« Avec Dieu les fragilités ne sont pas des obstacles, mais des opportunités » pour grandir. C’est ce qu’a affirmé le pape François avant la prière de l’angelus, ce dimanche 3 octobre, en commentant l’Evangile du jour. Il a invité à prier ainsi : « Seigneur, regarde mes fragilités… » et à « les énumérer devant lui ».
De la fenêtre du bureau du Palais apostolique, avant la prière de l’angelus avec les pèlerins et touristes rassemblés Place Saint-Pierre, ce dimanche 3 octobre 2021, le pape François a commenté l’Evangile de saint Marc (9, 35-37) dans lequel Jésus ne « s’indigne » pas devant les questions des pharisiens sur le caractère licite ou non du divorce, mais devant ses disciples qui « pour lui épargner de la fatigue, éloignent de lui les enfants ».
Jésus invite à accueillir le Royaume de Dieu « à la manière d’un enfant », rappelle le pape. « Voilà la nouveauté », a-t-il souligné : « le disciple ne doit pas seulement servir les petits, mais se reconnaître petit lui-même ». Et de poser la question : « chacun de nous se reconnaît-il petit devant Dieu ? ». Contre « l’illusion « d’être autosuffisants, de nous suffire à nous-mêmes », savoir qu’on est petit et « qu’on a besoin de salut » est un « premier pas » vers le Royaume.
Voici notre traduction, de l’italien, des paroles du pape François avant l’angélus de midi.
Paroles du pape François avant l’angelus
Chers frères et sœurs, bonjour !
Dans l’Evangile de la liturgie de ce jour, nous voyons une réaction de Jésus plutôt insolite : il s’indigne. Et ce qui surprend le plus, c’est que son indignation n’est pas causée par les pharisiens qui le mettent à l’épreuve avec des questions sur la licéité du divorce, mais par ses disciples qui, pour le protéger de la bousculade, réprimandent des enfants qu’on amène à Jésus. En d’autres termes, le Seigneur ne s’indigne pas envers ceux qui discutent avec lui mais envers ceux qui, pour lui épargner de la fatigue, éloignent de lui les enfants. Pourquoi ? C’est une bonne question : pourquoi le Seigneur agit-il ainsi ?
Nous nous souvenons – c’était l’Evangile d’il y a deux semaines – que Jésus, en accomplissant le geste d’embrasser un enfant, s’était identifié aux plus petits : il avait enseigné que ce sont justement les petits, c’est-à-dire ceux qui dépendent des autres, qui ont besoin et qui ne peuvent rendre, qui doivent être servis les premiers (cf. Mc 9, 35-37). Celui qui cherche Dieu le trouve là, dans les petits, dans ceux qui sont démunis : démunis non seulement de biens, mais de soins et de réconfort, comme les malades, les humiliés, les prisonniers, les immigrés, les détenus. Il est là : dans les petits. Voilà pourquoi Jésus s’indigne : tout affront fait à un petit, à un pauvre, à un enfant, à une personne sans défense, c’est à lui qu’il est fait.
Aujourd’hui le Seigneur reprend cet enseignement et le complète. Il ajoute en effet : « celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas » (Mc 10, 15). Voilà la nouveauté : le disciple ne doit pas seulement servir les petits, mais se reconnaître petit lui-même. Et chacun de nous se reconnaît-il petit devant Dieu ? Réfléchissons-y, cela nous aidera. Se savoir petit, savoir qu’on a besoin de salut, est indispensable pour accueillir le Seigneur. C’est le premier pas pour s’ouvrir à lui. Mais souvent, nous l’oublions. Dans la prospérité, dans le bien-être, nous avons l’illusion d’être autosuffisants, de nous suffire à nous-mêmes, de ne pas avoir besoin de Dieu. Frères et sœurs, c’est une erreur, parce que chacun de nous est un être pauvre, un petit. Nous devons chercher notre propre petitesse et la reconnaître. Et c’est là que nous trouverons Jésus.
Dans la vie, se reconnaître petit est un point de départ pour devenir grand. Si nous y réfléchissons, nous ne grandissons pas tant en fonction de nos succès et de ce que nous avons, mais surtout dans les moments de combat et de fragilité. C’est là, dans le besoin, que nous mûrissons ; c’est là que nous ouvrons notre cœur à Dieu, aux autres et au sens de la vie. Nous ouvrons les yeux sur les autres. Nous ouvrons les yeux, quand nous sommes petits, au véritable sens de la vie. Quand nous nous sentons petit devant un problème, petit devant une croix, une maladie, quand nous éprouvons lassitude et solitude, ne nous décourageons pas. Le masque de la superficialité tombe et notre radicale fragilité émerge : c’est ce que nous avons de commun, notre trésor, parce qu’avec Dieu les fragilités ne sont pas des obstacles, mais des opportunités. Voici ce que serait une belle prière : « Seigneur, regarde mes fragilités… » et les énumérer devant lui. C’est une bonne attitude devant Dieu.
En effet, c’est précisément dans la fragilité que nous découvrons à quel point Dieu prend soin de nous. L’Evangile d’aujourd’hui dit que Jésus est très tendre avec les petits ; « Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains » (v. 16). Les contrariétés, les situations qui révèlent notre fragilité sont des occasions privilégiées pour faire l’expérience de son amour. Ceux qui prient avec persévérance le savent bien : dans les moments d’obscurité ou de solitude, la tendresse de Dieu à notre égard se fait – pour ainsi dire – encore plus présente. Lorsque nous sommes petits, nous ressentons encore plus la tendresse de Dieu. Cette tendresse nous donne la paix, cette tendresse nous fait grandir, parce que Dieu s’approche à sa manière, qui est proximité, compassion et tendresse. Et quand nous sentons que nous ne sommes pas grand-chose, que nous sommes petits, quelle qu’en soit la raison, le Seigneur s’approche davantage, nous le sentons plus proche. Il nous donne la paix, il nous fait grandir. Dans la prière, le Seigneur nous serre contre lui, comme un papa avec son enfant. C’est ainsi que nous devenons grands : non pas dans la prétention illusoire de notre autosuffisance – cela ne fait grandir personne – mais dans la force qui nous vient de mettre notre espérance dans le Père. Tout comme le font les petits, c’est ce qu’ils font.
Demandons aujourd’hui à la Vierge Marie une grande grâce, celle de la petitesse : être des enfants qui font confiance au Père, sûrs qu’il ne manque pas de prendre soin de nous.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat