« Tous les États et les organisations politiques peuvent jouer un rôle fondamental dans la réalisation du désarmement nucléaire », affirme le cardinal Silvano Tomasi, ancien observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies et à l’Organisation mondiale du commerce. Il faut, souligne-t-il, « dégager des fonds pour relancer l’économie ».
Interviewé par le Conseil œcuménique des Églises, le cardinal a réagi à l’entrée en vigueur, le 22 janvier dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, indique Vatican News du 21 février 2021.
Selon le cardinal, ce Traité annonce le début d’une « nouvelle ère » en droit international et représente un signe d’une opinion publique estimant « de plus en plus » qu’il n’est « pas juste que les États utilisent et possèdent des armes nucléaires ».
Mais l’ancien observateur permanent du Saint-Siège souligne que « personne ne se berce d’illusions en pensant que les déclarations morales seules conduiront au désarmement ». Cependant, poursuit-il, « les normes nouvellement promulguées peuvent soutenir et même guider des négociations complexes, en espérant atteindre l’objectif d’un monde sans armes nucléaires ».
Le cardinal Tomasi rappelle le rôle du Saint-Siège et des autres Églises chrétiennes qui continuent à lutter pour le désarmement nucléaire, notamment par des initiatives de sensibilisation et des campagnes de pression sur les décideurs politiques. De même, les acteurs de la société civile « peuvent, affirme-t-il, avoir un réel impact dans les sociétés démocratiques ».
Le cardinal italien rappelle que « la simple existence des armes nucléaires » représente un « risque constant » pour la sécurité mondiale, mais aussi un obstacle au développement : « Les investissements croissants dans les armes découlent d’un sentiment d’insécurité, mais, explique-t-il, une société ne peut jamais être sûre si les besoins essentiels de ses citoyens ne sont pas satisfaits. »
Évoquant la proposition du pape de créer un Fonds mondial pour le développement humain avec l’argent précédemment investi dans les armes, le cardinal souligne que « la création de ce Fonds réduirait le risque de conflit, car elle va dans le sens de l’élimination des arsenaux nucléaires, de la réaffectation des fonds pour atteindre les objectifs de développement durable et du respect des engagements des États en matière de sécurité intégrale ».
Le cardinal Tomasi conclut en disant qu’en cette « période de difficultés économiques pour tous les États, y compris les grandes puissances » – liée à la pandémie de Covid-19 – « il est essentiel de pouvoir dégager des fonds pour relancer l’économie ». « Réduire les crédits alloués à la course aux armements et les consacrer à la relance économique est en fait un choix stratégique pour les États qui souhaitent maintenir leur rôle prééminent dans le système international », affirme le cardinal Tomasi.