Funérailles du séminariste Michael Nnadi © ACN

Funérailles du séminariste Michael Nnadi © ACN

Un séminariste tué pour avoir enseigné le « Notre Père » à son ravisseur

Des témoins sortent du silence et témoignent

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Par John Newton – Traduction Zenit

 

Deux étudiants catholiques enlevés dans un séminaire du nord-ouest du Nigeria ont raconté les faits qui ont conduit l’un de leurs camarades au martyre.

Pius Tabat et Stephen Amos ont été enlevés au séminaire du Bon Pasteur de Kaduna avec Peter Umenukor et Michael Nnadi. Ce dernier a été tué par ses ravisseurs.

Lors d’une conférence en ligne organisée par l’organisation caritative catholique Aide à l’Église en Détresse (AED), les deux hommes ont raconté avoir été surpris par des coups de feu lorsque leurs ravisseurs ont fait irruption dans le séminaire le soir du 8 janvier 2020.

Pius Tabat a déclaré : « Lorsque nous sommes arrivés à la porte, un pistolet a été braqué sur nos têtes. L’homme armé a pris nos téléphones, nos appareils et nos objets de valeur et nous a demandé de sortir. Ils nous ont fait franchir la clôture et nous éloigner pour que nous ne soyons pas repérés par les forces de sécurité. Cette nuit-là, nous sommes partis dans la brousse. »

Le groupe de quatre séminaristes a marché pendant trois ou quatre heures, ensuite on les a obligés à monter sur des motos pour le reste du trajet.

Le séminariste poursuit : « Plus tard, ils nous ont demandé d’appeler nos parents pour les informer que nous avions été enlevés. Ils nous frappaient pendant ces appels. Nous criions de douleur alors que nos parents écoutaient au téléphone. Cette pratique a duré environ deux semaines. Chaque fois que nous téléphonions, ils nous frappaient. »

Ils ont été battus sans relâche « tous les jours, sans pitié ». Le soir, on leur demandait de chanter des chansons et des chants chrétiens pendant que leurs ravisseurs continuaient à les frapper.

« Un de nos frères [Peter Umenukor] est tombé très malade, presque à l’article de la mort. Ils l’ont emmené et laissé au bord de la route, et ils ont dit à quelqu’un d’aller le chercher. Heureusement, il a survécu. »

Michael Nnadi, 18 ans, a été assassiné pour avoir prêché l’Évangile, selon son meurtrier, Mustapha Mohammed, le chef de gang. Ce dernier a finalement été arrêté fin avril 2020.

Pius Tabat a déclaré : « Au cours de ces journées, l’un des ravisseurs a commencé à poser des questions, et Michael a essayé de lui expliquer notre foi chrétienne. À un moment, il a demandé qu’on lui enseigne le « Notre Père », et Michael le lui a appris. Soit les ravisseurs ont deviné ce qui se passait, soit le garçon lui-même le leur a dit. Nous étions assis les yeux bandés et ils sont venus le chercher… Plus tard, le soir même, le chef du gang nous a dit qu’ils avaient tué notre frère et que, s’ils n’étaient pas payés le lendemain matin, ils nous tueraient aussi. Ce fut l’une des nuits les plus longues de notre vie. »

Il ajoute : « Le matin, ils nous ont appelés et nous ont rendu nos téléphones portables pour que nous puissions appeler nos parents et leur dire au revoir avant qu’ils ne nous tuent. Nous les avons appelés et sommes retournés dans nos tentes, laissant nos vies entre les mains de Dieu. Mais ce jour-là, ils ne nous ont pas tués. »

Trois jours plus tard, ils ont finalement été libérés. « Nous ne pensons pas que ce soit une coïncidence que nous ayons été libérés quatre jours après l’assassinat de notre camarade. C’était comme si son sang nous avait libérés, il a payé le prix de notre liberté. »

Le séminariste ajoute : « Il a été exécuté de sang-froid, son seul crime était d’être chrétien et séminariste catholique. »

Pius Tabat et Stephen Amos pensent que l’attaque du séminaire pourrait être due à l’hostilité de leurs ravisseurs envers la foi des étudiants.

Tabat continue : « Nos ravisseurs étaient des bergers peuls, ils parlaient la langue peul. Nous ne pouvons pas savoir quelle était leur motivation, mais les personnes que nous avons rencontrées en captivité étaient pour la plupart chrétiennes ; il n’est donc pas exagéré de dire qu’il s’agit avant tout d’une attaque contre notre foi chrétienne. Les lieux de culte ou les chefs musulmans ne sont jamais attaqués dans notre région, il semble donc que nous ayons été pris pour cible en raison de notre foi catholique. »

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Rédaction

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