© WIKIMEDIA COMMONS - Monica Elizabeth

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Chrétiens pro-vie : Il est temps d’élever la voix

La pensée de Tom Holland dans son livre « Dominion »

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par Mgr Robert Barron

ZENIT News – Word on Fire / Washington, 23.01.2024) – Le magnifique livre de Tom Holland,  Dominion, développe une proposition très simple, à savoir que le christianisme est à l’origine de nombreuses valeurs capitales que nous considérons comme allant de soi et que nous supposons être universelles. En fait, affirme-t-il, notre attachement à la dignité de l’individu, aux droits fondamentaux de l’homme, au principe d’égalité, et peut-être surtout à la nécessité de porter une attention particulière aux pauvres, aux marginaux et aux victimes, découle de convictions chrétiennes fondamentales.

Ce qui a poussé Tom Holland à se pencher sur cette question, ce sont ses recherches approfondies sur l’histoire de la Rome antique. Plus il étudiait la société romaine, plus elle lui paraissait étrange et différente de notre époque. Et plus il s’intéressait aux grands héros de Rome, plus ils lui semblaient étrangers et moralement problématiques. Pour ne citer qu’un exemple parmi tant d’autres, il nous invite à considérer la personnalité romaine la plus fameuse de l’Antiquité, Jules César. Désireux d’améliorer sa réputation politique, César s’est lancé dans une campagne militaire en Gaule (la France actuelle). Le succès remarquable qu’il a remporté en soumettant ce territoire dont il a fait une province romaine l’a couvert de gloire et a fait l’objet de son livre La Guerre des Gaules, encore lu aujourd’hui. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’au cours de cette conquête, César a provoqué la mort , selon une estimation prudente, d’un million de personnes et en a réduit un million d’autres en esclavage. César avait un grand nombre d’ennemis à Rome qui le soupçonnaient de convoiter le pouvoir. Pourtant – et Tom Holland le souligne – aucun de ses adversaires ne lui a reproché ce déchaînement meurtrier à travers la Gaule. Bien au contraire, tout Rome l’a félicité pour cela. La question se pose donc : pourquoi considérerions-nous aujourd’hui comme un criminel quelqu’un qui a tué et réduit en esclavage à une telle échelle, alors que même les meilleurs et les plus brillants acteurs de la société romaine antique considéraient César comme un héros ? La réponse tient en un mot : le christianisme.

Ce que les premiers chrétiens ont apporté à la culture romaine, c’est la croyance en un Dieu unique ayant créé chaque être humain à son image et à sa ressemblance et l’ayant ainsi doté de droits, de liberté et de dignité. Ce Dieu créateur s’était fait homme et  était allé volontairement jusqu’aux limites de la souffrance et de l’humiliation, selon les mots de saint Paul, « acceptant même la mort, la mort sur une croix ». Ils ont proclamé un sauveur victime de la tyrannie romaine et ressuscité par Dieu d’entre les morts. Et par cette proclamation, ils ont ramené tous les tyrannisés, toutes les victimes, tous les faibles et les oubliés des marges vers le centre. Bien entendu, ces croyances ont d’abord été considérées comme absurdes et les premiers chrétiens ont été brutalement persécutés à cause d’elles. Mais avec le temps, et grâce au témoignage et aux actes de personnes courageuses, elles  ont imprégné le tissu de la société occidentale. Elles ont pénétré si profondément notre conscience que nous en sommes venus, comme l’a affirmé Tom Holland, à les considérer comme allant de soi, sans les distinguer des valeurs humanistes générales.

Pourquoi tout cela est-il important pour nous aujourd’hui ? Nous vivons à une époque où la foi chrétienne est assez régulièrement dénigrée par ceux qui occupent les échelons supérieurs de la société, dans les universités et dans les médias. En outre, un grand nombre de personnes, en particulier des jeunes, abandonnent les églises et  délaissent les rituels et les pratiques religieuses. Inoffensif, pensez-vous, ou même à l’avantage d’une société qui atteint la maturité par la sécularisation ? Détrompez-vous. À mesure que la foi et la pratique chrétiennes disparaissent, les valeurs que le christianisme a apportées à notre culture disparaissent également. Les fleurs coupées peuvent fleurir pendant un certain temps une fois qu’elles ont été arrachées à la terre et placées dans l’eau, mais elles se faneront tôt ou tard. Nous nous berçons d’illusions si nous pensons que les valeurs du christianisme survivront longtemps à la disparition du christianisme lui-même.

Les signes de l’émergence d’un néo-paganisme abondent en effet. Dans de nombreux États américains, ainsi qu’au Canada et plusieurs pays européens, un régime d’euthanasie est en vigueur. Lorsque les personnes âgées ou malades deviennent gênantes, elles peuvent et doivent être éliminées. En outre, dans la plupart des pays occidentaux, lorsqu’un enfant dans le ventre de sa mère est considéré comme un problème, il peut être avorté à n’importe quel moment de la grossesse, jusqu’à la naissance. Dans mon État, le Minnesota, il a été proposé d’inscrire ce « droit » au meurtre de l’enfant à naître dans la constitution. Soit dit en passant, cela ressemble beaucoup à l’ancienne pratique romaine qui consistait à abandonner les nouveaux-nés non désirés aux éléments et aux animaux. A la lumière de l’analyse de Tom Holland, il est troublant de constater que les premiers chrétiens ont attiré l’attention de la culture romaine environnante précisément par leur volonté de sauver et d’accueillir ces bébés abandonnés.

Alors, que faut-il faire ? Les chrétiens doivent élever la voix pour protester contre la culture de mort. Et ils doivent le faire en revendiquant et en proclamant publiquement les valeurs qui découlent de leur foi. Pendant trop longtemps, les croyants ont été réduits au silence au motif que la religion serait une affaire « privée ». C’est absurde. Les valeurs chrétiennes ont façonné notre société depuis l’apparition du christianisme  et ont fourni le cadre moral cohérent que la plupart d’entre nous considèrent encore comme acquis. L’heure n’est pas à la quiétude. Il est temps pour nous de crier nos convictions sur les toits.

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Rédaction

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