Héléna Delannoy @ Diaconie de la Beauté

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La Diaconie de la Beauté témoigne: Héléna Delannoy

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La lecture d’Etty Hillesum

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Héléna Delannoy fait partie de ces jeunes artistes qui donnent tout d’eux-mêmes pour témoigner la beauté de Dieu. En cette première semaine de l’Avent, tous ces talents aux couleurs arc-en-ciel redonnent de la beauté au monde. Héléna évangélise par son art, comédienne, elle livre son témoignage aux lecteurs de Zenit. Notamment sa découverte de Hetty Illesum.

Héléna Delannoy @ Diaconie de la Beauté

Héléna Delannoy @ Diaconie de la Beauté

Quand j’ai rencontré Vincent et Priscille, responsables de cette magnifique maison de la Diaconie de la Beauté à Nantes (1ère maison du mouvement), ils m’ont immédiatement manifesté leur enthousiasme pour accueillir mon spectacle sur Etty Hillesum que je présente depuis plus de trois ans dans différents lieux (plus de 40 représentations). Grâce à leur collaboration, trois représentations ont été données en octobre juste avant le 2ème confinement. C’était pour moi une réjouissance, car je crois très fort, comme la Diaconie, que la « Beauté sauvera le monde » !

Je suis comédienne et metteuse en scène de théâtre. J’ai fait trois ans d’étude dans une école qui s’appelle l’ENSATT, initiales pour « École Nationale des Arts et Techniques du théâtre », qui se trouve à Lyon.

Mon parcours m’a amenée aussi à intégrer l’institut Philanthropos de Fribourg en Suisse, pour une année d’études anthropologiques et philosophiques. Et il se trouve également que je suis jeune mariée depuis un an !

Quand j’étais petite, ma mère m’a inscrite à un cours de théâtre et ça m’a beaucoup plu. J’ai rapidement compris que je ne pouvais pas faire autre chose de ma vie. J’ai fait un parcours très classique quand on veut devenir comédienne : après le BAC, j’ai intégré un conservatoire de théâtre, puis j’ai tenté les concours des grandes écoles supérieures. Par chance, j’ai obtenu celui de l’ENSATT de Lyon.

Malheureusement, quand je suis sortie de l’école, la réalité du métier de comédien m’a écœurée et j’ai souhaité tout remettre en question. Ce moment-là a été un carrefour très significatif dans ma vie : en même temps que je vivais ce bouleversement quant à ma vie professionnelle, j’ai fait une rencontre très forte avec Dieu en la personne du Christ, et parallèlement j’ai rencontré Fabrice Hadjadj, directeur de l’institut Philanthropos, qui m’a proposé d’intégrer son école. Cette année d’étude a été décisive car elle m’a permis de fonder les bases d’une spiritualité chrétienne que je découvrais, et de reconsidérer mon projet de vie en cherchant comment mieux l’orienter vers Dieu. J’avais besoin de chercher ce que j’avais envie de dire sur le monde, en tant qu’artiste.

A la suite de cette année d’études philosophiques, j’ai lu le journal d’Etty Hillesum, jeune femme juive hollandaise prise dans le génocide juif de la Seconde Guerre mondiale. Ça a été un énorme coup de cœur. J’ai eu envie de créer un spectacle à partir de ses écrits. Pour produire ce projet, il était nécessaire de fonder une compagnie de théâtre, que j’ai appelé « la compagnie Haut les cœurs ! » en référence au moment de la prière eucharistique où le prêtre dit « Sursum corda », c’est-à-dire « élevons notre cœur » en Français. Cette expression résonne de manière forte pour moi avec l’attitude que j’aimerais avoir dans la vie en gardant haut le cœur sans se laisser abattre par le découragement.

Etty Hillesum est née en 1914 aux Pays-Bas dans une famille de tradition juive. Elle commence à écrire son journal intime en mars 1941, à l’âge de 27 ans, à l’instigation de son psycho-chirologue, Julius Spier, qui deviendra le catalyseur de son cheminement spirituel. Prisonnière d’un marasme psychique, Etty éprouve un profond mal de vivre et cherche un sens à sa vie. Par son accompagnement psychologique et spirituel, Julius Spier l’aide à canaliser ses forces vitales et à reconnaître la présence de Dieu en elle-même.

Dans son journal, elle décrit les mesures restrictives de plus en plus austères contre les Juifs d’Amsterdam, jusqu’à son transfert au camp de transit de Westerbork où elle séjournera elle-même pour y travailler dans “l’assistance sociale aux personnes en transit” organisée par le Conseil juif. Elle sera déportée à son tour à Auschwitz en septembre 1943 avant d’y mourir deux mois plus tard. Elle a alors 29 ans. Ce que l’on découvre au fil des pages de son journal, c’est un chemin d’amour qui élargit son cœur et son intelligence. Un itinéraire qui l’introduira peu à peu dans une intimité avec Dieu. Elle essaie d’apprendre à

prier en s’agenouillant sur le tapis de sa salle de bain, et petit à petit se déploie au fond d’elle-même une vraie liberté intérieure qui se maintiendra jusqu’au bout au travers de cette période infernale.

Il me paraît crucial de nos jours de faire entendre sa parole porteuse d’une réelle espérance. Pas d’un espoir en toc comme “ça ira mieux demain !”, car Etty n’était que trop consciente que les menaces extérieures iraient en s’empirant. Mais une vraie espérance qui trouve sa source dans la bonté de la vie. Au contact de Julius Spier, elle découvre l’amour pour Dieu et pour toute l’humanité, jusqu’au don absolu de soi, jusqu’à l’abnégation la plus totale, tout en gardant, avec une admirable constance, son indéfectible amour de la vie, et sa foi inébranlable en l’Humain.

Le processus de création du spectacle s’est échelonné sur quatre ans. J’ai commencé par sélectionner les extraits qui m’intéressaient dans les quelques trois cents pages d’Une vie bouleversée, recueil des écrits d’Etty Hillesum regroupant son journal rédigé entre 1941 et 1943, et les soixante-quinze lettres qu’elle a envoyées depuis le camp de Westerbork. Il s’agissait ensuite pour moi de porter la voix d’Etty, seule en scène, pendant deux heures de spectacle, avec tout l’engagement que ce texte requiert. Après cinq semaines de répétitions, j’ai livré la première représentation en octobre 2017, et j’ai eu la joie d’avoir présenté le spectacle plus de quarante fois depuis, devant plus de mille spectateurs !

Ce qui m’intéresse, c’est d’aller vers les périphéries, où les spectateurs n’ont pas l’habitude d’aller au théâtre. Ainsi, je donne des représentations dans toutes sortes de lieux : des paroisses, des maisons de retraite, chez des particuliers, vous pouvez consulter le site internet : hautlescoeurs.org

 

 

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Rédaction

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