Mgr Ivan Jurkovic © RV

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Commerce et développement : il faut contrôler le système financier mondial, avertit Mgr Jurkovic

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« La pandémie et ses retombées ont mis en évidence de graves lacunes dans le dispositif de la mondialisation » et « celles-ci auront probablement un impact durable sur les efforts futurs », avertit Mgr Ivan Jurkovic. C’est pourquoi, estime-t-il, « la communauté internationale ne peut pas laisser le système financier continuer à être une source d’instabilité économique mondiale ; elle doit prendre d’urgence des mesures pour prévenir le déclenchement d’autres crises financières ».

Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies à Genève, est intervenu à l’occasion de la deuxième session du comité préparatoire (PrepCom) de la XVe conférence ministérielle de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), à Genève, le 11 décembre 2020.

Rappelant que l’ « objectif simple, mais très ambitieux » de la CNUCED consiste à « faire en sorte que le système économique mondial fonctionne pour tout le monde », le représentant du Saint-Siège demande que sa Délégation soit « incluse dans la consultation du Bureau élargi pour la négociation de la CNUCED XV » afin de contribuer concrètement à « faire du prochain document ministériel un point de référence utile et pratique pour l’avenir ».

Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Ivan Jurkovic.

HG

Intervention de Mgr Ivan Jurkovic

Monsieur le Président,

D’emblée, ma délégation tient à vous remercier pour le leadership dont vous avez fait preuve tout au long du processus de préparation de cette session, en particulier en ces temps difficiles. Avec la présentation du projet zéro, nous entamons officiellement une nouvelle phase pour la XVe Conférence ministérielle de la CNUCED. Le Saint-Siège tient à remercier tout particulièrement La Barbade d’avoir confirmé sa décision d’accueillir la conférence dans un contexte de pandémie. Cet engagement sincère en faveur du multilatéralisme offre un exemple fort pour renforcer notre détermination dans les mois à venir. Nous remercions tout particulièrement le secrétariat pour ses efforts dans la préparation du document et de cette session virtuelle.

Au cours des réunions préparatoires de cette année ainsi que des sessions du Conseil du commerce et du développement, il est apparu que la pandémie et ses retombées ont mis en évidence de graves lacunes dans le dispositif de la mondialisation et que celles-ci auront probablement un impact durable sur les efforts futurs, les pays en développement cherchant à tirer avantage de l’économie mondiale. Dans cette perspective, la CNUCED 15 offrira à la communauté du développement la première occasion d’aligner l’Agenda 2030 sur la « nouvelle normalité » mondiale.

La CNUCED 15 offre une occasion unique de coordonner les efforts mondiaux pour un avenir plus sain. Nous devons transformer les approches mondiales en matière de commerce et de développement si nous espérons tracer un chemin durable vers une meilleure reprise. Néanmoins, au lieu de « reconstruire en mieux » comme d’aucuns l’ont demandé, nous devons reconstruire certains aspects entièrement à partir de la base. En effet, pour beaucoup trop de personnes, il n’est plus possible de recommencer comme avant. En bref, comme le souligne le document de position du Saint-Siège, il est impératif que la conférence de La Barbade marque le début d’une nouvelle décennie décisive de développement, en tirant les enseignements des occasions manquées des dix dernières années.

Depuis sa création, la CNUCED a été la plus forte voix multilatérale disponible pour la communauté des nations en développement, donnant une impulsion constante à la réforme du système économique mondial pour s’assurer qu’il bénéficierait réellement à l’ensemble de l’humanité. La CNUCED existe donc avec un objectif simple, mais très ambitieux : faire en sorte que le système économique mondial fonctionne pour tout le monde. Malheureusement, dans le scénario actuel, et avec les sombres projections de l’impact potentiel que l’épidémie de Covid-19 aura sur les économies du monde entier pour cette année et l’année à venir, un tel objectif semble plus éloigné que jamais.

Dans le cadre de nos travaux des prochains mois, qui culmineront avec la conférence de La Barbade, nous devons adopter une approche constructive, en gardant à l’esprit la devise de la CNUCED : « La prospérité pour tous ». Une déclaration aussi concise mais exigeante nous guide depuis la création de cette conférence. Les conséquences de la crise actuelle vont bien au-delà de la sphère financière et s’étendent aux domaines économique, social et culturel. Pour ces raisons, la communauté internationale ne peut pas laisser le système financier continuer à être une source d’instabilité économique mondiale ; elle doit prendre d’urgence des mesures pour prévenir le déclenchement d’autres crises financières.

Monsieur le Président,

 Comme l’a souligné ma délégation en présentant, pour la première fois, son document de position pour la CNUCED XV, « l’heure n’est pas à l’indifférence, car le monde entier souffre et doit être uni pour faire face à la pandémie. (…) Puissent ceux-ci, les plus vulnérables de nos frères et sœurs vivant dans les villes et les périphéries de toutes les parties du monde, ne pas être abandonnés » (1) C’est pourquoi la délégation du Saint-Siège souhaite demander à être incluse dans la consultation du Bureau élargi pour la négociation de la CNUCED XV et apporter une contribution concrète pour faire du prochain document ministériel un point de référence utile et pratique pour l’avenir.

Je vous remercie, Monsieur le Président.

(1) Pape François, Message Urbi et Orbi, 12 avril 2020.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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