Mère Teresa de Calcutta - WIKIMEDIA COMMONS - Manfredo Ferrari

Mère Teresa de Calcutta - WIKIMEDIA COMMONS - Manfredo Ferrari

Fête de Mère Teresa de Calcutta

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Amoureuse confiance, abandon, joie

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Mère Teresa de Calcutta:

Sainteté: la charité au-delà de tous les confins,

Fenêtre vers le ciel, mains ouvertes vers la terre

 

Missionnaire c’est à dire Mère        Charité c’est-à-dire Dieu

A) Le saint est un bâtisseur. Sainteté, charité et société

Quand une vie, faite d’une poussière de jours, devient-elle digne d’entre dans l’Histoire et mérite d’être célébrée, en faisant mémoire d’elle ? Quand, sur la scène du monde quelqu’un devient-il acteur ?

Voici la réponse de l’homme de la rue : « Dans l’Histoire entre celui/celle qui a fait des grandes choses, qui a changé la vie de peuples entiers, accomplis des actions héroïques. » Réponse raisonnable, du simple bon sens. Toutefois, elle ne fait pas vraiment justice à la question, car l’oubli peut dissimuler des faits et des personnes, comme le sable du désert peur recouvrir toute uni ville. Voici la réponse que je propose à la lumière de ce que Mère Teresa (1910 – 1997) a été et est :  Le véritable acteur de l’Histoire, l’authentique protagoniste de l’Histoire est le saint/la sainte, c’est-à-dire la personne vraie, qui a compris que la grandeur ne consiste pas dans l’autosuffisance, mais dans accepter d’être aimée par Dieu et de partager cet amour avec le prochain. Le saint/la sainte est la personne vraie, dont le témoignage de vie attire, interpelle et trascine, parce que il/elle manifeste un ‘expérience humaine transparente, comble de la présence du Christ le Fils de Dieu, le Saint par excellence.

La vie sainte de Mère Teresa s’est déroulée entièrement sous le signe de l’amour du Christ, qui est la Vie, sous le signe d’un vrai amoure qui est toujours fécond et, donc, source de vie, défense et promotion de la vie.

Si les femmes et les hommes de notre temps ont été si touchés par ce que M. Teresa a réalisé, c’est parce qu’elle incarnai l’amour et la compassion de Dieu, surtout pour les derniers des derniers.

Je m’explique avec cette anecdote. Le jour des funérailles de Mère Teresa, qui ont été célébrées dans le Stadium de Calcutta, les Sœurs avaient préparé l’autel pour la Messe et, comme il est prévu par le rite, elles ont mis un Crucifix qui avait été peint par un artiste hindouiste comme cadeau à la Mère. Avant l’arrivée de cercueil avec le corps de M. Teresa, arriva le Ministre pour les Cultes qui dit : « Il faut retirer la Croix, parce que il s’agit d’obsèques d’Etat et pour respect aux autres religions. » Les sœurs ne savaient pas quoi faire. Si respecter les règles de l’Eglise ou l’indication du Ministre. Heureusement, le Premier Ministre de l’Inde arriva avant que les autres personnalités. Alors, les Sœurs lui soumirent le problème. Et le Premier Ministre affirma immédiatement : «  Si cette femme a fait tout ce qu’elle a fait pour cet Homme, cette Croix reste où elle est ».

L’amour du Christ est un amour qui mendie le cœur de l’homme et pousse l’homme à devenir mendiant de Dieu. Mendier était devenu pour Mère Teresa une nécessité, non seulement ni tellement pour recevoir de l’argent afin de venir en aide aux pauvres, mais surtout la charité même de Dieu, afin d’élever jusqu’à Dieu l’humanité des plus pauvres.

 

B) La Charité est la forme de la justice. Diplomatie de la Charité, Etique de la Charité et politique de la Charité 

L’amour dans la vérité (Caritas in veritate), dont Mère Teresa s’est faite le témoin dans sa vie, est la force dynamique essentielle du vrai développement de chaque personne et de l’humanité tout entière. L’amour est une force extraordinaire qui pousse les personnes à s’engager avec courage et générosité dans le domaine de la justice et de la paix.

L’amour donne une substance authentique à la relation personnelle avec Dieu et avec le prochain. Il est le principe non seulement des micro-relations: rapports amicaux, familiaux, en petits groupes, mais également des macro-relations: rapports sociaux, économiques, politiques.

L’amour dans la Vérité est le principe sur lequel cette grande Bienheureuse fonda sa vie et son action, qui fut profondément et intégralement juste parce que amoureuse.

« La charité dépasse la justice, parce que aimer c’est donner, offrir du mien à l’autre ; mais elle n’existe jamais sans la justice qui amène à donner à l’autre ce qui est sien, c’est-à-dire ce qui lui revient en raison de son être et de son agir. Je ne peux pas « donner » à l’autre du mien, sans lui avoir donné tout d’abord ce qui lui revient selon la justice. Qui aime les autres avec charité est d’abord juste envers eux. Non seulement la justice n’est pas étrangère à la charité, non seulement elle n’est pas une voie alternative ou parallèle à la charité: la justice est « inséparable de la charité »  (Paul VI, Lett. enc. Populorum progressio (26 mars 1967), n. 22: AAS 59 (1967), 268; La Documentation catholique (par la suite: DC ) 64 (1967) col. 682; cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. past. sur l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et Spes, n. 69, §1), elle lui est intrinsèque. La justice est la première voie de la charité ou, comme le disait Paul VI, son « minimum », une partie intégrante de cet amour en « actes et en vérité » (1 Jn 3, 18) auquel l’apôtre saint Jean exhorte. D’une part, la charité exige la justice: la reconnaissance et le respect des droits légitimes des individus et des peuples. Elle s’efforce de construire la cité de l’homme selon le droit et la justice. D’autre part, la charité dépasse la justice et la complète dans la logique du don et du pardon. La cité de l’homme n’est pas uniquement constituée par des rapports de droits et de devoirs, mais plus encore, et d’abord, par des relations de gratuité, de miséricorde et de communion. La charité manifeste toujours l’amour de Dieu, y compris dans les relations humaines. Elle donne une valeur théologale et salvifique à tout engagement pour la justice dans le monde » (Benoit XVI, Lett. enc. Caritas in Veritate, n. 6)

Mai je pense que pour aider à bien comprendre l’héritage de Mère Teresa il faut souligner encore deux choses.

Lorsque Mère Teresa mourut à l’âge de quatre vingt sept ans, elle fut largement  admirée pour son amour généreux de Dieu et elle se donna au service des pauvres à travers le monde entier.

Cependant, comme elle révéla de manière résolue si peu ce qui se passait  en elle, on a mis en doute l’intensité de son amour pour Dieu et les âmes. Maintenant  que grâce aux découvertes faites pendant le processus de sa béatification et de sa canonisation, nous avons une vue neuve et privilégiée sur l’âme de Mère Teresa, sur sa communion mystique avec Dieu qui a façonné sa vie, son enseignement et ses œuvres de charité.

Il y peut-être deux  « secrets » dans son cœur qui ont plus particulièrement marqué et inspiré sa relation avec Jésus. Le premier concerne un vœu personnel extraordinaire que Mère Teresa a fait en 1942. Le second se rattache à la source de l’inspiration de Mère Teresa pour servir le plus pauvre de tous les pauvres. Ces deux trois phénomènes nous amènent à apprécier plus amplement la profondeur de la sainteté de Mère Teresa ainsi que la pertinence de son exemple et de son message pour notre temps, particulièrement si on les met en rapport les uns par rapport aux autres.

C. Le vœu de 1942 – « Quelque chose de beau » pour Jésus

Mère Teresa était par dessus tout une femme amoureuse de Dieu. Elle semble être tombée amoureuse de Lui très tôt et avoir progressé dans cet amour sans obstacle sérieux. Son  éducation a été marquée par la foi Catholique et une vie spirituelle sérieuse. Elle révèle dans un certain nombre de lettres personnelles que Jésus a été le premier et l’unique a captiver son cœur : « depuis l’enfance le Cœur de Jésus a été mon premier amour. » Au cours  de cette intimité avec Jésus, Mère Teresa a reçu une grâce particulière au moment de sa Première Communion : « Depuis l’âge de 5 ans et demi, lorsque je L’ai reçu pour la première fois, l’amour des âmes est venu avec. Cela a augmenté avec les années. »

En effet,  l’amour de Mère Teresa pour Jésus et son prochain a tellement augmenté qu’à l’âge de dix-huit ans, elle quitta sa famille et sa patrie pour répondre à l’appel de Jésus pour une vie de missionnaire en Inde en tant que Sœur de Loreto. Huit ans plus tard, elle a prononcé ses vœux définitifs pour le Christ en tant que religieuse. Six mois après avoir prononcé ses vœux définitifs, elle était toujours en effroi mêlé de respect lorsqu’elle pensait à la joie intense que  l’événement avait provoqué. «  Si vous pouviez savoir combien j’étais heureuse » écrivait-elle de  chez elle à son père spirituel à Skopje, Fr. Jambrekovic, S.J. « J’aurais pu mettre le feu à mon propre holocauste de mon plein gré ( par ex. offre de sacrifice). … Je veux être entièrement à Jésus … Je donnerais tout pour Lui même ma vie. »

Donc si l’on veut imiter Mère Teresa, il faut « faire quelque chose de beau pur Jésus », vivant l’amour dans la vérité et dans la joie.

 

D. « L’inspiration » de Mère Teresa

 Depuis qu’elle avait prononcé ses premiers vœux en mai 1931, Mère Teresa a été envoyée à la Communauté des Sœurs de  Loreto à Calcutta et a enseigné à l’école St. Mary Medium School  pour jeunes filles de Bengali. L’école était rattachée au couvent et accueillait des orphelins et des enfant pauvres à la fois des élèves en externat et en internat. Parmi d’autres responsabilités, la jeune  religieuse zélée s’occupa d’une autre école de Loreto, l’école St. Teresa Medium School de Bengali, située sur la Lower Circular Road. L’excursion quotidienne à travers la ville lui permit d’observer les besoins et les souffrances des pauvres. En mai 1937 après que Mère Teresa prononça ses vœux définitifs en tant que Sœur de Loreto, elle continua à St. Mary, en enseignant le catéchisme et la géographie. En 1944, elle devint la Principale de l’Ecole.

En classe, Mère Teresa était bien plus qu’une présence. Elle voulait faire partager à ses élèves  sa vision surnaturelle de la vie et les amener à une foi plus profonde .Elle a également eu l’occasion de servir les pauvres dans des cliniques dirigées par les Sœurs de Loreto. Ces rencontres eurent un impact important sur elle. Tout ceci a montré que cela était l’environnement providentiel  dans lequel Dieu était en train de la préparer pour sa future mission, bien qu’elle n’en fût jamais consciente. Pendant ces années à Loreto, Mère Teresa a été remarquée pour sa charité, sa générosité et son courage , sa capacité pour le travail pénible,  un talent naturel pour l’organisation et un esprit joyeux. Elle était une religieuse qui priait beaucoup, croyante et fervente. Bien que personne n’eût connaissance de son vœu personnel en 1942, son amour et sa générosité étaient évidents pour tous. Elle était très aimée et admirée des Sœurs de sa communauté ainsi que de ses élèves et internes de St. Mary.

Mère Teresa quitta le couvent de Loreto à Entaly, Calcutta,  pour un congé et une retraite de huit jours à Darjeeling le soir du lundi 9 septembre 1946. Le lendemain, lorsqu’elle était dans le train, Mère Teresa entendit pour la première fois la voix de Jésus sous la forme d’une locution intérieure. Pendant les mois qui suivirent, par le biais d’autres locutions intérieures et de visions intérieures, Jésus lui demanda d’établir une communauté religieuse qui serait au service du plus pauvre des pauvres, et comme Mère Teresa le formula, « pour étancher sa soif de l’amour et des âmes.» Cette expérience dans le train se révéla être la plaque tournante dans la vie de mère Teresa ; elle fit toujours  référence à celle-ci  en tant qu’un « appel dans l’appel.»  Le 10 septembre devint une fête du « Jour de l’Inspiration. » parmi les Missionnaires de la Charité.

Enfin, à mon avis, il y a une troisième chose à souligné, qui n’est pas un secret, mais qui n’est pas très connue : Mère Teresa était joyeuse.

“La meilleure façon de montrer notre reconnaissance à Dieu et à la gens est accepter chaque chose avec joie” (Mère Teresa de Calcutta)

« La joie est prière, qu’elle soit le signe de notre générosité, de notre altruisme, de notre amitié avec le Christ. (Mère Teresa de Calcutta)

La joie est amour : un cœur joyeux est le normal résultat d’un cœur qui brule par amour, donc il faut donner le plus possible avec joie, La joie est un réseau d’amour. La joie est notre force (Nm 8,10), aimait souvent dire Mère Teresa.

Quand pour la première fois je découvris que l’esprit de Mère Teresa est composé pas seulement par l’amoureuse confiance (loving trust) et par le total abandon (total surrender),mais aussi par la joie (cheerfulness), j’en fut surpris. Oui, je fut surpris par la joie !

Après, en rencontrant cette sainte femme et ses sœurs, je les ai toujours vues souriantes, leur joie, partagée en donnant à manger aux pauvres, mais surtout en se donnant avec joie et tendresse à Dieu et aux pauvres. J’ai compris encore mieux que l’Evangile est cette heureuse nouvelle qui se communique avec et par la joie.

Une des phrases de M. Teresa qui m’a toujours et le plis touché est : « Ne laissez pas qu’aucune tristesse soit si forte au point tel de vous faire oublier que le Christ est ressuscité ».

Sainteté est gratuité et reconnaissance.

 

© Mgr Francesco Follo

 

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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