La communauté chrétienne installée sur le territoire syrien veut être acteur de l’avenir du pays après le départ de Bachar al-Assad. Des responsables de l’exécutif assurent que la liberté religieuse sera respectée malgré leurs accointances avec des groupes djihadistes.
Les chrétiens en Syrie sont dans le besoin. Après la chute du régime de Bachar al-Assad le 8 décembre dernier, des responsables des Églises en Syrie ont exprimé leur volonté de travailler avec le gouvernement de transition pour construire un nouveau pays basé sur l’égalité des droits. La fin du pouvoir en place a rapidement engendré des craintes de la part des communautés chrétiennes. En effet, certains des nouveaux dirigeants de la Syrie appartiennent à un groupe ouvertement djihadiste et initialement affilié à Al-Qaïda.
Les chrétiens sont déterminés à jouer un rôle à part entière dans l’avenir de la Syrie et refusent d’être étiquetés comme une simple minorité religieuse ayant besoin d’un traitement spécial ou, pire, d’être traités comme des citoyens de seconde zone. Plusieurs réunions ont été organisées entre des représentants des Églises et le nouveau pouvoir politique, rassurant les chrétiens que leurs droits seront pleinement respectés.
Le pouvoir oblige les femmes à porter le voile
Malgré la promesse du gouvernement de transition de respecter la liberté religieuse, des incidents ont été recensés dans différentes parties du pays. Toutefois, des sources locales de l’AED précisent qu’il n’est pas possible de généraliser la situation des chrétiens à l’ensemble du pays. « Damas est sous le feu des projecteurs, ce qui oblige les anciens rebelles à adopter un comportement plus pacifique et à préserver leur image positive », indique cette même personne. « Cependant, des incidents isolés persistent, comme le fait de demander aux femmes de porter le voile ou d’interdire aux hommes et aux femmes de marcher ensemble s’ils ne font pas partie de la même famille. Ce phénomène se produit également à Alep », poursuit-elle.
Des locaux témoignent de situations difficiles notamment à Homs et Hama. « Il s’agit d’une zone mixte, avec dix confessions religieuses vivant au même endroit. Les gens évitent de sortir dans la rue après 17 heures, car des djihadistes y circulent, appelant à la conversion à l’islam avec des mégaphones et demandant aux femmes de porter le voile. La peur est vraiment palpable, les chrétiens ne peuvent pas travailler et beaucoup restent à la maison », ajoutent-ils.
Face à ce contexte, les chrétiens font preuve d’un « optimisme prudent ». Une personne interrogée par l’AED a déclaré être heureuse de la fin du régime d’Assad et espère un renouveau en Syrie. « Nous ne devons pas être naïfs en pensant que le changement sera pour le mieux même si nous l’espérons et prions pour qu’il le soit ».
L’Aide à l’Église en Détresse continue de soutenir de nombreux projets en Syrie malgré l’incertitude qui plane sur l’avenir du pays. Les besoins restent importants au sein de la communauté chrétienne étant donné que beaucoup ont perdu leur emploi et sont à court d’argent.
Filipe d’Avillez