Le pape émérite, le métropolite, le hiéromoine Jean (Kopeïkine) et le P. Hyacinthe Destivelle op 25/09/2017 @ mospat.ru

Le pape émérite, le métropolite, le hiéromoine Jean (Kopeïkine) et le P. Hyacinthe Destivelle op 25/09/2017 @ mospat.ru

Grèce : «Le leitmotiv œcuménique» du voyage du pape François, par le p. Destivelle O.P.

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« La purification de la mémoire »

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« L’action commune, le témoignage commun, sont pour le pape François le chemin privilégié de l’unité », affirme le p. Hyacinthe Destivelle, o.p., official du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens.

Dans son entretien avec Vatican News du 30 novembre 2021, le p. Destivelle fait observer « le leitmotiv œcuménique » du voyage du pape François en Grèce et il évoque la collaboration entre catholiques et orthodoxes.

L’official du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens souligne que « le leitmotiv œcuménique du pape François est qu’il faut ‘marcher ensemble’, et que c’est sur ce chemin commun que l’unité nous sera donnée par l’Esprit Saint ».

En explorant l’étymologie du mot syn/odos, ‘marcher ensemble’, « on pourrait parler d’un œcuménisme ‘synodal’ », estime le p. Destivelle. C’est dans ce sens, poursuit-il, qu’on pourrait comprendre les paroles du pape qui parle d’une ‘grâce synodale’ « à propos de ses futures rencontres avec les primats des Églises orthodoxes », dans son message à l’occasion de son voyage.

Les deux rencontres avec l’archevêque d’Athènes, Hieronimos, explique l’official, seront « l’occasion d’approfondir » « ce ‘chemin commun’ et la ‘fraternité apostolique’ avec les responsables orthodoxes, mais aussi d’encourager les relations œcuméniques au niveau local dans ces pays où les catholiques sont une minorité ».

« Travailler ensemble » : « la question des migrants »

Le p. Destivelle souligne également que « sur le chemin œcuménique, le pape François insiste en particulier sur l’action commune, ‘travailler ensemble’ ». Il évoque « des gestes novateurs » du pape qui s’est rendu en 2016 à Lesbos, dans les camps de migrants, avec le patriarche de Constantinople et l’archevêque d’Athènes; « s’est engagé avec l’archevêque de Cantorbéry dans le processus de paix au Soudan du Sud » et « a rassemblé les leaders chrétiens du Moyen-Orient à Bari pour réfléchir et prier pour la paix ».

En ce qui concerne le voyage à Chypre et en Grèce, « la question des migrants » occupera « une place centrale » dans l’« action commune » des catholiques et des orthodoxes, estime l’official du Conseil pontifical.

Ce voyage, poursuit-il, « correspond aussi au fameux regard de Magellan’ adopté par le pape François dans ses voyages: regarder le ‘centre ‘ – l’Europe, l’Église catholique – à partir des ‘périphéries’, car ‘la réalité se voit mieux de la périphérie que du centre’ ». le p. Destivelle rappelle que « l’autoréférentialité est souvent citée par le pape François comme une des causes profondes de la division des chrétiens ».

« La purification de la mémoire » : la demande et l’acceptation du pardon

Revenant à l’histoire des relations entre les Églises occidentale et orientale après le Grand schisme de 1054, le p. Destivelle note qu’elles « ont été marquées par de profondes blessures de la mémoire historique ». « Les controverses théologiques », « les excommunications de 1054, le sac de Constantinople en 1204 … ont laissé jusqu’à nos jours des traces profondes dans la mémoire collective des orthodoxes grecs », dit-il.

Le p. Destivelle souligne que « l’Église orthodoxe grecque est restée plus blessée que d’autres Églises orthodoxes par le conflit avec l’Occident latin ». « L’unité ne pourra donc pas se construire sans purification de la mémoire », résume-t-il.

Il évoque la visite en Grèce du pape Jean-Paul II, premier pape à poser le pied dans ce pays après le Grand schisme, et le pardon que le pape polonais a demandé aux orthodoxes au nom des catholiques : « La nouveauté de la demande de pardon exprimée par Jean-Paul II à Athènes en 2001, explique le p. Destivelle, était qu’elle était unilatérale et adressée spécifiquement aux orthodoxes, le pape demandant pardon à Dieu ‘pour toutes les occasions passées et présentes où les fils et les filles de l’Église catholique ont péché par action et par omission contre leurs frères et sœurs orthodoxes’.»

« La purification de la mémoire nécessite la demande et l’acceptation du pardon », conclut le p. Destivelle.

« Un dialogue de la charité et de la rencontre »

L’official du Conseil pontifical pour l’Unité des chrétiens énumère les domaines de collaboration entre le Saint-Siège et l’Église orthodoxe grecque. La collaboration se passe « surtout dans le cadre de la Commission mixte de dialogue théologique international, à laquelle participe l’Église orthodoxe autocéphale de Grèce », explique-t-il.

Dans le domaine culturel, le Vatican collabore, entre autres, avec l’Apostoliki Diakonia, « un organisme qui dépend du Saint-Synode de l’Église orthodoxe grecque, qui organise des cours de grec pour les étudiants des universités pontificales ».

Dans le domaine académique, le p. Destivelle cite « la collaboration œcuménique entre l’Institut d’études œcuméniques de l’Université pontificale Saint Thomas d’Aquin (Angelicum) et le Master en théologie œcuménique orthodoxe de l’Université internationale hellénique, qui a été inaugurée cette année par le cardinal Kurt Koch ».

Ce sont des exemples, note-t-il, « qui montrent l’existence d’un dialogue de la charité et de la rencontre, un dialogue de la vérité -sur le plan théologique-, mais aussi d’un dialogue de la vie, en particulier s’agissant de l’œcuménisme culturel, de la collaboration pratique, qui participe aussi de ce chemin d’unité ».

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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