S. Dominique par Fra Angelico (v. 1437), retable, Pérouse, DP

S. Dominique par Fra Angelico (v. 1437), retable, Pérouse, DP

S. Dominique, «Prêcheur de la Grâce», par Timothy Radcliffe O.P.

Réaction à la lettre du Saint-Père à l’Ordre des Prêcheurs

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« Prêcheur de la Grâce »

Réaction à la lettre du Saint-Père à l’Ordre des Prêcheurs

St. François et St. Dominique étaient connus comme étant amis, la lettre du premier Pape portant le nom de St. François est pour nous un vrai cadeau de chaleureuse fraternité aux frères et sœurs de St. Dominique, à l’occasion du 800ème anniversaire de sa mort. Le Saint-Père commence par saluer Dominique comme le « Prêcheur de la Grâce ». L’expression fondamentale de cette grâce était la fraternité de la Famille de Dominique, qui, dès le début, était composée de frères, de sœurs et de laïcs. Cela correspondait à un monde dans lequel les anciennes hiérarchies verticales du féodalisme s’effondraient et où les villes étaient remplies d’étrangers. Cela nous renvoie à notre monde d’aujourd’hui, qui subit une transformation radicale similaire, car nous sommes natifs d’un monde nouveau et à peine connu, le continent numérique.

La grande famille de Dominique n’est pas seulement notre maison en un temps incertain, mais un petit signe du Royaume, dans lequel tous sont appelés à se découvrir mutuellement comme frères et sœurs du Christ. Ainsi, à chaque génération, nous sommes poussés vers l’extérieur pour trouver des frères et sœurs inconnus, comme lorsque le premier groupe de frères s’est rendu aux Amériques et a vigoureusement défendu la dignité des indigènes, que Bartolomé de Las Casas voyait comme le Christ crucifié mille fois. Vers quels nouveaux frères et sœurs sommes-nous maintenant envoyés ? La pandémie met en lumière le fait qu’en temps de crise, les nations riches sont tentées de restreindre le cercle de ceux que nous reconnaissons comme nôtres.

Dominique se tient à la fois au centre de l’Église – in medio ecclesiae – chérissant les vérités salvatrices de la foi, mais il nous envoie aux « périphéries » pour étudier, enseigner et apprendre. Si nous ne pensons pas avec l’Église, nous n’avons rien à dire, mais si nous ne sommes pas proches de ceux qui sont loin de l’Église, si nous ne compatissons pas à leur expérience et si nous ne sommes pas ouverts à leurs questions, nous serons incapables de partager la bonne nouvelle. Ce sont souvent les artistes qui prêchent avec le plus de force une parole à la fois nouvelle et ancienne.

Le pape François attire l’attention sur le gouvernement « synodal » que Dominique a laissé à l’Ordre. Il maintient dans l’unité ceux qui n’ont pas peur d’être parfois en désaccord, les formant à s’écouter les uns les autres dans la recherche d’une vérité plus « spacieuse ». Cela peut être une inspiration pour l’Église qui s’aventure sur la voie synodale à une époque où les débats fructueux sont souvent entravés par l’incompréhension mutuelle.

Lorsque St. Dominique était en train de mourir, il a assuré à ses frères qu’il leur serait plus utile de prier pour eux au ciel qu’avec eux sur la terre. Qu’il nous donne maintenant le courage et la liberté de prêcher avec courage et créativité !

 

Fr. Timothy RADCLIFFE, OP

 

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Rédaction

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