L’audience générale de ce matin a lieu à 9 heures sur la place Saint-Pierre, où le Saint-Père a rencontré des groupes de pèlerins et de fidèles venus d’Italie et du monde entier.
Dans son discours en italien de l’audience générale de ce jour, le pape, reprend le cycle de catéchèse « L’Esprit et l’Épouse. L’Esprit Saint guide le peuple de Dieu vers Jésus, notre espérance ». Il a centré sa méditation sur le thème « Annoncer l’Évangile dans l’Esprit Saint. L’Esprit Saint et l’évangélisation » (1 Cor 2,1, 4-5).
Après avoir résumé sa catéchèse dans les différentes langues, le Saint-Père a adressé des salutations particulières aux fidèles présents. L’audience générale se termine par la récitation du Pater Noster et de la bénédiction apostolique.
Chers frères et sœurs, bonjour !
Après avoir réfléchi sur l’action sanctifiante et charismatique de l’Esprit, nous consacrons cette catéchèse à un autre aspect, à l’œuvre évangélisatrice de l’Esprit Saint, c’est-à-dire à son rôle de la prédication dans l’Église.
La première Lettre de saint Pierre définit les apôtres comme « ceux qui ont annoncé l’Évangile par l’Esprit Saint » (cf. 1,12). Dans cette expression, nous trouvons les deux éléments constitutifs de la prédication chrétienne : son contenu, qui est l’Évangile, et son vecteur, qui est l’Esprit Saint. Parlons de l’un et de l’autre.
Dans le Nouveau Testament, le mot « Évangile » a deux significations principales. Il peut se référer à l’un des quatre Évangiles canoniques : Matthieu, Marc, Luc et Jean, et dans ce sens, l’Évangile signifie la bonne nouvelle proclamée par Jésus durant sa vie terrestre. Après Pâques, le mot « Évangile » prend le sens nouveau de bonne nouvelle concernant Jésus, à savoir le mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ. C’est ce que l’Apôtre appelle « Évangile » lorsqu’il écrit : « Je n’ai pas honte de l’Évangile, car c’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Rm 1,16).
La prédication de Jésus, et plus tard celle des Apôtres, contient également tous les devoirs moraux qui découlent de l’Évangile, en commençant par les dix commandements et en terminant par le « nouveau » commandement de l’amour. Mais si nous ne voulons pas retomber dans l’erreur dénoncée par l’apôtre Paul de faire passer la loi avant la grâce et les œuvres avant la foi, si nous ne voulons pas tomber dans ce piège, nous devons toujours repartir de la proclamation de ce que le Christ a fait pour nous. C’est pourquoi, dans l’Exhortation apostolique Evangelii gaudium, j’ai tant insisté sur la première des deux, c’est-à-dire sur le kérygme, ou « proclamation », dont dépend toute application morale.
En effet, « dans la catéchèse, la première annonce ou “kérygme” a un rôle fondamental, qui doit être au centre de l’activité évangélisatrice et de tout objectif de renouveau ecclésial. […] Quand nous disons que cette annonce est “la première”, cela ne veut pas dire qu’elle se trouve au début et qu’après elle est oubliée ou remplacée par d’autres contenus qui la dépassent. Elle est première au sens qualitatif, parce qu’elle est l’annonce principale, celle que l’on doit toujours écouter de nouveau de différentes façons et que l’on doit toujours annoncer de nouveau durant la catéchèse sous une forme ou une autre, à toutes ses étapes et ses moments. […] On ne doit pas penser que dans la catéchèse le kérygme soit abandonné en faveur d’une formation qui prétendrait être plus “solide”. Il n’y a rien de plus solide, de plus profond, de plus sûr, de plus consistant et de plus sage que cette annonce » (nn. 164-165), c’est à dire le kérygme.
Jusqu’à présent, nous avons vu le contenu de la prédication chrétienne. Cependant, nous devons également garder à l’esprit le vecteur de l’annonce. L’Évangile doit être prêché « par l’Esprit Saint » (1 P 1,12). L’Église doit faire exactement ce que Jésus a dit au début de son ministère public : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Lc 4,18). Prêcher avec l’onction de l’Esprit Saint signifie transmettre, en même temps que les idées et la doctrine, la vie et la conviction profonde de notre foi. Cela signifie non pas s’appuyer sur « les discours persuasifs de sagesse, mais sur la manifestation de l’Esprit et de sa puissance » (1 Co 2,4).
Facile à dire – pourrait-on objecter – mais comment le mettre en pratique si cela ne dépend pas de nous, mais de la venue de l’Esprit Saint ? En réalité, il y a une chose qui dépend de nous, ou plutôt deux choses, et je vais les mentionner brièvement. La première est la prière. L’Esprit Saint vient sur ceux qui prient, parce que le Père céleste – c’est écrit – « donne l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » (Lc 11,13), surtout quand on le lui demande pour annoncer l’Évangile de son Fils ! Quel malheur de prêcher sans prier ! On devient ce que l’Apôtre appelle « un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante » (cf. 1 Co 13, 1).
Par conséquent, la première chose qui dépend de nous est de prier pour que vienne l’Esprit Saint. La seconde est de ne pas nous prêcher à nous-mêmes, mais de proclamer Jésus le Seigneur (cf. 2 Co 4,5). Et cette prédication j’entends souvent des prédications très longues, de vingt à trente minutes. S’il vous plaît que les prédicateurs prêchent une idée, une idée d’affection une invitation à l’action, pas plus de sept, huit minutes sinon la prédication s’évanouit, elle disparaît. Et je le dis aux prédicateurs (applaudissements). Et je vois que cela vous plaît d’entendre ça. Nous voyons parfois des hommes qui, lorsque le sermon commence, sortent fumer une cigarette et reviennent ensuite. S’il vous plaît, le sermon doit être une idée, un sentiment et un appel à l’action. Et il ne doit jamais dépasser dix minutes. C’est très important.
Il n’est pas nécessaire d’insister sur ce point, sur le fait de ne pas vouloir prêcher sur nous-même mais sur Jésus le Seigneur car toute personne engagée dans l’évangélisation sait bien ce que signifie concrètement ne pas se prêcher à soi-même. Je me limiterai à une application particulière de cette exigence. Ne pas vouloir se prêcher à soi-même implique aussi de ne pas toujours privilégier les initiatives pastorales promues par nous et liées à notre propre nom, mais de collaborer volontiers, si on nous le demande, à des initiatives communautaires, ou qui nous sont confiées ainsi par obéissance.
Que l’Esprit Saint nous accompagne et enseigne ainsi l’Église à prêcher ainsi l’Évangile aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui !