Ce matin, après avoir célébré la sainte messe en privé, le Saint-Père a rencontré les membres de la Compagnie de Jésus présents au Canada. Puis, à 10h45 (16h45 heure de Rome) le pape a rencontré une délégation d’autochtones à l’archevêché. Au cours de la rencontre, le pape François a adressé ses salutations à la délégation autochtone et à la fin les a salués individuellement.
À l’issue de la réunion, après avoir pris congé du personnel de l’archevêché, il a été conduit en voiture à l’aéroport international de Québec d’où, à 12h45 (18h45 heure de Rome) – à bord d’un A330/ ITA Airways – il est parti pour Iqaluit.
Nous publions ci-dessous la salutation du pape à la délégation autochtone présente à Québec :
« La Sainte Vierge Marie et sainte Kateri ont reçu de Dieu un projet de vie et, sans demander à qui que ce soit, ont donné leur « oui » avec courage. Ces femmes auraient pu mal réagir envers tous ceux qui s’opposaient à ce projet, ou rester soumises aux normes patriarcales de l’époque et se résigner, sans se battre pour les projets que Dieu avait lui-même imprimés en leurs âmes. Elles n’ont pas fait ce choix, mais avec douceur et fermeté, avec des paroles prophétiques et des gestes décisifs, elles ont ouvert la voie et accompli ce à quoi elles avaient été appelées. Puissent-elles bénir notre parcours commun, intercéder pour nous et pour cette grande œuvre de guérison et de réconciliation si agréable à Dieu. Je vous bénis de tout cœur. »
Chers frères et sœurs,
Je vous salue chaleureusement et vous remercie pour être venus ici de différents endroits.
L’immensité de cette terre fait penser à la longueur du parcours de guérison et de réconciliation auquel nous sommes confrontés ensemble. En effet, la phrase qui nous accompagne depuis le mois de mars, depuis que les délégués autochtones m’ont rendu visite à Rome, et qui caractérise ma visite ici parmi vous, est Cheminer ensemble : Walking Together.
Je suis venu au Canada en tant qu’ami pour vous rencontrer, pour voir, écouter, apprendre et apprécier comment vivent les peuples autochtones de ce pays. Je suis venu en tant que frère, pour découvrir de moi-même les bons et mauvais fruits produits par les membres de la famille catholique locale au fil des ans. Je suis venu dans un esprit de pénitence, pour vous exprimer la douleur que je porte dans mon cœur pour le mal qu’un certain nombre de catholiques vous ont cause en soutenant des politiques oppressives et injustes envers vous. Je suis venu comme pèlerin, avec mes possibilités physiques limitées, pour faire de nouveaux pas en avant avec vous et pour vous : pour poursuivre la recherche de la vérité, pour progresser dans la promotion des parcours de guérison et de réconciliation, pour aller de l’avant en semant l’Esperance pour les futures générations d’autochtones et de non-autochtones, qui souhaitent vivre ensemble fraternellement, en harmonie.
Mais je voudrais vous dire, presque à la fin de cet intense pèlerinage, que si je suis venu anime de ces désirs, je rentre chez moi beaucoup plus enrichi, car je porte dans mon cœur l’incomparable trésor fait de personnes et de peuples qui m’ont marqué ; de visages, de sourires et de paroles qui restent en moi ; d’histoires et de lieux que je ne pourrai pas oublier ; de sons, de couleurs et d’émotions qui vibrent fortement en moi. Vraiment, je peux dire que, lorsque je vous ai rendu visite, ce sont vos réalités, les réalités autochtones de cette terre, qui ont visité mon âme : elles sont entrées en moi et m’accompagneront toujours. J’ose dire, si vous me le permettez, que maintenant, d’une certaine manière, je me sens aussi comme un membre de votre famille, et j’en suis honoré.
Le souvenir de la fête de sainte Anne, vécue ensemble avec différentes générations et de nombreuses familles autochtones, restera indélébile dans mon cœur. Dans un monde malheureusement si souvent individualiste, comme il est précieux ce sentiment de familiarité et de communauté qui est si authentique chez vous ! Et combien il est important de bien cultiver le lien entre jeunes et personnes âgées, et de préserver une relation saine et harmonieuse avec l’ensemble de la création !
Chers amis, je voudrais confier ce que nous avons vécu ces jours-ci et la suite du chemin qui nous attend au soin attentionne de ceux qui savent garder ce qui compte dans la vie : je pense aux femmes, et a trois femmes en particulier. Tout d’abord à sainte Anne, dont j’ai pu sentir la tendresse et la protection, en la vénérant avec un peuple de Dieu qui reconnait et honore les grands-mères.
Ensuite, je pense à la Sainte Mère de Dieu : aucune créature ne mérite plus qu’elle d’être appelée pèlerine, parce que toujours, aujourd’hui encore, même maintenant, elle est en chemin : en chemin entre le Ciel et la terre, pour prendre soin de nous au nom de Dieu et pour nous conduire par la main à son Fils. Enfin, ma prière et ma pensée sont souvent allées ces jours-ci vers une troisième femme a la présence douce qui nous a accompagnés, et dont les reliques sont conservées non loin d’ici : je veux parler de Sainte Kateri Tekakwitha. Nous la vénérons pour sa sainteté de vie, mais ne pourrions-nous pas penser que sa sainteté de vie, marquée par un dévouement exemplaire dans la prière et le travail, ainsi que par sa capacité à supporter tant d’épreuves avec patience et douceur, ait été également rendue possible par certains traits nobles et vertueux hérites de sa communauté et de l’environnement autochtone dans lequel elle a grandi ? Ces femmes peuvent contribuer à rassembler, à tisser à nouveau une réconciliation qui garantisse les droits des plus vulnérables et sache regarder l’histoire sans rancunes ni oublis.
Deux d’entre elles, la Sainte Vierge Marie et sainte Kateri, ont reçu de Dieu un projet de vie et, sans demander à qui que ce soit, ont donné leur « oui » avec courage. Ces femmes auraient pu mal réagir envers tous ceux qui s’opposaient à ce projet, ou rester soumises aux normes patriarcales de l’époque et se resigner, sans se battre pour les rêves que Dieu avait lui-même imprimes dans leurs âmes. Elles n’ont pas fait ce choix, mais avec douceur et fermeté, avec des paroles prophétiques et des gestes décisifs, elles ont ouvert la voie et accompli ce à quoi elles avaient été appelées. Puissent-elles bénir notre parcours commun, intercéder pour nous et pour cette grande œuvre de guérison et de réconciliation si agréable à Dieu. Je vous bénis de tout cœur.
Et je vous demande, s’il vous plait, de continuer à prier pour moi. Merci