Justin Welby © Vatican Media

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« Témoigner de l’espérance »: l’archevêque Welby aux médias du Vatican

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La vision de Fratelli tutti, pour toute l’humanité

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« La tâche de ceux qui dirigent l’Église est de témoigner de l’espérance dans les moments difficiles », affirme le primat de l’Église anglicane, Justin Welby. « Jésus n’est pas venu apporter l’espérance à un monde où les choses allaient bien, mais à un monde fragile et brisé, un monde rempli de personnes fragiles, blessées et pécheresses », explique-t-il en ajoutant que « les chrétiens sont appelés à être des personnes porteuses d’espérance ».

Un an après sa rencontre avec le pape François, le 13 novembre 2019, l’archevêque de Cantorbéry Justin Welby a accordé une longue interview aux médias du Vatican dans laquelle il a parlé de l’importance de la prière, de l’unité des chrétiens au temps de la pandémie ainsi que de la récente encyclique Fratelli tutti et de son souhait de pouvoir voyager avec le pape au Soudan du Sud pour « encourager l’approfondissement de la paix et la croissance de la société ». L’interview a été publiée en Une de L’Osservatore Romano et par Vatican News en diverses langues ce mardi 17 novembre 2020.

Pour promouvoir l’espoir en cette période de peur et de souffrance, les dirigeants chrétiens sont appelés à « témoigner de l’espérance », affirme le primat de l’Église anglicane. « En suivant l’exemple de Jésus et son enseignement d’aimer notre prochain, nous pouvons contribuer à le faire, explique-t-il. Si nous vivons notre foi en Christ et que nous plaçons les personnes vulnérables, pauvres et marginalisées au centre, alors nous vivons le message d’espérance. »

Dans une lettre récente à la nation britannique, l’archevêque Welby a invité au calme, au courage et à la compassion. Le calme, dit-il, « nous donne l’espace nécessaire pour faire le point et agir délibérément. Il est lié au terme hébreu « shalom » et rappelle le ‘grand calme’ qui a suivi le retour de Jésus dans l’Évangile selon Matthieu ». Pendant cette période difficile, ajoute-t-il, « les chrétiens de toutes les dénominations ont cherché à aider et aident les autres, que ce soient leurs voisins ou des personnes dans le besoin ». « Il est clair que, face à la pandémie de coronavirus, nous sommes tous dans le même bateau », affirme l’archevêque.

Fratelli tutti : une vision « pour l’humanité tout entière »

Le primat de l’Église anglicane souligne l’importance de l’encyclique Fratelli tutti en notant que c’est « un document très intense qui propose une vision systématique, ambitieuse et courageuse pour un monde futur meilleur ».

Les références du pape à ses rencontres avec des personnalités telles que le patriarche œcuménique et le Grand imam, « l’inspiration qu’il tire du Mahatma Gandhi et les références à Martin Luther King Jr et à l’archevêque Desmond Tutu montrent que sa vision n’est pas seulement pour l’Église catholique, mais pour l’humanité tout entière », affirme Justin Welby.

Le pape François « prend à cœur tous les aspects de la vie humaine, de l’individu à l’entreprise multinationale, de la famille au monde du commerce et de l’industrie ou de la politique », explique l’archevêque.

« En ayant des contacts avec des gens comme le Grand Imam », selon Justin Welby, le pape « montre qu’il n’y a pas de fatalité dans les conflits interreligieux ou culturels ».

Dans Fratelli tutti, poursuit-il, le pape François « entrelace l’individu et le social, rejetant les extrêmes et soulignant leur interdépendance ». L’archevêque cite le prêtre et poète anglican du 17e siècle, John Donne : « Aucun homme n’est une île, complète en soi ». « Chaque personne est connectée aux autres, et quand l’une d’entre elles souffre, les autres souffrent avec elle », souligne le primat de l’Église anglicane.

L’encyclique contient « un chapitre très fort qui examine la parabole du Bon Samaritain », note l’archevêque : « Le Bon Samaritain a surmonté le nationalisme et les préjugés avec un amour inconditionnel. Dans cette relation d’amour et de soins, il n’y avait ni Hébreu ni Samaritain, mais deux êtres humains, l’un dans le besoin et l’autre pourvoyant à ce besoin. La réponse chrétienne à l’égoïsme est l’amour, un message qui traverse tout le texte de Sa Sainteté. »

Le mouvement œcuménique : créer « des relations de confiance et d’amitié » 

L’archevêque Welby s’arrête aussi sur « des avantages réels et tangibles » du mouvement œcuménique qui crée « des relations de confiance et d’amitié », « en dépassant les différences confessionnelles ».

Il invite à voir « nos frères et sœurs chrétiens dont nous sommes séparés à cause d’un événement historique ou en raison de questions doctrinales » comme « de vraies personnes du Christ, des pèlerins en chemin et des gens aimés de Dieu et servis par Dieu, dont nous pouvons apprendre ».

« Les êtres humains ont tendance à construire des barrières et à marquer leur territoire », explique le primat. « Ce que le mouvement œcuménique a fait et continue de faire, c’est de faire en sorte que ces frontières s’érodent lentement. »

Justin Welby évoque la Déclaration conjointe sur la Doctrine de la justification catholique-luthérienne comme « un pas plus important » qui a été « franchi » sur le chemin œcuménique. « De temps en temps, la frontière est ouverte et devient perméable », dit-il.

La prière : « la lymphe vitale de notre relation avec Dieu »

« Je prie chaque jour pour le Premier ministre et pour tous ceux qui doivent prendre chaque jour des décisions politiques quasi impossibles », dit Justin Welby : « Je ne l’admets pas comme si c’était un secret coupable; c’est mon devoir, et c’est quelque chose que je fais volontiers et volontairement pour lui et pour les autres. »

La prière est « la lymphe vitale de notre relation avec Dieu », poursuit l’archevêque. « La prière est belle, intime et toujours surprenante. La prière est une participation à la création et à la re-création ; dans la prière, nous nous changeons nous-mêmes et le monde change. »

Il invite à commencer « par la prière », « si nous voulons voir les choses changer » : « non pas en envoyant une liste de demandes au ciel, mais en permettant à Dieu de nous changer – pour nous rendre plus semblables au Christ ».

Son amitié avec le pape François

En parlant du pape François, l’archevêque anglican confie qu’ils partagent tous deux la conviction que « la paix et la réconciliation sont essentielles ».  « J’apprécie profondément mon amitié avec le pape François », souligne-t-il.

Évoquant la retraite spirituelle des dirigeants politiques du Soudan du Sud du Vatican en avril 2019, il confie que c’est « l’une des expériences les plus intenses » de sa vie et qu’un voyage avec le pape au Soudan du Sud « reste un espoir concret ». « J’espère que, lorsqu’il sera possible à nouveau de voyager, explique le primat anglican, le processus de paix au Soudan du Sud aura bien progressé afin que nous puissions nous y rendre pour le célébrer, et encourager l’approfondissement de la paix et la croissance de la société. »

En concluant son interview, Justin Welby dit que le pape François lui a demandé de se souvenir des « trois P : prière, paix et pauvreté ». « J’espère que notre amitié se poursuivra afin que ces trois éléments puissent continuer à nous unir, dit l’archevêque : la prière réciproque l’un pour l’autre et pour le monde, un engagement à la fois pour la paix et la réconciliation et pour essayer d’améliorer la vie des pauvres. »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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