Pour enrayer les changements climatiques, le pape François appelle de ses voeux des « lois urgentes, sages et justes, qui surmontent les barrières étroites de nombreux cercles politiques et puissent parvenir le plus rapidement possible à un consensus adéquat et utiliser des moyens fiables et transparents ».
Le pape François a reçu ce samedi 9 octobre 2021 au Vatican environ 500 parlementaires impliqués dans la préparation de la COP26 de Glasgow et promue par l’Italie en collaboration avec le Royaume-Uni, à Rome, au Palazzo Montecitorio, du 8 au 9 octobre 2021.
Cette nouvelle intervention du pape s’inscrivait dans la continuité de la rencontre interreligieuse de lundi dernier, 4 octobre, en la fête de S. François d’Assise. Avec d’autres leaders religieux, le pape a lancé un appel face aux défis qui menacent la « magnifique maison commune ». Déjà il était question de « solidarité ».
Le pape les a encouragés à « contribuer à l’issue positive de la COP26 », en expliquant en quoi consiste cette « transition »: « Il s’agit de la transition vers un modèle de développement plus intégral et plus intégrant, fondé sur la solidarité et la responsabilité ; une transition au cours de laquelle les effets qu’elle aura sur le monde du travail doivent également être soigneusement considérés. »
Le pape indique deux mots-clefs: « J’espère donc que votre travail exigeant, en vue de la COP26, et même après elle, sera éclairé par deux « phares » importants : le phare de la responsabilité et le phare de la solidarité. »
Le pape dit son souci des jeunes: « Nous le devons aux jeunes, aux générations futures qui méritent tout notre engagement pour pouvoir vivre et espérer. »
Pour les préparer, le pape souligne un « défi éducatif important ». Il l’avait déjà souligné lors de l’ouverture d’une chaire pour l’écologie humaine intégrale au Latran, le 7 octobre, en partenariat avec l’UNESCO et avec le Phanar.
C’est son bras droit, le cardinal Secrétaire d’État Pietro Parolin que le pape a choisi comme chef de la délégation du Saint-Siège à la conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26) qui aura lieu début novembre à Glasgow, en Ecosse.
Voici notre traduction rapide, de travail, du discours que le pape a adressé aux parlementaires en italien.
AB
Discours du pape François
Honorables Mesdames et Messieurs !
Je vous souhaite la bienvenue et je remercie Mme Casellati et M. Fico pour leurs aimables paroles.
Il y a quelques jours, le 4 octobre, j’ai eu le plaisir de rencontrer différents chefs religieux et scientifiques pour signer un Appel commun pour la COP26. On a été poussés à cette rencontre, préparée depuis des mois par un dialogue intense, par la « prise de conscience – je cite l’Appel – des défis sans précédent qui nous menacent ainsi que la vie dans notre magnifique maison commune, [… et] de la nécessité d’une solidarité toujours plus profonde face à la pandémie mondiale et à la préoccupation « pour elle » (Faith and Science : Towards COP26 – Joint Appeal, 4 octobre 2021).
A cette occasion, animés d’un esprit de fraternité, nous avons pu sentir une forte convergence de toutes les voix différentes exprimant deux aspects. D’une part, la douleur pour les graves dommages causés à la famille humaine et à sa maison commune ; d’autre part, l’urgence d’amorcer un changement de cap capable de passer avec décision et conviction de la culture du jetable, prédominante dans notre société, à une culture du soin.
C’est un défi exigeant et complexe, mais l’humanité a les moyens de faire face à cette transformation, qui nécessite une vraie conversion et la ferme volonté de l’entreprendre. Elle l’exige notamment de ceux qui sont appelés à des postes de grande responsabilité dans les différents domaines de la société.
Dans l’Appel conjoint que nous avons signé, et que je vous confie idéalement en le remettant aux Présidents des deux Chambres du Parlement italien, apparaissent de nombreux engagements que nous entendons assumer dans le domaine de l’action et de l’exemple, ainsi que dans celui de l’éducation. En fait, nous sommes confrontés à un défi éducatif important, car « tout changement a besoin d’un parcours éducatif pour faire naître une nouvelle solidarité universelle et une société plus accueillante » (Message de lancement du Pacte pour l’éducation, 12 septembre 2019). Un défi en faveur d’une éducation à l’écologie intégrale pour laquelle nous, représentants des religions, nous sommes fortement engagés.
Dans le même temps, un appel est lancé aux gouvernements pour qu’ils adoptent rapidement un parcours qui limite l’augmentation de la température moyenne mondiale et donne une impulsion aux actions courageuses, en renforçant également la coopération internationale. Plus précisément, on appelle à promouvoir la transition vers une énergie propre ; à adopter des pratiques d’utilisation durable des terres tout en préservant les forêts et la biodiversité ; à promouvoir des systèmes alimentaires respectueux de l’environnement et des cultures locales ; à mener la lutte contre la faim et la malnutrition ; à soutenir des styles de vie, de consommation et de production durables.
Il s’agit de la transition vers un modèle de développement plus intégral et plus intégrant, fondé sur la solidarité et la responsabilité ; une transition au cours de laquelle les effets qu’elle aura sur le monde du travail doivent également être soigneusement considérés.
Dans ce défi, chacun a son rôle, et celui des parlementaires est particulièrement significatif, je dirais décisif. Un changement de route aussi exigeant que celui que nous avons devant nous requiert une grande sagesse, une clairvoyance et un sens du bien commun, vertus fondamentales d’une bonne politique. Vous les parlementaires, comme acteurs principaux de l’activité législative, avez pour tâche d’orienter les comportements à travers les différents instruments offerts par le droit, « qui établit les règles de conduite permises à la lumière du bien commun » (Lettre encyclique Laudato si’, 177) et sur la base d’autres principes cardinaux, tels que la dignité de la personne humaine, la solidarité et la subsidiarité (cf Compendium de la doctrine sociale de l’Église, 160 ss.). Le soin de notre maison commune s’inscrit naturellement dans le cadre de ces principes. Evidemment, il ne s’agit pas seulement de décourager et de sanctionner les mauvaises pratiques, mais aussi et surtout d’encourager et de stimuler de nouvelles voies plus adaptées au but à atteindre. Ce sont des aspects essentiels pour atteindre les objectifs fixés dans l’Accord de Paris et contribuer à l’issue positive de la COP26.
J’espère donc que votre travail exigeant, en vue de la COP26, et même après elle, sera éclairé par deux « phares » importants : le phare de la responsabilité et le phare de la solidarité. Nous le devons aux jeunes, aux générations futures qui méritent tout notre engagement pour pouvoir vivre et espérer. Pour cela, nous avons besoin de lois urgentes, sages et justes, qui surmontent les barrières étroites de nombreux cercles politiques et puissent parvenir le plus rapidement possible à un consensus adéquat et utiliser des moyens fiables et transparents.
Merci encore pour votre visite ! Que Dieu vous bénisse, vos familles et votre travail.
© Traduction de Zenit, Anita Bourdin