Card. Erdö © IEC / Budapest

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« Quelqu’un veille sur nous ! », affirme le cardinal hongrois Peter Erdő

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L’invité du podcast du Congrès eucharistique international

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« Quelqu’un veille sur nous ! », affirme le cardinal hongrois Peter Erdő, archevêque d’Esztergom-Budapest et primat de la Hongrie depuis 2003, en tant qu’invité du podcast du Congrès eucharistique international.

Il a entre autres évoqué la colère provoquée par l’assassinat des victimes innocentes du terrorisme, des effets des fausses nouvelles et de la peur expérimentée dans son enfance.

Le Congrès eucharistique international devait avoir lieu en septembre de cette année à Budapest, en Hongrie, mais il a dû être reporté en septembre 2021 à cause de la pandémie de Covid-19.

À la demande du cardinal Erdő, les conférenciers et témoins du congrès – issus de 11 pays des cinq continents – sont intervenus dans des messages vidéo diffusés sur la chaîne YouTube du congrès. La pré-rencontre en ligne a eu lieu du 13 au 20 septembre 2020.

Légitime défense

Le cardinal rappelle que « l’enseignement de Jésus sur l’amour des ennemis nous montre que même quand nous nous défendons, nous devons garder une certaine mesure » : c’est ce que nous dit « l’enseignement traditionnel de l’Église sur la légitime défense ».

La théologie morale traditionnelle, poursuit-il, énumère les valeurs comme la vie, la santé, les biens d’importance vitale qui peuvent être attaqués, mais dont nous avons le droit de défendre, même en utilisant la force. Pour expliquer quels sont ces « biens d’importance vitale », le cardinal reprend l’exemple cité par son ancien professeur du lycée piariste : en 1945, des milices parcouraient les rues, et les miliciens utilisaient leurs armes pour forcer les gens à se déshabiller et à donner leurs vêtements chauds. Ceux qui ne pouvaient pas se défendre étaient morts de froid. Donc, un manteau d’hiver est devenu un bien d’importance vitale dans ce cas-là, explique le cardinal.

Les « martyrs » de Nice

Interviewé peu de temps après une attaque terroriste à Nice, le cardinal Erdő affirme que « les catholiques tués à l’église de Nice peuvent être légitimement considérés comme des martyrs puisqu’ils ont été tués intentionnellement, par haine contre la foi ».

Il souligne l’importance de gérer la colère ressentie à cause de la mort des innocents : « Il est compréhensible qu’en voyant des victimes innocentes, les hommes se mettent en colère, dit le cardinal. La colère, un des péchés capitaux, n’est pas un péché en soi, mais un penchant dont naissent des péchés. La colère peut être la source de la violence, du meurtre, de la vengeance et de beaucoup d’autres choses avec lesquels nous ne pouvons pas être d’accord. »

« Quelqu’un veille sur nous ! »

« Quelqu’un veille sur nous ! », réagit le cardinal Erdő à la remarque que malgré les nombreuses difficultés, la pandémie a fait aussi naître de bonnes choses. Il raconte l’histoire qu’il a vécue comme un petit miracle. Il a reçu le message d’un prêtre hospitalisé dans un état grave à cause du coronavirus, et qui demandait un prêtre.

Dans ces cas, le cardinal contacte l’aumônerie des hôpitaux, mais même si un prêtre volontaire se présente, il y a un grand risque qu’il tombe malade et qu’il transmette la contamination à d’autres. Quand le cardinal a téléphoné au service compétent, il a appris qu’un jeune prêtre qui avait déjà guéri de cette maladie s’est proposé pour visiter ceux qui se battent contre le virus.

Le cardinal appartient à une génération dont les membres ont déjà fait face à une pandémie dans leur enfance : « Il y a quelque chose en commun dans les évènements d’autrefois et d’aujourd’hui », note-t-il. Il se souvient qu’il était interdit aux enfants de sortir dans la rue pendant les vacances d’été et qu’il avait passé cette quarantaine dans le jardin de sa grand-mère.

Vouloir le vrai bien de l’humanité

À la question s’il a des peurs, le cardinal se souvient encore de son enfance où il craignait que les meubles ou les vêtements dans la chambre sombre fussent des êtres ou des animaux bizarres : « Quand on ne comprend pas ce qu’on expérimente, on a facilement peur. » Il pense que la méfiance profonde enracinée dans les personnes pendant cette dernière décennie – surtout à cause de fausses nouvelles et des informations contradictoires propagées par les médias – est un problème encore plus grave que la peur.

Le cardinal Erdő explique aussi que certaines expressions qui ont une grande valeur pour les chrétiens se sont vidées ou se sont compromises dans l’utilisation quotidienne. Il parle de l’amour, qui est une notion centrale, en prenant comme exemple la personne dépendant d’alcool ou de drogue. Celui qui l’aime, dit le cardinal, n’est pas celui qui satisfait tous ses désirs pendant qu’il voit comment elle se détruit elle-même. « Ce ne soient pas seulement nos désirs qui nous disent ce qui est bon pour nous », souligne le cardinal. L’amour, c’est vouloir le vrai bien de l’homme.

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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