Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo

Une invitation à la joie à partager, par Mgr Francesco Follo

Méditation pour le 3ème dimanche de l’Avent

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De Mère Teresa, « nous apprenons que la joie entre dans le cœur de celui qui se met au service ses petits et des pauvres. Dieu prend sa demeure en Celui qui aime de cette façon et son âme est dans la joie. Si, au contraire, on fait de la joie une idole, on se trompe de chemin et il est vraiment difficile de trouver la joie dont Jésus parle et que nous recevons dans la rencontre avec Jésus ».

Dans sa méditation des textes liturgiques du 11 décembre 2022, 3ème dimanche de l’Avent, ou « Dimanche de la joie », Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège à l’Unesco, invite à attendre la véritable joie, celle qu’apporte l’Evangile et « dont personne n’est exclu » : la présence même de l’Emmanuel, qui se donne aux pauvres.

 

Méditation de Mgr Francesco Follo : Une invitation à la joie à partager

 

Rite Romain

3ème dimanche de l’Avent – Année A – 11 décembre 2022

Is 35,1-6.8.10 ; Ps 145 ; Jc 5,7-10 ; Mt 11, 2-11

            1) Joie pour le Dieu proche.

            L’Evangile est joie, c’est une joyeuse et bonne nouvelle de Dieu qui naît parmi nous pour rester toujours avec nous : Il est l’Emmanuel, qui donne aux pauvres non seulement quelque chose mais qui se donne lui-même. L’évangile est l’annonce d’une Présence qui est joie. Pour cela, même si tout l’Avent est le temps de l’attente et de joie, ce dimanche est le dimanche de la joie.

Voyons comment la liturgie d’aujourd’hui nous présente cette joie de l’attente qui deviendra à Noël la félicité pour la possession d’un bien connu et aimé[1] : Jésus Christ.

Déjà dans l’antienne d’entrée de la Messe, l’Eglise nous invite à être toujours heureux, en utilisant les mots de Saint-Paul « Gaudete in Domino semper – réjouissez-vous dans le Seigneur, toujours » (Phil 4.4) [2].

Ensuite, dans la prière du début de la messe d’aujourd’hui, le prêtre présente notre désir de joie en priant ainsi : « Regarde, Père, ton peuple qui attend avec foi le Noël du Seigneur, et fait nous célébrer le grand mystère du salut avec une exultation renouvelée » (Collecte du 3ème dimanche de l’Avent).

Cette prière est suivie de la première lecture de la messe où Isaïe affirme : « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu » (Is 35,1s). Le prophète Isaïe propose cet hymne à la joie parce que le peuple d’Israël a été libéré de l’esclavage.

Le Psaume 145, ensuite, décrit toute la miséricorde de Dieu vers les besogneux et les marginaux. C’est un hymne de louange à la Providence du Seigneur : « Le Seigneur est fidèle, il rend justice aux opprimés, donne du pain aux affamés, libère les prisonniers. Il redonne la vue aux aveugles, relève celui qui est tombé, aime les justes, protège les étrangers. Il soutient l’orphelin et la veuve, il règne pour toujours de génération en génération ».

Ces expressions, nous les retrouvons dans la 3e lecture, celle de l’Evangile.

Dans cette 3ème lecture, Jésus enseigne l’Evangile de la joie non en proposant un discours mais en attirant l’attention sur le fait qu’avec Lui « les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l’évangile est annoncé aux pauvres » (Mt 11,2-5).

Jésus fait tant de miracles qui sont le signe de sa bonté, de sa tendresse, de son amour, de son salut pour toujours : de sa joie !

2) Jean le Précurseur et annonciateur de la joie.

Personne n’est exclu de la joie que nous attendons toujours plus intensément. Mais chacun de nous sait que ceci n’est pas une attente toujours facile. C’est pour cela que la lettre de Jacques (2ème lecture) parle de la patience du paysan. La personne patiente est celle qui, comme le paysan, attend le fruit se son travail jusqu’au temps opportun qu’il ne lui revient pas de déterminer. La personne patiente est celle qui ne se laisse pas abattre par les adversités mais qui reste ferme et solide dans son espérance « obstinée ».

Si nous revenons à l’Evangile d’aujourd’hui, nous voyons que, après avoir indiqué les oeuvres sur lesquelles il faut réfléchir et sur base desquelles il est possible donner un jugement sur Lui, le Rédempteur exprime sa pensée sur Jean le Précurseur. Il le fait en s’adressant à la foule. La grandeur de Jean ne consiste pas seulement dans l’austérité de sa vie et dans la force de son caractère. Elle est plutôt dans le fait d’avoir accepté le devoir de courir devant le Messie pour lui préparer le terrain. Le fait que Jean est envoyé pour appeler à la conversion et pour indiquer l’arrivée du Messie le qualifie de messager de joie.

Jean le Baptiste est venu rendre témoignage à Jésus et à la joie qu’il apporte. Comment peut-on ne pas être dans la joie si Jean nous indique le Christ comme l’agneau qui manifeste l’amour de Dieu avec la miséricorde ?

Le Baptiste « permit » à Jésus de descendre dans l’eau du Jourdain pour accomplir toute justice (cf. Mt 3,15), nous permettons à Dieu d’être l’Amour qui descend dans notre cœur pour accomplir en nous cette justice.

Jean, depuis petit et même encore avant de naître, indiqua la présence de Jésus tressaillant de joie dans le ventre de sa maman Elisabeth. Adulte, il devint petit pour que le Christ grandisse (cf. Jn 3,30). Nous aussi, devenons petits et laissons le Christ naître et grandir en nous, en dilatant notre coeur.

Alors nous serons dans la joie et cette joie nous rendra évidente la présence du Sauveur, comme il arriva à Jean le Précurseur.

Alors nous serons des témoins du Seigneur que nous attendons et que nous cherchons à aimer et à incarner, le Seigneur qui est réellement le Dieu aimant de la vie et le donneur de joie.

3) Témoins de la joie.

Dans l’Evangile de ce dimanche, face aux envoyés de Jean le Baptiste qui demandent à Jésus s’Il est le Messie, Jésus répond en disant ce qu’il fait : les miracles. Ces actions stupéfiantes parlent de son origine en Dieu : de sa mission rédemptrice. C’est Lui le Messie attendu, il n’y a rien aucun d’autre à attendre, parce que sa vie est un hymne à la charité, à la solidarité sur le mode parfait et définitif. Il ne faut pas attendre d’autre consolateur des affligés, d’autre samaritain qui soigne l’infortuné le long du chemin. Jésus assume la souffrance humaine, intervient avec ses pouvoirs pour sauver celui qui se trouve dans le besoin et porter dans le monde la joie évangélique.

Les saints continuent cette oeuvre du Christ. L’exemple plus récent est celui de Sainte Thérèse de Calcutta.

Cette missionnaire de la Charité et mère des pauvres est un très beau et actuel témoin de cette joie évangélique, qui naît d’un fait, d’un évènement de libération. Cette Sainte a été en contact avec la misère, la dégradation humaine, la mort, en vivant chaque jour parmi les plus pauvres des pauvres. Son âme a connu l’épreuve de la nuit obscure de la foi, et pourtant elle a donné à tous le sourire de Dieu. Elle-même exprime son expérience de joie de cette façon : « Nous attendons avec impatience le paradis, là où est Dieu, mais il est de notre pouvoir rester au paradis ici-bas et à partir de maintenant. Etre heureux avec Dieu signifie : aimer comme Lui, aider comme Lui, donner comme Lui, servir comme Lui » (La joie de se donner aux autres, Milan 1987, p 143).

De cette mère des pauvres nous apprenons que la joie entre dans le coeur de celui qui se met au service ses petits et des pauvres. Dieu prend sa demeure en Celui qui aime de cette façon et son âme est dans la joie. Si, au contraire, on fait de la joie une idole, on se trompe de chemin et il est vraiment difficile de trouver la joie dont Jésus parle et que nous recevons dans la rencontre avec Jésus. C’est ce que nous enseigne Pape François en écrivant : « La joie de l’Evangile remplit le cœur et la vie entière de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par Lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ, la joie naît et renaît toujours « . ( Es.Ap. Evangelii gaudium,1).

Un autre exemple actuel, contemporain de vie dépensée dans la joie du Christ attendu et accueilli avec joie nous vient des vierges consacrées dans le monde. Grâce à la virginité offerte pour le règne de Dieu, ces femmes instaurent un rapport d’amour personnel et exclusif avec le Christ. Le renoncement à l’amour humain (eros) pour vivre dans l’amour de Dieu (agape) témoigne que, pour elles, le Christ est tout. La joie est l’expérience d’être aimé, c’est pourquoi la joie de la vierge consacrée est le Christ : « Ceci sera la joie des vierges du Christ, joie à propos du Christ, joie en le Christ, joie avec le Christ, joie suivant le Christ, joie par le Christ, joie à cause du Christ » (Saint-Augustin d’Hippone, De virginitate, 27: PL 40, 411).

Cette joie est promise par  l’évêque pendant le rite de la consécration : « Le Christ, Fils de la Vierge et époux des vierges, sera votre joie et couronne sur la terre, jusqu’à ce qu’il vous conduise aux noces éternelles dans son règne, là où en chantant le chant nouveau vous suivrez l’Agneau partout où il aille » (RCV 27) et « Recevez l’anneau des noces mystiques avec le Christ et gardez intègre la fidélité à votre époux, pour que vous soyez accueillies dans la joie de la fête éternelle » (RCV 40).

Ces vierges consacrées sont des « femmes appelées à la prophétie de la joie … e à rayinner la lumière du visage de l’Epoux, reflétant par leur vie la beauté de l’harmonie et de l’amour du Christ dans ke concret, partageant les joies et les peines du  monde » Cette citation est prise de la préface du beau et fort utile livre De toutes les nations une unique Epouse – Ordo virginum, charisme ancien pour femme nouvelles  qui vient de sortir et téléchargeable  de ce lien https://www.libreriaeditricevaticana.va/img/cms/De%20toutes%20les%20nations%20une%20unique%20epouse/De%20toutes%20les%20nat/22_0805%20Copertina%20+%20testo.pdf),

Lecture patristique

Saint Augustin d’Hippone

Sermon 66

ANALYSE. – Après avoir rappelé les éloges que Jean avait faits de Jésus et les témoignages que Jésus avait rendus à Jean, saint Augustin se demande comment et pourquoi le Précurseur envoya vers le Sauveur deux de ses disciples pour lui demander s’il était le Messie. En doutait-il après l’avoir montré comme tel au peuple d’Israël ? Il n’en doutait pas, mais il voulait confirmer les siens dans la foi à Jésus-Christ. – Recommandation en faveur des pauvres.

  1. La lecture du saint Évangile a soulevé devant nous une question relative à Jean-Baptiste. Que le Seigneur nous accorde de la résoudre à vos yeux comme il l’a résolue aux nôtres.

Le Christ, vous l’avez entendu, a rendu témoignage à Jean, et il l’a loué jusqu’à dire de lui que nul ne l’a surpassé parmi les enfants des femmes. Mais au-dessus de lui était le fils de la Vierge. Et de combien au- dessus ? Le héraut nous dira lui-même quelle distance entre lui et le Juge qu’il annonce. Sans doute Jean a devancé le Christ par sa naissance et ses prédications ; mais il l’a devancé pour le servir et non pour se préférer en lui. Tous les officiers du juge ne le précédent-il pas ? Ils lui sont inférieurs, quoiqu’ils marchent devant lui. Or, quel témoignage Jean n’a-t-il pas rendu au Christ ? Il est allé jusqu’à proclamer qu’il n’était pas digne de dénouer la courroie de sa chaussure. Quoi encore ? « Nous avons, dit-il, reçu de sa plénitude (2). » II se donnait comme un flambeau allumé à sa lumière ; aussi se prosternait-il à ses pieds ; il craignait en s’élevant de s’éteindre au souffle de l’orgueil. Il était si grand qu’on le prenait pour le Christ, et que si lui-même n’eût publié qu’il ne l’était point, l’erreur se serait accréditée et on aurait cru qu’il Pétait. Quel homme humble ! Le peuple lui rendait de tels hommages, et il les dédaignait. On se trompait sur la nature de sa grandeur, et il s’abaissait davantage. Ah ! c’est que rempli du Verbe de Dieu, il ne voulait point de l’élévation que confère la parole des hommes.

  1. Mt 11,2-11 – 2. Jn 1,16
  2. Voilà ce que Jean dit du Christ ; mais le Christ, que dit-il de Jean ? Nous l’avons entendu tout à l’heure. « Il commença à dire de Jean à la multitude : Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ?» Assurément non, Jean en effet ne flottait pas à tout vent de doctrine. « Mais qu’êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, et plus qu’un prophète. Pourquoi plus qu’un prophète ? Les prophètes ont prédit le futur avènement du Seigneur ; ils ont désiré de le voir et ne l’ont pas vu ; mais Jean a obtenu ce qu’ils ont vainement cherché. Il a vu le Seigneur, il l’a vu, il l’a montré du doigt en s’écriant : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui efface le péché du monde (1), » le voici. – Déjà le Christ était venu, mais on ne le connaissait pas ; de là les fausses idées répandues sur Jean. Voici Celui que les prophètes ont désiré de voir, Celui qu’ils ont prédit, Celui que figurait la Loi. « Voici l’Agneau de Dieu, voici Celui qui ôte le péché du monde. » Tel est le témoignage glorieux rendu par lui au Seigneur.

Et de son côté : « Parmi les enfants des femmes, dit le Seigneur, il ne s’en est point élevé de plus grand que Jean-Baptiste. Mais Celui qui vient après lui dans le royaume des cieux est plus grand que lui ;» par l’âge il vient après lui, pansa majesté il est plus grand que lui,

  1. Jn 1,29

[1] S. Thomas d’Aquino, Summa Theologiae, I-IIæ, q. 31, a. 3.

[2] C’est grâce à cette antienne que ce dimanche a pris le nome de dimanche “Gaudete” c’est à dire « réjouissez-vous, car le Messie est vraiment proche.

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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