Le p. Maccalli et Nicola Chiacchio, capture @ Avvenire

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Libération du p. Pierluigi Maccalli : «Résister pour exister!»

« L’homélie du pape François a été une bouffée d’oxygène »

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« Résister pour exister ! Telle est la devise qui m’a accompagné et donné du courage pour aller de l’avant jour après jour », a déclaré le p. Pierluigi Maccalli, missionnaire de la Société des Missions africaines. « Je me suis toujours senti missionnaire même avec les pieds enchaînés », a-t-il ajouté.

Enlevé le 17 septembre 2018 et libéré le 9 octobre dernier, en même temps que Sophie Pétronin, un autre italien, Nicola Chiacchio, et l’otage malien, Soumaïla Cissé, le prêtre est rentré à Madignano, après une journée passée à Rome à la Maison généralice de sa congrégation. Il a été interviewé par l’agence vaticane Fides qui publie cet entretien traduit de l’italien en français ce jeudi 15 octobre 2020.

Pendant sa captivité, le p. Maccalli se sentait « missionnaire du plus profond » de son « cœur » : « Mon corps était prisonnier des dunes de sable, dit-il, mais mon esprit allait dans les villages que je nommais dans ma prière et je répétais aussi les noms de mes collaborateurs et de tant de personnes et de jeunes que je porte dans mon cœur, en particulier les enfants dénutris et malades dont je me suis occupé ».

Sa perception du travail du missionnaire a changé : « Je me suis rendu compte que la mission ne consiste pas seulement à faire, mais qu’elle est silence et fondamentalement Missio Dei, explique le prêtre. L’activisme forcené qui caractérisait mes journées maintenant n’est autre que souvenir et prière. Cependant la mission continue et elle est toujours entre de bonnes mains, celles de Dieu. C’est la Missio Dei. » « Les témoignages de personnes, amis et inconnus qui ont participé aux veillées de prière, aux marches et à tout le reste pour implorer ma libération …me confirment combien la Missio Dei est puissante », ajoute-t-il.

Durant ces longs mois dans le désert, son « seul soutien a été la prière simple du matin et du soir » et « le chapelet comme prière contemplative ». « Le désert a été un temps de grand silence, de purification, de retour aux origines et à l’essentiel, avoue le missionnaire. Il a constitué une opportunité pour revoir le film de ma vie qui entre désormais dans le troisième âge. »

Les questions qu’il posait à lui-même et à Dieu ont été « nombreuses » : « J’ai crié avec fougue et plainte vers Dieu : où es-Tu ? Pourquoi m’as-Tu abandonné ? Jusqu’à quand Seigneur ? Je savais et je sais que Lui existe mais je sais que Dieu peut être vu de dos. Maintenant que je suis libre, revenu chez moi, je commence à comprendre. »

Vie de prêtre

Dans son entretien, le p. Maccalli a raconté sa vie de prêtre en captivité : « Chaque jour et en particulier chaque dimanche, je récitais les paroles de la Consécration ‘ceci est Mon corps livré’, pain rompu pour le monde et pour l’Afrique en particulier ! Dans la prière du matin, je priais un hymne français ‘un jour nouveau commence, un jour reçu de toi … nous le remettons d’avance entre tes mains tel qu’il sera…’ et en achevant j’ajoutais : ‘je n’ai pas d’autre offrande que l’offrande de ma vie ! ‘ »

Le missionnaire a demandé d’avoir une Bible, mais cela ne lui a pas été accordé : « Chaque dimanche, poursuit-il, je m’attribuais un passage de l’Évangile à méditer, en particulier durant les temps forts de l’Avent et de Noël et du Carême et de Pâques. »

À partir du 20 mai dernier, il a pu écouter une petite radio à ondes courtes : « Une fois, j’ai pu aussi écouter la Messe en direct, le jour de la Pentecôte 2020. Ce matin-là, raconte-t-il, j’approche l’oreille et je règle mieux la radio et je me retrouve au début de la Messe de Pentecôte en communion avec le pape, l’Église et le monde. Je me dis : ‘Aujourd’hui, je suis dans la Basilique Saint-Pierre de Rome et en même temps en mission en Afrique. »

« L’homélie du pape François a été une bouffée d’oxygène, affirme le missionnaire. Après deux ans d’aridité spirituelle et d’absence de la Parole de Dieu, je me sens renaître et accueille ce don comme un souffle de l’Esprit Saint qui a voulu pousser les ondes radio jusque dans le Sahara. L’Évangile et les paroles du Pape, je les ai goûtées comme jamais auparavant. Ils avaient une saveur et un goût spécial dans ce contexte. »

Prières pour ses ravisseurs

« Je n’ai pas de rancœur envers mes ravisseurs ni mes geôliers, affirme P. Maccalli : j’ai prié pour eux et je continue à le faire. »

Le prêtre dit d’avoir « encore beaucoup de tristesse pour ces jeunes, endoctrinés par des vidéos de propagande qu’ils écoutent toute la journée »: « Ils ne savent pas ce qu’ils font ! »

La plupart de temps, le missionnaire a été « respecté » par ses ravisseurs. « Une seule fois il a « reçu expressément une menace, la promesse d’un moudjahid, que je me retrouverai avec une balle dans le front à la première occasion ». « Ce jour-là, dit le prêtre, j’ai vu une épée de Damoclès pendre menaçante au-dessus de ma tête. Cependant, plus les jours et les mois passaient et moins je craignais une conclusion tragique. Nous constituions une marchandise précieuse pour eux et c’est pour cela qu’ils nous ont toujours bien traité dans l’ensemble. »

« L’avenir appartient à Dieu »

Le p. Maccalli n’a pas encore de projets précis pour l’avenir : « Ces deux ans ont été une école de présent, dit-il. Je désirais que cela finisse rapidement. À chaque coucher de soleil, je disais : espérons demain… Puis, au lever du soleil, je reprenais mon chapelet et je continuais à rythmer ma journée par les gestes quotidiens jour après jour. »

« L’avenir appartient à Dieu, poursuit-il. Maintenant, je profite du retour à la maison. Voilà mon présent ! L’avenir proche consiste à rencontrer les confrères de Gênes et de Padoue que je n’ai pas encore embrassé physiquement et puis les monastères cloîtrés qui ont prié inlassablement pour moi et des visites aux nombreux amis en Italie et ailleurs. L’avenir sera ce que Dieu voudra ! »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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