Cimetière des mitrailleurs sénégalais à Dakar © youtube.com/FRANCE24

Cimetière des mitrailleurs sénégalais à Dakar © youtube.com/FRANCE24

80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais

L’archevêque de Dakar invite à dépasser cet événement douloureux

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Dimanche 1er décembre 2024, le Sénégal a commémoré le 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais. Une centaine de soldats africains désarmés ont été abattus à la mitraillette, le 1er décembre 1944, par les troupes coloniales françaises. En cette fin de seconde guerre mondiale, le drame a eu lieu dans le camp militaire de Thiaroye, à environ 15 km de Dakar.

En novembre 1944, ils étaient 1600 tirailleurs africains à être ramenés à Dakar après avoir servi dans l'armée française © Archives nationales du Sénégal

En novembre 1944, 1600 tirailleurs africains ont été ramenés à Dakar après avoir servi dans l’armée française © Archives nationales du Sénégal

Revenant des combats dans l’armée française, les soldats se sont révoltés, réclamant le paiement de leurs arriérés de soldes et diverses indemnités de guerre. Or, ce paiement n’arrivait pas, et certains refusaient de rentrer chez eux sans être payés.

Cet événement douloureux a marqué l’histoire du Sénégal et du continent africain. Le président de la République Emmanuel Macron a adressé, le 28 novembre, une lettre au président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, dans laquelle il estime que « la France se doit de reconnaître » qu’il y a eu un « massacre » dans ce camp militaire.

Dépasser ce drame pour « grandir en humanité »

Dans une interview accordée récemment aux médias du Vatican, l’archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye, affirme qu’il est important de commémorer ce massacre, « non pas dans un esprit de règlement de compte, mais pour que l’on sache d’où l’on vient, quels drames ont été vécus et comment faire en sorte que ces drames soient dépassés. »

Mgr Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar © wikipedia.org

Mgr Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar © wikipedia.org

Pour lui, la réparation ne peut être que symbolique, car on ne peut pas réparer une vie qu’on a supprimée. L’archevêque souhaite cependant que cette reconnaissance serve à vivre plus authentiquement en humanité et en dignité, à l’image du Christ qui a dit : « La vérité vous rendra libres. »

Mgr Benjamin Ndiaye ajoute que cette « leçon d’histoire » ne doit pas être l’occasion de faire la leçon aux autres, mais plutôt de se pencher sur les défis auxquels le Sénégal doit répondre aujourd’hui : « Ce n’est pas seulement une histoire entre colonisateurs et colonisés, mais c’est aussi une histoire interne entre sénégalais qui doivent se regarder face à face pour se respecter comme il le faut. »

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Anne van Merris

Anne van Merris est journaliste, formée à l’Institut de journalisme européen Robert Schuman à Bruxelles. Elle est mariée et mère de quatre enfants.

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