Aujourd’hui, jeudi 14 novembre 2024, Mgr Baldo Reina, vicaire du pape pour le diocèse de Rome, a clôturé officiellement la phase diocésaine de la cause de béatification du religieux espagnol Pedro Arrupe Gondra, décédé à Rome en 1991.
L’enquête diocésaine avait été ouverte le 5 février 2019 en la basilique Saint-Jean-de-Latran. Cette phase étant maintenant terminée, les conclusions du Tribunal pourront être examinées par le Dicastère des causes des saints, qui aura la possibilité de déclarer le P. Arrupe « vénérable ».
Selon le cardinal Angelo De Donatis, qui a présidé l’ouverture de la phase diocésaine, le serviteur de Dieu Pedro Arrupe « était ouvert à la volonté du Père, volonté qu’il souhaitait accomplir en tout, grâce à son vœu de perfection. Il est resté enraciné dans le Christ, qu’il a aimé passionnément et, avec une confiance courageuse, s’est laissé guider sur son chemin par la sagesse et la liberté qui découlent du Saint-Esprit. »
Supérieur général pendant presque 20 ans
Né au Pays basque espagnol en 1907, Pedro Arrupe Gondra est entré au noviciat jésuite en 1927, après avoir terminé ses études de médecine à Madrid. Il a été ordonné prêtre en 1936. Après sa formation, la congrégation l’a envoyé comme missionnaire au Japon, où il est devenu maître des novices en 1942.
Lorsque les États-Unis ont largué une bombe atomique sur Hiroshima en 1945, le P. Pedro est venu en aide à la population : il a aidé à transformer le noviciat en hôpital de campagne et a utilisé sa formation médicale pour aider les blessés.
Élu Supérieur général de la Compagnie de Jésus en 1965, à la fin du Concile Vatican II, il a aidé la Congrégation à vivre ce tournant dans l’histoire de l’Église. Mais au cours de l’été 1981, une crise cardiaque l’a paralysé et lui a fait perdre l’usage de la parole. Abandonnant sa fonction, il a vécu une longue période de maladie.
« Plus que jamais, je me retrouve entre les mains de Dieu » a t-il dit dans son dernier discours, lu par un confrère. « C’est ce que j’ai toujours voulu depuis ma jeunesse. Mais maintenant, il y a une différence : Dieu a toute l’initiative. C’est pour moi une profonde expérience spirituelle que de me savoir et de me sentir totalement entre les mains de Dieu ». Ces derniers mots en tant que Supérieur général ont été accueillis par « un tonnerre d’applaudissements et un torrent de larmes ».
Une réputation de sainteté de son vivant
Ayant des qualités humaines indéniables, avec notamment une capacité d’écoute et une attention développée envers tous, le P. Pedro Arrupe menait une vie simple et « souhaitait rencontrer les affamés de pain et de l’Évangile ». Il donnait beaucoup d’attention aux plus petits et aux réfugiés. Il s’est révélé être un pionnier, un leader fort et compatissant.
Le P. Pedro avait un amour indéfectible pour l’Église et un désir ferme d’obéir aux papes qu’il a bien connus, étant eux-mêmes des figures de sainteté : saint Paul VI, bienheureux Jean-Paul Ier et saint Jean-Paul II. Ayant beaucoup écrit, il a également promu la redécouverte de la spiritualité ignatienne, a encouragé le dialogue œcuménique et interreligieux et a mis en avant les tentatives de réconciliation entre les peuples.
Enfin, cet « homme de Dieu » était très cher au pape François. Austen Ivereigh, biographe du pape, a décrit le P. Arrupe comme « une sorte de modèle pour le pape François ». Les deux hommes avaient une relation très étroite, et « Bergoglio le voyait comme un père spirituel ; il l’admirait énormément et était inspiré par lui ». Récemment encore, le pape demandait aux jésuites de Singapour de« faire face aux défis posés par la société avec un esprit de prière en suivant le modèle du P. Pedro Arrupe ».