Par Amy Balog
Un évêque tchadien a souligné la situation désespérée de plus de 100 000 réfugiés qui affluent dans sa région depuis le Soudan voisin, déchiré par la guerre.
Lors d’une visite au siège du projet international de l’organisation caritative catholique Aide à l’Église en détresse (AED), Mgr Philippe Abbo Chen, évêque de Mongo, dans l’est du Tchad, a décrit l’énorme défi que représente l’aide aux familles arrivant « sans aucune ressource ».
Selon l’Organisation internationale pour les migrations, près de quatre millions de personnes ont fui leur foyer depuis que les violences ont éclaté au Soudan en avril entre les forces de soutien rapide et les forces armées soudanaises.
L’évêque Chen a déclaré que la plupart des réfugiés étaient « des enfants, des personnes âgées et des femmes » et qu’ils vivaient dans une extrême pauvreté. Il a ajouté : « J‘ai vu un groupe enlever son voile et l’attacher à un arbre décharné pour avoir un peu d’ombre ». Et il a poursuivi : « Nous faisons ce que nous pouvons pour les aider, avec les ressources dont nous disposons, mais elles sont limitées. De plus, nous avons nos propres problèmes avec des conflits internes séculaires entre les agriculteurs et les pasteurs nomades ».
L’évêque a expliqué que les conflits surviennent souvent lorsque le bétail en liberté pénètre dans des champs privés et endommage les cultures.
L’évêque Chen est parfois appelé à intervenir dans des conflits entre agriculteurs et éleveurs, qui dégénèrent souvent en affrontements violents avec utilisation d’armes à feu. Il a déclaré : « La population du Tchad augmente également, ce qui entraîne des luttes pour les ressources, aggravées par la prolifération des armes à feu. Les disputes les plus simples peuvent dégénérer très rapidement lorsque des AK47 sont en jeu ».
Il a exprimé son inquiétude quant à l’avenir du pays où « le système éducatif s’effondre » et où « les prix des denrées alimentaires ont triplé. Dans ce contexte, notre église sert de refuge ».
Il a souligné que ses paroissiens ont parfois « peur de montrer leur foi dans certains environnements », mais qu’en général, les chrétiens du Tchad à majorité musulmane « sont parfaitement libres de vivre leur foi ». Et de conclure : « Nous avons une Église dynamique. Notre communauté n’est qu’une petite minorité, sur un territoire immense, mais elle a une mission d’évangélisation unique. Nous avons des centaines de baptêmes chaque année. Je tiens à remercier l’AED, qui a contribué à couvrir les frais d’études de deux séminaristes ».