Chers frères et sœurs, bonjour, bienvenue !
Je salue les frères évêques présents, les responsables de l’apostolat de la mer en Italie, les représentants des pêcheurs, des associations professionnelles et des syndicats ; et je salue les participants à la Conférence internationale sur l’universalité et la durabilité des services nationaux de santé en Europe, qui s’est tenue hier à l’Université du Latran.
Je m’adresse d’abord à vous, chers frères et sœurs du monde maritime, quelques jours seulement après la journée mondiale de la pêche. Votre activité est très ancienne ; elle est liée aux débuts de l’Église, confiée par le Christ à Pierre, qui était pêcheur en Galilée (cf. Luc 5, 1-11). Néanmoins, elle connaît aujourd’hui de nombreuses difficultés. J’aimerais donc vous suggérer quelques réflexions sur la valeur de ce que vous faites et la mission que cette valeur implique.
Dans l’Évangile, les pêcheurs incarnent des attitudes importantes. Par exemple, la persévérance dans le travail : les disciples sont décrits comme « en détresse dans l’aviron » (Marc 6, 48), à cause du vent contraire, ou encore fatigués de l’échec lorsqu’ils rentrent à terre les mains vides, en disant : « Nous avons travaillé dur toute la nuit et nous n’avons rien attrapé » (Luc 5, 5). Et c’est exactement ce qui se passe : votre travail est dur, exige des sacrifices et de la ténacité, face à la fois aux défis habituels et aux nouveaux problèmes urgents, tels que le difficile changement de génération, les coûts qui ne cessent d’augmenter, la bureaucratie étouffante et la concurrence déloyale des grandes multinationales. Cependant, cela ne vous décourage pas ; au contraire, cela alimente une autre de vos caractéristiques : l’unité. On ne sort pas seul en mer. Pour jeter ses filets, il faut travailler ensemble, en équipe, ou mieux encore en communauté dans laquelle, malgré la diversité des rôles, la réussite du travail de chacun dépend de la contribution de tous. Ainsi, la pêche devient une école de vie, au point que Jésus l’utilise comme symbole pour indiquer la vocation des apôtres : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Marc 1, 17). Chères femmes et chers hommes de la mer, que votre patron, saint François de Paule, vous assiste du Ciel.
Et maintenant, je m’adresse à vous, frères et sœurs du monde de la santé. Le thème que vous avez abordé dans votre conférence pose la question de l’état de santé dans lequel se trouvent les services et les systèmes nationaux en Europe. Votre mission est aussi une mission qui demande des efforts et exige que vous sachiez travailler ensemble, en équipe. J’aimerais toutefois vous inviter à vous concentrer sur deux autres aspects de votre expérience.
Le premier aspect est celui de prendre soin de ceux dont vous vous occupez. En effet, il est important de ne pas oublier que vous, agents de santé, êtes des personnes qui ont tout autant besoin de soutien que les frères et sœurs dont vous vous occupez. La fatigue des quarts de travail épuisants, les soucis que vous portez dans vos cœurs et la douleur que vous recueillez de vos patients nécessitent du réconfort, ils exigent la guérison. C’est pourquoi je vous exhorte à ne pas vous négliger, mais plutôt à prendre soin les uns des autres ; et à tous, je dis qu’il est important de reconnaître votre générosité et de lui rendre la pareille en vous assurant le respect, l’estime et l’aide.
Le deuxième aspect que je voudrais souligner est la compassion pour les derniers. En effet, si, comme nous l’avons dit, personne n’est suffisamment autonome pour ne pas avoir besoin de soins, il s’ensuit que personne ne peut être marginalisé au point de ne plus pouvoir recevoir de soins. Les systèmes et les services de santé dont vous êtes issus ont derrière eux, à cet égard, une grande histoire de sensibilité, en particulier envers ceux qui ne sont pas atteints par le « système », envers les « rejetés ». Pensons à l’œuvre de tant de saints religieux qui, pendant des siècles, ont fondé des hospices pour les malades et pour les pèlerins ; ou encore à des figures comme saint Jean de Dieu, saint Joseph Moscati, sainte Thérèse de Calcutta : ils étaient tous de véritables « cliniciens », c’est-à-dire des hommes et des femmes au chevet de ceux qui souffrent, comme nous l’indique l’étymologie du terme.
L’invitation que je vous lance est donc d’inspirer de l’intérieur les systèmes de santé, afin que personne ne soit abandonné (cf. Message pour la 32e Journée mondiale du malade, 10 janvier 2024). L’Évangile, qui nous enseigne à ne pas cacher nos talents, mais à les faire fructifier pour le bien de tous (cf. Mt 25, 14-30), nous enseigne également à avoir, ce faisant, une voie préférentielle pour ceux qui, après être tombés, restent abandonnés sur le bord de la route (cf. Luc 10, 30-37). La langue latine s’est forgée, à cet égard, un beau mot : consolation, con-solatio, qui indique l’unité dans la solitude, qui n’est alors plus solitude (cf. Benoît XVI, Lettre encyclique Spe salvi, n. 39). Voici le chemin : être unis dans la solitude pour que personne ne soit seul dans le chagrin. Et c’est là que la proximité entre en jeu, toujours ; la proximité…
Chers amis, je vois beaucoup de familles parmi vous. Je voudrais donc conclure en vous rappelant à tous l’importance de la famille, cellule de la société. C’est fondamental pour vos deux professions. Tout d’abord, pour les sacrifices que vos proches partagent avec vous, en s’adaptant aux horaires et au rythme exigeants de votre travail, qui n’est pas seulement un métier, mais un « art », et qui implique donc toute la personne et son environnement. Ensuite, pour le soutien que vos familles vous apportent dans votre fatigue et souvent dans l’activité elle-même. Chérissez vos relations familiales, s’il vous plaît : elles sont des « médicaments », aussi bien pour le bien que pour le mal. L’isolement et l’individualisme, en effet, ouvrent la porte à la perte de l’espoir, ce qui rend l’âme, et souvent le corps, malade.
Alors, bon travail à vous tous, et que la Vierge vous accompagne. Je vous bénis de tout mon cœur. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci !
Traduction réalisée par ZENIT