christ « Pasteur et gardien » (1 P 2,25) de nos âmes. Elle est le sein dans lequel nous avons été engendrés et, en même temps, le troupeau (cf. Jn 21, 15-17), le champ (cf. Mc 4, 1-20) qui nous a été donné pour le soigner et le cultiver, pour le nourrir avec les sacrements du salut et le féconder avec la semence de la Parole, afin que, solide dans la concorde et enthousiaste dans la mission, il puisse marcher, comme jadis les Israélites dans le désert, à l’ombre de la nuée et à la lumière du feu de Dieu (cf. Ex 13, 21).

Et à cet égard, je voudrais que nous renouvelions ensemble aujourd’hui notre plein engagement sur ce chemin, sur le chemin que depuis des décennies l’Église universelle suit sur les traces du Concile Vatican II. Le pape François en a magistralement rappelé et actualisé les contenus dans l’Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, dont je voudrais souligner quelques notes fondamentales : le retour à la primauté du Christ dans l’annonce (cf. n. 11) ; la conversion missionnaire de toute la communauté chrétienne (cf. n. 9) ; la croissance de la collégialité et de la synodalité (cf. n. 33) ; l’attention au sensus fidei (cf. nn. 119-120), spécialement dans ses formes les plus propres et les plus inclusives, comme la piété populaire (cf. 123) ; l’attention affectueuse aux faibles et aux laissés-pour-compte (cf. n. 53) ; le dialogue courageux et confiant avec le monde contemporain dans ses différentes composantes et réalités (cf. n. 84, Concile Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et Spes, 1-2).

Ce sont les principes de l’Évangile qui ont toujours animé et inspiré la vie et l’œuvre de la Famille de Dieu ; des valeurs à travers lesquelles le visage miséricordieux du Père s’est révélé et continue à se révéler dans le Fils fait homme, espérance ultime de tous ceux qui cherchent sincèrement la vérité, la justice, la paix et la fraternité (cf. Benoît XVI, Lettre encyclique Spe Salvi, 2 ; François, Bulle Spes non confundit, 3). 

C’est précisément parce que je me suis senti appelé à suivre cette voie que j’ai pensé à prendre le nom de Léon XIV. Il y a plusieurs raisons à cela, mais la principale est que le pape Léon XIII, avec l’encyclique historique Rerum novarum, a affronté la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle et qu’aujourd’hui l’Église offre à tous son patrimoine de doctrine sociale pour répondre à une autre révolution industrielle et aux développements de l’intelligence artificielle, qui apportent de nouveaux défis dans la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail.

Chers frères et sœurs, je voudrais conclure cette première partie de notre rencontre en faisant mien – et en vous le proposant également – le souhait que saint Paul VI a exprimé au début de son ministère pétrinien, en 1963 : « Qu’une grande flamme de foi et d’amour traverse le monde entier, éclairant tous les hommes de bonne volonté, ouvrant la voie à la coopération mutuelle et faisant descendre sur l’humanité l’abondance de la bienveillance divine, la puissance même de Dieu, sans l’aide duquel rien ne vaut et rien n’est saint » (Premier message au monde entier Qui fausto die, 22 juin 1963).

 Que ces sentiments soient aussi les nôtres et qu’avec l’aide du Seigneur, nous les traduisions en prière et en engagement. Je vous remercie.

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Rédaction

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