Alfonsina Morini Strada, publicité des Années 20, wikimedia commons, DP

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Cyclisme: Alfonsina Strada dans les trente « premiers » du Tour d’Italie

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L’Osservatore Romano évoque cette pionnière du « Giro »

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La vie d’Alfonsina Morini Strada (1891-1959), une cycliste italienne, la seule femme à avoir officiellement participé, en 1924, au « Giro d’Italia » (« Tour d’Italie »), un des trois grands tours cyclistes masculins, est au cœur du nouveau roman de Simona Baldelli, présenté par Nicla Bettazzi dans L’Osservatore Romano en italien le 8 juin 2021.

Dans son livre, Alfonsina e la strada (Alphonsine et la route), publié chez Sellerio (Palerme, 2021), l’écrivaine italienne et lauréate de plusieurs prix littéraires Simona Baldelli raconte « une histoire émouvante mêlant les faits concrets et l’imagination littéraire ».

Alfonsina Morini est née à la fin du dix-neuvième siècle, dans une famille très pauvre ; elle est la seconde de dix enfants et vit « dans des conditions de misère presque totale, où toutes les énergies sont orientées vers la survie ».

Mais elle a « un potentiel de vitalité extraordinaire et une forte imagination » « Elle croit en cette machine presque magique, aussi belle que son nom, bicyclette, qui scintille « comme l’eau de source », qui va vite sur la route et qui l’aide à penser l’inimaginable. »

À dix ans, Alfonsina fugue la nuit « pour faire de la bicyclette, découvrir des villages voisins et des « choses nouvelles » ».

Très jeune, elle participe aux compétitions et, surtout, « elle gagne malgré les préjugés et l’embarras de ses parents honteux d’être apparentés à la « folle », à ce « diable en jupons » ».

Elle épouse un garçon « gentil et visionnaire, « au sourire tendre et fou », qui la comprend et la soutient : « comme tu es belle sur ta bicyclette ! N’en descend jamais ! » » : Luigi « Strada ». C’est lui qui lui offrira sa « première vraie bicyclette, une Maino « noire, brillante, avec un beau guidon de course et des poignées en bois » ». Elle continuera de porter son nom, même après son second mariage.

En 1924, Alfonsina participe au Giro d’Italia (Tour d’Italie): elle a été « la première et l’unique femme à se lancer dans cette entreprise, concourant avec les hommes. C’est « un défi qui fait aussi peur aux hommes : 3 613 kilomètres divisés en 12 étapes, la plus courte étant de 230 kilomètres ; la plus longue, celle qui va de Bologne à Fiume, représente 415 kilomètres. Entre les deux, une journée de repos ». Alfonsina sera parmi les trente athlètes qui termineront l’aventure, sur les 108 au départ.

Simona Baldelli croise l’histoire personnelle d’Alfonsina avec la grande Histoire, à travers deux Guerres mondiales, la « Marche sur Rome » de Mussolini (1922), à laquelle participe l’un des frères d’Alfonsina, l’Affaire Matteotti – député socialiste assassiné à Rome en 1924…

Le roman se déroule « sur une seule journée et les faits se succèdent sur plusieurs périodes, il y a des digressions, des rappels, le souvenir des moments de découragement, de l’envie de prendre un train, de se retirer de la compétition et des circonstances merveilleuses qui l’en ont empêchée », comme cette rencontre : « Vous n’allez pas vous retirer ? (…) – Pourquoi pas ? ». Il se mit au garde-à-vous. « Dans ce cas, Madame, il n’y a pas de place pour vous dans ce train (…). Il y a tant de mauvaises choses qui se passent là-bas, Madame Alfonsina, les gens ont besoin de penser à autre chose, de croire aux rêves. (…) Vous êtes une bonne rêverie, vous faites croire aux gens qu’ils peuvent réaliser l’impossible ». Il l’éloigna du train en la poussant doucement « Je ne veux pas être celui qui supprime l’espérance ». »

Avec une traduction d’Hélène Ginabat

 

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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