Card. Arizmendi, Consistoire © Vatican Media

Card. Arizmendi, Consistoire © Vatican Media

«Offrir au monde la lumière que nous avons reçue», par le card. Arizmendi

Un service pastoral auprès des indigènes

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« Nous devons offrir au monde la lumière que nous avons reçue », a déclaré le nouveau cardinal Felipe Arizmendi, évêque émérite de San Cristobal de Las Casas, au Mexique, qui a été créé cardinal par le pape François au cours du consistoire du 28 novembre 2020.

Avant de devenir le septième cardinal du Mexique, il s’est entretenu avec Zenit en espagnol (Larissa Lopez) .

Chaque semaine, le cardinal Arizmendi partage avec Zenit en espagnol ses réflexions sur des sujets d’actualité : « Je n’écris pas parce que j’ai beaucoup de temps, parce que je n’ai rien à faire, pour faire de la publicité, ou pour des intérêts économiques (personne ne me paie rien), mais pour allumer une allumette au milieu de l’obscurité », précise-t-il. Mgr Arizmendi a passé plus de 40 ans à écrire pour différents médias, civils et religieux et il le fait « en raison de l’urgence d’évangéliser les différents événements nationaux et mondiaux à la lumière de la Parole de Dieu et du Magistère ecclésial ».

Note biographique

Responsable de la Doctrine de la Foi au sein de la Conférence épiscopale mexicaine (MEC), le cardinal Arizmendi a une grande expérience dans l’Église au Mexique, principalement auprès des communautés indigènes et en tant que membre du département de la culture et de l’éducation du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM).

Il a été ordonné prêtre le 25 août 1963 dans le diocèse de Toluca, aujourd’hui archidiocèse. Il y a servi comme prêtre jusqu’en 1991, lorsque le pape Jean-Paul II l’a nommé évêque de Tapachula, à Chiapas, une ville frontalière avec le Guatemala et l’un des principaux points de passage des Centraméricains vers le Mexique.

Neuf ans plus tard, saint Jean-Paul II le nomme évêque de San Cristobal de Las Casas, diocèse de la région de Los Altos de Chiapas. Cette circonscription est connue pour ses peuples indigènes et se trouve dans l’un des États les plus pauvres du Mexique.

En 2015, à l’occasion de son 75e anniversaire, il présente sa démission au pape François. Elle est acceptée deux ans plus tard et, depuis lors, il est évêque émérite de San Cristobal de Las Casas.

Le futur cardinal a appris sa nomination en célébrant la messe à Chiltepec, son lieu de naissance, un petit village agricole : « J’ai commencé la journée par la Liturgie des Heures, ignorant totalement l’annonce que le pape venait de faire … Dans ma prière à l’Office de la Lecture, j’ai l’habitude de méditer sur le message de l’Angélus précédent … J’ai ouvert mon ordinateur et j’ai commencé à voir de nombreux messages de félicitations. Je suis allé sur la page du Vatican et j’ai vu la nouvelle, avec étonnement et angoisse. »

Collaborer à la mission pétrinienne

Après avoir énuméré les noms des cardinaux dans l’Angélus du 25 octobre dernier, le pape François a demandé une prière pour chacun d’eux afin que « confirmant leur adhésion au Christ », ils l’aident dans son « ministère d’évêque de Rome, pour le bien de tous les saints fidèles du peuple de Dieu ».

Interrogé sur la signification de ces mots du pape, le cardinal Arizmendi a déclaré : « Ils impliquent pour moi de continuer à rendre ce service d’évangélisation, non seulement dans les articles que j’écris chaque semaine, mais dans tout ce qui est nécessaire. »

Il a raconté comment se passe sa vie au quotidien : « Souvent les évêques me demandent d’accompagner les Exercices spirituels de leurs prêtres ; aider à la sanctification des clercs est une tâche de premier ordre. Si le pape nous confie une tâche spécifique, nous devons être prêts à collaborer à sa mission pétrinienne. À 80 ans, je ne pense pas qu’on me confiera davantage, mais simplement à continuer de porter le service de l’évangélisation, qui n’est pas seulement la tâche de Pierre, mais celle de tous les disciples de Jésus. »

Service pastoral auprès des indigènes

Le cardinal Arizmendi a expliqué que ce titre accordé par le pape François, plus qu’une reconnaissance personnelle, est un hommage aux peuples indigènes du Mexique et aux évêques, prêtres et religieux qui servent ces communautés.

Interrogé sur son expérience en tant qu’évêque de Tapachula et de San Cristóbal de Las Casas, et surtout sur la signification de la mission, il a répondu : « Je suis le fruit de ma famille, de mon village natal, de l’archidiocèse de Toluca qui m’a formé. Ce sont mes racines, que je n’ai jamais voulu couper. »

Le diocèse de Tapacula représente pour lui « l’incarnation d’une réalité pluriculturelle, car il y a des Chinois, des Japonais, des Allemands et de nombreux Guatémaltèques là-bas ». « Lorsque je suis arrivé, a-t-il raconté, il y avait quelque 50 000 réfugiés guatémaltèques, qui avaient quitté leur pays à cause de la guerre qui a tant fait de mal à ces frères. De plus, c’est un passage pour des milliers de migrants, et j’ai dû poursuivre le travail de mon prédécesseur, Luis Miguel Canton Marin, pour les aider humainement ».

Le diocèse de San Cristobal de Las Casas, a représenté pour lui « un défi douloureux et compromettant », car il y en avait beaucoup qui appréciaient son prédécesseur et « d’autres qui le rejetaient ». « Je me suis retrouvé dans un diocèse très divisé, en particulier sur la question des indigènes », a-t-il expliqué. Néanmoins, « grâce à l’Esprit Saint et au bon cœur de tous, nous avons pu progresser dans l’inculturation de l’Église et de l’Évangile, et dans le processus de réconciliation ecclésiale ».

En ce qui concerne la situation actuelle du territoire, le cardinal a expliqué qu’elle « continue d’être une situation de pauvreté et de marginalisation ». Parmi les principaux défis, selon lui : « une meilleure attention à ces facteurs fondamentaux du développement intégral », « le service humanitaire aux nombreux migrants », « le processus d’inculturation pour les traductions bibliques et liturgiques, et le rapprochement des cœurs indiens, qui sont divisés entre eux sur des questions agraires, sociales, politiques et religieuses, et entre Indiens et métis ». « C’est un processus sans fin », a-t-il fait remarquer.

La visite du pape en 2016

Le pape François s’est rendu à San Cristobal de Las Casas le 15 février 2016. Mgr Arizmendi estime que cette visite a été « un signe éloquent pour tous les Indiens ; ils ont senti qu’ils étaient pris en compte et qu’ils avaient de la valeur dans l’Église et dans la société ».

L’évêque a suggéré au pape de déjeuner avec treize Indiens « et il a accepté avec plaisir ». « Ce fut un moment sublime de communion fraternelle et très étroite, a expliqué le nouveau cardinal. Au cours de nombreuses conversations avec les maîtres de cérémonie du pape, nous avons pu constater de nombreux signes d’inculturation catholique dans la messe. »

« Le service fraternel de l’amour »

À la question de savoir comment sera sa vie en tant que cardinal, le collaborateur de Zenit a affirmé : « J’espère que rien ne changera, et que tout continuera comme avant. Beaucoup de personnes continuent de m’appeler « Père Felipe », « frère évêque », et j’espère qu’on ne me donnera pas des titres de cardinal ! »

« Je prie l’Esprit, sans vanité pour ce titre, car les titres ne sont pas le plus important dans la vie, mais c’est le service fraternel de l’amour. Ce qui est déterminant, ce qui nous rend plus précieux, c’est d’aimer Dieu et notre prochain », a-t-il souligné.

Avec une traduction d’Hélène Ginabat

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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